Balade autour des îles de Kornati en Croatie : un labyrinthe marin à ciel ouvert

Un parc naturel spectaculaire
Créé en 1980, le parc national des Kornati protège une zone de plus de 220 km2, dont près des deux tiers sont maritimes. L’archipel est réputé pour son aspect minéral et dépouillé : à première vue, ce ne sont que des îles arides, brûlées par le soleil, couvertes de rocailles calcaires où la végétation se fait rare. Pourtant, derrière cette apparente austérité, les Kornati cachent une grande richesse naturelle et culturelle.
Les îles sont restées inhabitées en permanence depuis des siècles, mais elles portent les traces de nombreuses occupations : vestiges d’enceintes romaines, ruines d’habitations médiévales, églises isolées et citernes collectant l’eau de pluie témoignent d’une longue histoire humaine. Les paysans et bergers de Murter, l’île la plus proche, venaient cultiver les oliveraies et faire paître leurs troupeaux. Les murs de pierre sèche qui sillonnent encore le paysage sont autant de cicatrices d’un passé laborieux.
L’appel de la mer
L’expérience la plus marquante reste celle vécue depuis la mer. En bateau, l’archipel apparaît comme une mosaïque d’îlots aux contours irréguliers, certains à peine émergés de l’eau, d’autres dominés par des falaises impressionnantes. Les falaises de l’île de Mana, hautes de plus de 80 mètres, plongent brutalement dans la mer. Le spectacle au coucher du soleil est saisissant : les roches se teintent d’orange et de rouge, contrastant avec l’azur intense de l’Adriatique.
Les Kornati sont aussi un paradis pour les amateurs de plongée et de snorkeling. Les fonds marins abritent une biodiversité remarquable : éponges colorées, gorgones, bancs de sars et de dorades, murènes dissimulées dans les anfractuosités. Les eaux transparentes permettent de profiter d’une visibilité idéale. Avec un peu de chance, des dauphins croisent dans ces parages, offrant aux navigateurs des moments inoubliables.
Pour les plaisanciers, plusieurs baies protégées servent de mouillage, mais le parc impose une réglementation stricte pour préserver ses écosystèmes : il faut payer un droit d’entrée, et certaines zones sont interdites à la navigation ou à la pêche.
Randonnées et panoramas
Mettre pied à terre permet de découvrir une autre facette des Kornati. L’île de Kornat, la plus grande, offre des sentiers de randonnée où le silence est seulement troublé par le vent et les cris des goélands. Monter jusqu’aux crêtes donne une vue panoramique sur une mer parsemée de minuscules taches blanches, comme si un artiste avait jeté des éclats de pierre dans l’Adriatique.
Les randonneurs peuvent aussi découvrir des chapelles comme celle de Gospa od Tarca, un lieu de pèlerinage toujours honoré chaque année en juillet. Marcher le long des anciens murets de pierre sèche, héritage du labeur des bergers, permet de sentir le lien étroit entre l’homme et cette terre aride. Ces murs, construits sans mortier, dessinent un maillage complexe qui raconte des siècles d’agriculture pastorale.
Goûts et escales
Malgré leur aspect désertique, les Kornati réservent des surprises culinaires. Quelques tavernes, appelées konobas, ouvrent pendant la saison estivale pour accueillir les visiteurs. Elles ne sont accessibles que par bateau et fonctionnent souvent sans électricité ni routes. On y déguste du poisson fraîchement pêché, du poulpe préparé sous cloche de fonte (peka), de l’agneau rôti et des vins croates aux saveurs méditerranéennes. S’arrêter dans une de ces auberges est une expérience unique : l’impression d’être au bout du monde, avec pour seuls horizons la mer et les îles désertes.
Une faune discrète mais précieuse
Si la végétation est clairsemée, l’archipel abrite une faune discrète mais intéressante. Les oiseaux marins y trouvent refuge, notamment les faucons d’Éléonore et les cormorans huppés. L’absence de pollution et de constructions modernes favorise une biodiversité intacte. Dans les fonds marins, plus de 350 espèces végétales et animales sont recensées, ce qui fait du parc un lieu privilégié pour les biologistes et les plongeurs.
Quand et comment visiter ?
La meilleure période pour découvrir les Kornati s’étend de mai à septembre. Au printemps, la végétation se couvre de touches de vert et de fleurs, ce qui adoucit le paysage minéral. En été, la chaleur est intense, mais la mer invite aux baignades. L’automne est plus calme, idéal pour les randonneurs.
Depuis Zadar, Sibenik ou Biograd, de nombreuses excursions à la journée proposent un itinéraire combinant navigation, arrêts baignade et randonnée. Pour les plaisanciers, il est possible de louer un voilier ou un catamaran pour sillonner l’archipel à son rythme. Les droits d’entrée au parc sont obligatoires et varient selon la taille du bateau.
Explorer les Kornati, c’est entrer dans un univers où la mer et la pierre se répondent dans une harmonie brute. Ici, tout est silence et lumière, tout semble figé et pourtant tout vit : le vent dans les falaises, les reflets de l’eau, la trace d’un dauphin au large. Une parenthèse rare, loin des plages bondées et des stations animées, qui dévoile la Croatie sous un visage minéral et marin, à la fois austère et fascinant.
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