Transat Café L’Or : trois nuits d’enfer pour les Class40, IMOCA et ULTIM

Par Le Figaro Nautisme
carte de la course Transat Café L\'Or

Trois nuits de mer, et déjà le ton est donné sur la Transat Café L’Or 2025. Entre stratégie météo, gestion de l’effort et premières réparations, la flotte s’étire et les organismes accusent le coup dans des conditions parfois extrêmes.

Certains en ont fait une chanson alors que la majorité, à terre, a arrêté d’y penser. Trois nuits par semaine, ça suffit peut-être pour faire une chanson mais ce n'est même pas le milieu de semaine et le weekend est encore bien loin. En mer en revanche, ces considérations semblent si loin, tant les éléments aiment se jouer de notre perception du temps. Quelques heures à bord peuvent déjà faire perdre les repères des plus terriens d’entre nous. Quid des marins de la TRANSAT CAFÉ L’OR Le Havre Normandie qui n’ont pas chômé depuis le top départ dimanche ?

« Ça fait une éternité que ça a commencé »

Pour eux, tout s’est accéléré et tout s’est bousculé depuis le top départ. La suite, ce sont les circonstances de course, les coups durs, les coups de vent, les pépins qui dictent leurs lois et leur propre tempo. C’est ce que confie Thomas Lurton (Ose ta victoire, Class40) : « nous, on a perdu pas mal de plume suite à la casse de notre J2 dans la Manche. Forcément, quand tu descends, remonte une voile, tu passes un sale quart d’heure ». Alors qu’il a dépassé dans la nuit la pointe bretonne avec son coskipper, Sacha Vandenbrouck, Thomas assure : « on ne voit pas passer le temps quand on enchaîne les galères et qu’on les résout. Mais c’est vrai qu’on a l’impression que ça fait une éternité que la course a commencé ! »

La situation du bord n’y est pas étrangère : Ose ta victoire fait partie des Class40 en queue de peloton qui auront donc à affronter les prémices de la forte dépression qui oblige la flotte à s’arrêter à La Corogne. C’est aussi le cas pour Innovad.group - XLG, qui progresse un peu plus loin, même si Caroline Dieu ne veut pas se formaliser : « si on n’arrive pas à La Corogne, on pourra toujours se protéger vers Gijón ». Elle qui dispute la course avec son mari, Jérôme Délire, reconnaît que le début de course a « été très difficile » à cause de la casse de leur rail de grand-voile.

Pour le sommeil, à deux c’est mieux

Pourtant, pour le couple qui a fait un tour du monde ensemble et qui ne s’est jamais vraiment éloigné de la mer, il en faut bien plus pour être abattu. « Même s’il faut composer avec le mal de mer, le rapport au temps est habituel : on n’a ni l’impression d’être là depuis un mois, ni depuis 24 heures ! » Pour les skippers en Class40, la perspective d’un arrêt à La Corogne change tout, à la fois pour préserver les bateaux mais aussi pour recharger les batteries. « Au final, c’est comme si on faisait une petite étape de trois à quatre jours », reconnaît Nicolas Guibal (Esatco) qui espère arriver en Galice jeudi matin. « C’est vrai que plus la course avance, moins on a conscience de quel jour on est, ajoute Jean-Yves Aglae (Martinique Horizon).

Pour les autres, il faut tenir bon en mer et s’adapter à la répétition des efforts. Mais en IMOCA, Ocean Fifty et ULTIM, la majorité des skippers étant professionnels, tous sont habitués à ces cadences infernales imposées par le large. Et pour tenir le coup, le fait d’évoluer en double est une aubaine. C’est ce qu’explique Romain Attanasio (Fortinet - Best Western), associé à Maxime Sorel : « en début de course, tu es toujours un peu cueilli à froid mais à deux, ça permet de tout mieux gérer ». Il évoque cette écoute tombée dans l’eau ce matin : « tout seul, ça te prend 15 minutes pour ralentir le bateau, aller dehors, la récupérer. Là, ça a pris une minute ».

S’épauler pour s’économiser et se préserver : c’est tout l’enjeu de la TRANSAT CAFÉ L’OR. Et cela est d’autant plus agréable que les skippers peuvent vraiment se reposer quand ils s’allongent dans la bannette. « On se relaie toutes les deux heures, poursuit Romain. Ce ne sont pas des tranches de 6 à 8 heures quand même mais ça reste moins fatiguant qu’en solitaire ! » Damien Seguin, habitué au solitaire et actuellement en course à bord de Solidaire en Peloton avec Thibaut Vauchel-Camus, évoque l’importance du binôme dans la gestion de la fatigue. « On se fait confiance l’un et l’autre et c’est un vrai atout. Quand tu sais que le copain veille sur les réglages et la bonne marche du bateau, tu peux dormir sereinement ».

Si cela permet de bien se reposer et donc d’être en forme quand débute son quart, le rapport au temps reste fortement impacté. « C’est sûr qu’on n’a pas du tout le rythme d’un terrien avec la différence entre le jour et la nuit et les horaires de sommeil classiques, poursuit Damien. On vient de passer notre quatrième nuit en mer et je pourrais presque dire qu’on est parti hier ! » À bord de l’IMOCA MSIG Europe avec Conrad Colman, l’ultra-trailer Mathieu Blanchard a une autre perception : « vu mon état de fatigue, j’ai l’impression qu’on est parti depuis bien plus longtemps. C’est comme si ça faisait dix jours qu’on était au large ! » Difficile d’imaginer la perception dans quelques jours quand tous franchiront l’arrivée. De quoi rappeler qu’une transatlantique, surtout en course, est tout sauf un long fleuve tranquille...

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...
Irwin Sonigo
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Capitaine 200 et ancien embarqué dans la Marine nationale, Irwin Sonigo a exploré toutes les facettes de la navigation. Des premiers bords sur un cotre aurique de 1932 à la grande plaisance sur la Côte d’Azur, en passant par les catamarans de Polynésie, les voiliers des Antilles ou plusieurs transatlantiques, il a tout expérimenté. Il participe à la construction d’Open 60 en Nouvelle-Zélande et embarque comme boat pilote lors de la 32e America’s Cup. Aujourd’hui, il met cette riche expérience au service de Figaro Nautisme, où il signe des essais et reportages ancrés dans le réel.