
Deux ans après les premières Assises environnementales de la course au large, la Fédération Française de Voile (FFVoile) a de nouveau rassemblé, mardi 21 octobre, près d’une centaine d’acteurs du secteur au Havre, en marge de la Transat Café l’Or Le Havre Normandie. Objectif : partager les avancées depuis 2022, dresser un état des lieux des initiatives engagées et définir ensemble les prochaines étapes d’une transition écologique déjà bien amorcée.
Une mobilisation collective sans précédent
Autour des représentants des équipes, chantiers, organisateurs de courses, sponsors, classes et institutions, les échanges ont mis en évidence un constat partagé : l’urgence environnementale impose désormais une approche collective, coordonnée et mesurable. L’après-midi a débuté par la présentation d’une étude inédite menée auprès de plusieurs partenaires déjà engagés, révélant l’attente croissante des marques quant à la durabilité du sport et la transparence des engagements pris.
Julien Fernandez, chef de la mission du nautisme et de la plaisance au Ministère de la Mer, a salué « la diversité très riche » des initiatives : « Beaucoup d’acteurs, coureurs, organisateurs de courses ou membres d’équipes sont aujourd’hui venus témoigner de tout ce qui se fait de façon concrète pour réduire l’impact environnemental de la course au large. En tant que représentant de l’État, j’y ai trouvé beaucoup d’inspiration pour nos propres politiques. »
Skippers, fédération et organisateurs : même cap
Coureurs et dirigeants partagent le même constat : la voile, sport mécanique par essence, doit accélérer sa mutation. « Il y a une volonté commune de pouvoir faire quelque chose », a souligné le skipper Damien Seguin. « Nous utilisons des technologies parfois polluantes. C’est un sport magnifique, mais nous devons réfléchir différemment. Nous n’avons plus le choix. »
Du côté de la classe IMOCA, son président Antoine Mermod a insisté sur la richesse des échanges :
« J’ai vu un océan de solutions plutôt qu’une vision pessimiste de notre sport. Nous avons les moyens, les ingénieurs, les équipes, les sponsors : à nous de faire progresser la technologie vers un avenir plus vertueux. » Même vision partagée par Jean Marre, administrateur de la classe Mini, pour qui « l’action collective est désormais indispensable » : « Beaucoup innovent, mais parfois seuls. En partageant et en imposant des règles communes, nous serons plus forts. En Mini, nous avons suspendu la construction de nouveaux bateaux de série dans une démarche concertée : c’est une manière concrète de montrer que nous pouvons agir. » Enfin, Gildas Gautier, co-directeur de la Transat Café l’Or, a rappelé que l’événement lui-même se veut exemplaire : « Nous avons pris le virage très tôt avec un programme de réduction des impacts environnementaux. Aujourd’hui, notre rôle est aussi de valoriser les initiatives inspirantes des teams et d’accompagner les visiteurs dans une démarche écoresponsable. »
Trois grands axes de travail pour 2026
À l’issue des ateliers, trois thématiques prioritaires ont été dégagées pour structurer la suite des travaux :
- Réduire l’impact environnemental des bateaux sur toute leur durée de vie, de la conception au recyclage ;
- Faire rayonner durablement la course au large en partageant ses valeurs et ses engagements auprès du grand public ;
- Renforcer le rôle des skippers comme ambassadeurs de l’océan, capables d’incarner un message écologique fort.
Ces axes donneront lieu à la création de groupes de travail opérationnels chargés d’élaborer des projets concrets et finançables. Leurs conclusions seront présentées lors du prochain rendez-vous Course au Large 2030, prévu en mars 2026, qui marquera une nouvelle étape dans la structuration de la transition environnementale du secteur.
"Aligner la discipline sur les accords de Paris"
En clôture, Jean-Luc Denéchau, président de la Fédération Française de Voile, a rappelé la ligne directrice :
« L’objectif est d’aligner la discipline sur les accords de Paris et les limites planétaires. Après les premières Assises, il fallait donner suite, écouter nos partenaires et définir un cadre commun. Ce que je retiens aujourd’hui, c’est la volonté de tous d’avancer ensemble. Il faudra parfois réguler, mais c’est aussi notre rôle de fédérer pour que notre sport reste exemplaire face aux défis climatiques. »
Cette journée au Havre a ainsi marqué un tournant : la course au large, longtemps vitrine technologique et sportive, s’impose désormais comme un laboratoire d’innovations durables, unissant tous les acteurs autour d’un même cap - celui d’une voile responsable, consciente et engagée pour l’avenir de l’océan.