
La plupart des plaisanciers, un jour ou l’autre, sont tombés à l’eau. Même si ce n’est pas glorieux, ceux à qui c’est arrivé et qui s’en sont sortis sans dommage n’en gardent pas toujours un mauvais souvenir : déjà, c’est une histoire à raconter... Les marins ne sont pas tous des taiseux. On rencontre beaucoup de conteurs dans les ports. C’est justement dans les ports qu’on tombe à l’eau le plus souvent. Quand on est bien détendu et que l’attention se relâche. Quand on n’est pas bien réveillé au petit matin ou quasi-endormi tard dans la nuit et qu’on rejoint le bateau principal en annexe. On tombe à l’eau, on barbotte parce que c’est difficile de nager tout habillé, on agrippe le bout ou la bouée lancée par un équipier. On remonte à bord et s’il n’y a pas de bobo, c’est presque drôle. Mais en tombant à l’eau on peut être saisi par le froid, et c’est l’hydrocution. Il arrive aussi que l’on ne s’aperçoive pas tout de suite de la chute d’un homme à la mer. En perdant l’équilibre, on peut se prendre un coup et une blessure s’ajoute au risque de noyade ou d’hypothermie. Il est fréquent que l’homme à la mer n’arrive pas à nager parce qu’il en a perdu l’habitude et qu’il est engoncé par des vêtements mouillés et handicapé par des bottes qui le condamnent s’il ne porte pas de gilet de sauvetage.
Les statistiques des assureurs révèlent que le métier de marin-pêcheur est le plus dangereux devant celui d’élagueur. Plus d’un tiers des accidents mortels chez les professionnels de la mer sont dus à une chute à l’eau. La plaisance n’est pas considérée comme une activité dangereuse comme l’alpinisme ou le moto-cross, mais c’est quand même une activité à risques et la quasi-totalité des accidents mortels ont pour cause la noyade ou l’hypothermie. 
Il convient donc déjà de faire en sorte que personne ne passe par-dessus bord. On ne répétera jamais assez que sur un bateau on doit y penser tout le temps.
Si malgré les précautions un équipier tombe à l’eau, il faut que chacun sache quoi faire. C’est au chef de bord de diriger la manœuvre et c’est lui qui donne les instructions pour récupérer au plus vite le naufragé.
Les chutes à l’eau se produisent quand il n’y a pas de danger ou quand il y a un danger extrême. Autrement dit, l’accident se produit quand l’attention se relâche ou alors quand les éléments sont trop forts et qu’on ne peut pas pu y résister.
En situation de danger disons ordinaire -mer agitée, proximité d’écueils dans un chenal ou à l’approche d’un port, plan d’eau encombré au départ d’une course au large- les accidents ne se produisent pas autant qu’on pourrait le craindre parce que chacun redouble de prudence. Ce qu’on devrait faire tout le temps.
En situation de danger extrême -coup de vent violent imprévu, foudre, trombe d’eau, collision avec un OFNI, attaque par des orques, incendie à bord- il convient autant et aussi vite que possible, de limiter les conséquences de l’évènement.
Quand on ne voit pas le danger
Quand il n’y a pas de danger, on ne porte pas de gilet de sauvetage, on va soulager sa vessie au grand air sur la plage arrière du bateau. Combien de corps ont été retrouvés la braguette ouverte... Quand il n’y a pas de danger, on frôle les récifs et la plupart du temps, ça passe. Quand il n’y a pas de danger, on saute du bateau dans l’annexe ou d’un bateau à l’autre ou sur le quai...
Les chutes à la mer se produisent souvent :
- des annexes, au petit matin, mal réveillé, ou tard dans la nuit, un peu éméché, quand on rejoint le bateau principal ; on ne saute pas dans une annexe, faut-il le répéter, mais on y pose le pied, au milieu si possible ;
- dans le port ou au bord des plages parce qu’on est bien détendu et qu’on chahute ; sauf exception, c’est sans conséquence, mais il y a des exceptions ;
- à l’approche d’un quai et surtout dans les écluses, parce qu’on tient bon l’anneau ou l’aussière d’amarrage et qu’on ne veut pas lâcher alors que le bateau a de l’erre ou déborde à cause du vent, du courant ou d’une vague imprévue ; il faut savoir lâcher sans craindre de se l’entendre reprocher. Mieux vaut perdre une gaffe que de tomber à l’eau, surtout entre le quai et le bateau.

Quand les éléments sont irrésistibles
Les chutes à la mer se produisent aussi parce que les éléments sont imprévus et violents. Le bateau chavire, est drossé sur les écueils, se prend une vague scélérate ou entre en collision avec un OFNI. Le risque d’incendie existe aussi et impose dans ces cas que les occupants du bateau se mettent à l’eau. Le radeau de survie doit être jeté à l’eau sans tergiverser et la sangle qui déclenche le gonflage du boudin doit être amarrée au bateau qu’on va devoir quitter. Quand tout l’équipage est installé dans le radeau en question, on coupe la sangle mais on reste autant que possible à proximité de l’épave sauf si elle présente un danger. Le bateau sera plus repérable que le radeau de survie.
La première chose à faire, dans tous les cas, est de prévenir les secours sur le canal 16 de la VHF ou le 196 par téléphone. Il faut rester en contact et rappeler quand toutes les personnes sont en sécurité. Le chef de bord bien sûr, mais aussi les autres équipiers et même passagers doivent être en mesure de donner la position du bateau dès l’apparition du danger. Les CROSS préfèrent communiquer par téléphone quand c’est possible, pour dégager les fréquences.
L’équipement
Chaque marin, occasionnel ou chevronné, doit déjà, dès qu’il s’apprête à mettre le pied sur une embarcation, s’équiper d’un gilet de sauvetage. On ne le dira jamais assez, on ne le criera jamais assez, on ne l’écrira jamais assez. Dans bien des pays, le port du gilet est obligatoire. En France, il est recommandé, ce qui n’est pas la même chose. Sur un bateau de pêche, il est obligatoire de nuit et en action de pêche. L’ordre du chef de bord qui impose à chaque personne embarquée le port du gilet doit être exécuté sans discuter quand bien même on considère que les conditions ne l’imposent pas. Il est évident qu’on rechigne moins à enfiler un gilet automatique qu’une grosse brassière orange... La différence de confort entre une brassière classique et un gilet automatique justifie bien la différence de prix.
Les harnais sont obligatoires à bord. Qu’on ne s’en équipe pas, d’accord, à moins d’être seul à bord. Au moins qu’on sache où les trouver quand le temps forcit. 
On disait que les marins n’aimaient pas l’eau. Du moins qu’ils n’aimaient pas se baigner. Ce qui est assez curieux, c’est que les organismes de prévention des accidents n’évoquent guère le sujet. On pourrait admettre aussi que l’administration assortisse la délivrance des permis côtier ou hauturier à un examen de natation. Or, celui qui tombe à l’eau a plus de chances de s’en tirer s’il sait nager et plus encore s’il nage régulièrement. C’est tellement évident que ceux qui ne nagent jamais devraient dès l’embarquement se munir de leur gilet. Les bons nageurs ne sont pas exempts : essayez un jour pour voir de nager tout habillé et de remonter dans un bateau... Les bottes sont responsables de tant de noyades qu’elles devraient être proscrites à bord. Si on y tient, il vaut mieux les choisir un peu grandes. Il sera plus facile de s’en débarrasser au besoin et après tout, comme dit la chanson, les bottes sont faites pour marcher et sur un bateau, on marche très peu.  Aux bottes de caoutchouc, préférez les bottillons en néoprène. Ce sont de petits détails comme ça qui font d’aucuns s’en sont tirés et d’autres se sont noyés.
Autre détail : il faut acquérir la manie de regarder ce qu’on ferait si on tombait à l’eau, que ce soit dans un port ou à proximité de la côte. Repérer dans le port où sont les échelles ou s’il y a à proximité un bateau dans lequel il est facile de remonter. En mer, observer le sens du courant et évaluer la distance des rochers ou de la plage non pas les plus proches, mais les plus accessibles. On peut le faire comme un jeu : « Tu ferais quoi, là tout de suite, si tu tombais à l’eau ? Si le bateau coulait ? » N’en faites pas des cauchemars quand même !

Que faire ?
Tant que le bateau n’a pas coulé, il ne faut pas s’en éloigner. Il faut même rester dessus, sauf en cas d’incendie. Ce n’est pas parce qu’on est bon nageur qu’il faut essayer de rejoindre la côte quand on est tombé à l’eau, à moins que la distance soit très courte ou qu’on soit porté par le courant. Dans tous les autres cas, il faut rester accroché à l’embarcation ou à un objet flottant ; en sorte déjà d’être plus repérable par les secours ; en sorte aussi de mettre hors de l’eau la plus grande partie possible du corps pour être le moins possible exposé au froid. Il ne faut pas se contenter de s’accrocher à une coque retournée, il faut s’y hisser.  L’hypothermie fait bien plus de victimes que la noyade.
Aussi, et même par beau temps, quand on va relever des palangres, des filets ou des casiers, quand on fait de la voile sportive du kayak ou de la navigation sur une petite vedette, il est prudent de s’équiper d’un shorty en néoprène. La durée de survie dans l’eau à 17° est inférieure à trois heures. Les données sont bien différentes quand on est bien équipé contre le froid. Si vous ne supportez pas la combinaison, gardez au moins une cagoule en néoprène à portée de main. Si vous tombez à l’eau, vous la mettrez sur votre tête qui est l’organe le plus exposé au froid.
A moins que la température de l’eau ne soit à 30°, dans l’échange thermique entre la mer et votre corps, c’est la mer qui gagne et consomme vos calories. Le corps se refroidit et tombe en léthargie à partir de 31° puis en phase comateuse. Les vaisseaux sanguins se contractent, le cœur ralentit, les muscles sont tétanisés. La suite dépend des secours et aussi de la volonté de rester en vie.
Quand un homme tombe à l’eau, la première chose à faire et ça ne prend qu’une seconde, c’est d’appuyer sur le bouton MOB (Man outboard) du GPS. Il faut aussitôt lancer un objet flottant auquel il pourra s’accrocher et que vous pourrez repérer. La bouée fer à cheval est faite pour ça. Il va sans dire qu’il faut l’avoir sous la main tout le temps. La manœuvre « un homme à la mer » est enseignée dans les bateaux-écoles et le jour de l’examen, on y a droit. Sur un bateau à voile, cette manœuvre n’est pas toujours facile, aussi la première chose à faire quand se produit l’évènement est de mettre en marche le moteur et d’affaler les voiles. Sur un bateau à moteur, il faut revenir le plus vite possible dans le sillage et se rappeler dans quel sens le bateau vire le plus facilement. Cela dépend du pas de l’hélice et de l’effet de couple. Se le rappeler, c’est gagner de précieuses secondes. Sur un bimoteur, la manœuvre de l’homme à la mer est un peu particulière mais bien plus rapide : il faut stopper, mettre la barre à 0, faire demi-tour sur place un moteur en avant, un moteur en arrière et faire route inverse. Suivre le sillage et la trace sur le GPS dont tous les bateaux aujourd’hui sont équipés. Chaque équipier doit être informé de son utilisation et de son utilité. Il est souhaitable et assez amusant de s’exercer de temps en temps à la manœuvre « un homme à la mer », d’autant qu’il faut la faire vite. 
Enfin, on ne le répétera jamais assez, quand une personne tombe à l’eau, on prévient les secours car même si on la récupère vite, il se peut qu’elle ait besoin de soins. Si vraiment quand chacun est en sécurité les secours sont inutiles, il est toujours temps de prévenir le CROSS qui transmettra la bonne nouvelle et libérera ainsi les équipages de la zone qui auraient commencé à se dérouter.
 
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