Transat Café L’Or : bizuths et marins aguerris unis dans l’apprentissage du large
Tous présents, tous contents, ou presque, les skippers semblaient enfin avoir trouvé un peu de répit après 48h intenses pour ce début de course. Entre les Class40 filant vers La Corogne et les multicoques déjà au nord de l’Afrique, revue d’effectifs chez les bizuths de cette 17e édition.
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Des bizuths assidus
Les sourires se devinent derrière les voix claires et distinctes des marins lors de la vacation de la mi-journée. A bord de Airvance Océlian Terélian, Théa Khelif, qui court sa première TRANSAT CAFÉ L’OR Le Havre Normandie, en profite ! Alors que le premier gros coup de vent au large de Cherbourg "un peu stressant" reste dans un coin de tête, l’équipage "a préféré partir en retrait pour se laisser la possibilité de manœuvrer correctement". "On essaie de reprendre des forces, poursuit Thea, dormir, manger, ce qu’on n'a pas beaucoup fait les 48 premières heures." Et malgré un J2 déchiré, la positive attitude est de mise "la course prend juste un autre angle."
Autre sourire, celui d’Aina Bauza, l’Espagnole issue de la bourse Cap pour Elles, à bord de ENGIE - Dessine-moi la high-tech avec Axelle Pillain, se voit déjà très bien à La Corogne "pour bien manger avant de partir sur l’Atlantique." L’émotion "incroyable" du départ a laissé place rapidement à la course avec une énergie décuplée leur permettant de bien se placer ."On avance petit à petit, le bateau se comporte bien, pas de casse et on est très contentes du classement. On est en train de gagner quelques places avant La Corogne."
Les frères Livory, font eux aussi partie des bizuths sur cette Route du café. Si le bateau n’a pas souffert, l’équipage d’Interaction a toutefois été ralenti dans sa course. "On ne comprenait pas pourquoi on n'avançait pas, raconte Yannig Livory. On regardait partout, on n'avait rien, et en fait, au petit matin, dans les vagues, on a vu un truc très très loin : une énorme bouée, un pare-battage géant qui nous ralentissait."
Plus au sud, un autre "bizuth", non pas de la course mais de la classe IMOCA, Nicolas d’Estais, a retrouvé son humour après quelques heures mouvementées, surtout pour les estomacs. "Je souffre pas mal d’habitude mais là j'ai été gâté." plaisante le skipper de Café Joyeux. Quant à son co-skipper Simon, "il ne se plaint jamais, quand il n'est pas content il mange du chocolat." Et le sucre semble le meilleur ami du duo alors qu’ils savourent (avec quelques barres chocolatées) le calme retrouvé dans la dorsale. "Le seul truc qui nous fait défaut, concède Nicolas, c'est l’anémomètre... parce qu’il n'y a pas de vent."
L’art du rebond
On ne le répétera jamais assez, rien n’est acquis dans la course au large. Yoann Richomme et Corentin Horeau en ont fait l’amère expérience le jour du départ. Le duo qui faisait partie des favoris a dû revenir au Havre pour de grosses réparations. "Au moment où ça tape, je sais qu'il y a déjà des camions qui sont en train de prendre la route pour Lorient, d'autres qui sont encore au Havre, raconte Yoann. Je me dis que le meilleur moyen d'activer toute l’équipe le plus rapidement possible, c'est d’envoyer un message à tout le monde. J'ai renoncé à tous les protocoles de gestion de crise habituels !" Branle-bas de combat pour remettre Paprec Arkéa sur ses foils, moins de 24 heures plus tard, le duo repart. Reste à oublier ce mauvais épisode. "Ce n’est effectivement pas évident de se remettre dans la course. On sait qu'on rattrapera probablement jamais les premiers. Malgré tout, il y a des places à remonter, il y a de l'expérience à se faire, relativise Yoann. "Notre objectif, c'est de retrouver la compétition à peu près au Canaries. On espère que ça va ralentir fortement à l’avant de la flotte au niveau des Canaries et qu'on arrivera à resserrer un peu l'écart et après essayer de jouer sur la fin de parcours." Rebondir et repartir plus fort, à deux, c’est aussi ça l’apprentissage et la transmission d’expérience sur cette course, pour, à défaut d’être sur le podium, "faire quelque chose de joli de cette TRANSAT CAFÉ L’OR."
Une philosophie partagée par Armel Le Clea’h : "ce n’était pas facile de s’arrêter et de laisser les autres partir avec des conditions de vent plutôt favorables devant", avoue le skipper du Maxi Banque Populaire XI. "Les portes se ferment juste derrière mais on va essayer de trouver le meilleur chemin pour les rejoindre. L’idée c’est d’y aller étape par étape, d’avancer jour après jour. La route est encore longue jusqu’en Martinique."
Retrouver ses marques, ses automatismes et la confiance en soi, que l’on soit bizut ou expert des transatlantiques, c’est un peu "remettre le cavalier sur le cheval.", comme le résume très bien Arnaud Vasseur (Mon bonnet rose).
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