Transat Café L’Or : la Martinique se prépare à accueillir les leaders, la course s’emballe à tous les niveaux

Par Le Figaro Nautisme
carte de la course Transat Café L\'Or

La Martinique avance à grands pas pour les multicoques attendus jeudi à Fort de France. La TRANSAT CAFE L’OR Le Havre Normandie rentre dans son money time avec les ULTIM qui volent à plus de 30 noeuds de moyenne en parallèle des côtes sud américaines. Les Ocean Fifty déboulent, presqu’à mi-chemin entre le Cap Vert et les Antilles en dessous d’une zone de vents faibles que vont devoir négocier dans les prochaines 48 heures les IMOCA. Pas de changement de leader dans ces trois classes mais beaucoup d’intensité. Fatigués, les équipages qui ont déjà une semaine de course dans les bottes, peuvent se consoler en pensant aux Class40 pour qui le bonheur est dans le près. Un près plus ou moins ouvert d’ailleurs selon les stratégies des uns et des autres. La prime va ce matin aux concurrents positionnés les plus au Nord, qui tirent sur la barre pour aller se coltiner le plus vite possible un front à franchir dans la journée.

ULTIM : Dix pour cents

Les jours se suivent et ne se ressemblent pas en ULTIM. Avant hier, on sentait SVR Lazartigue menacé par Sodebo. Hier, c’est Sodebo qui voyait revenir sur ses talons Actual Ultim 4. Ce matin, la hiérarchie reste la même mais avec des écarts qui ont très sensiblement augmenté. Chaque gain au Sud après le Pot au Noir offrant plus de brise, l’élastique s’est tendu. Franck Cammas ne s’en excuse pas mais reconnait « ne rien avoir fait de spécial ! » « Le Pot s’est refermé derrière nous continue l’aixois. Sodebo a été un peu rattrapé, Actual est encore sous son influence et je ne parle pas de Banque Populaire...C’était un Pot au Noir un peu spécial. On dit que c’est risqué de passer dans l’Est du 28ème, on était tous dans une zone à risque, eux un peu plus que nous...»

SVR Lazartigue n’a donc pas attendu de dérouler son grand gennaker au passage des petits îlots de San Pedro et San Paolo, enroulés à l’heure de l’apéritif hier soir, mais a creusé l’écart au près avant la dernière marque de parcours, doublant son avance en une journée. De 80 milles en sortie de Pot au Noir, elle se portait à 173 au passage des îles et culmine maintenant à 185 (315 sur Actual), le plus gros écart enregistré depuis Le Havre.

Sachant qu’il reste moins de 1800 milles, il faudrait donc que Sodebo soit au moins 10% plus rapide sur le dernier tronçon vers Fort de France pour espérer contester le leadership de SVR Lazartigue. Pas simple car aux dires de Franck Cammas, c’est une navigation sur le fil du rasoir qui démarre: « Avec 400 m2 de J0 en l’air dans 15-20 noeuds de vent, on essaie de border au max et on est toujours à la limite de la tranche. Tu ne peux pas t’endormir sur le siège de pilotage, c’est sur Tu as deux trois réglages entre les mains, l’autre qui dort et la responsabilité du bateau. C’est un exercice d’équilibre, et il faut continuer à vivre, se reposer, s’alimenter...»

Dans cet univers de tension permanente, les deux leaders ont quand même trouvé le temps de faire un peu de drone hier au passage des îles ! Cette nuit, la montée de la lune qui grossit et sera presque pleine à l’arrivée sur Fort de France jeudi était bienvenue pour piloter au portant. Et dans 24 heures, SVR Lazartigue repassera déjà le Pot au Noir, « dans une zone très ouest qui préserve normalement des gros grains même si ça peut se lever très vite » dit Franck.

Dans l’habitacle confiné de SVR Lazartigue, les marins se concentrent sur le moment présent, pour ne pas faire d’erreur et maintenir leur matelas, de plus en plus significatif au fur et à mesure que les milles défilent.

IMOCA : Sur la tangente

Qui arrêtera Charal pouvait-on se poser la question hier, tant le plan Manuard semblait supérieur au portant dans l’alizé ? On a une partie de la réponse ce matin. Positionné plus Ouest mais aussi plus Nord que ses concurrents, Charal est venu buter dans ce que Jérémie Beyou appelle « une dorsale » et qui en fait un front qui se désagrège et vient perturber l’alizé. Peu importe la sémantique, l’IMOCA noir est venu se frotter le premier à cette barrière et a du empanner pour se recaler, perdant un tiers de son avance sur ses poursuivants Macif Santé Prévoyance et 11th Hour Racing qui avaient effectué la manoeuvre un peu plus tôt, conservant le vent établi plus longtemps. A propos d’Eleventh Hour d’ailleurs, on a appris que Francesca Clapcich et Will Harris avaient effectué dimanche après-midi leur pénalité de 30 minutes suite à la rupture du plomb de leur radeau de survie. Rageant pour le double mixte, leader aux Canaries mais qui reste sur le podium.

Les dernières 24 heures n’ont pas été de tout repos pour personne comme l’expliquait ce matin Jérémie Beyou à la vacation : « C’est l’inconvénient d’être devant dans ce genre de situation. Le vent a adonné plus que prévu, il a fallu changer de voiles, manoeuvrer pas mal. Ça fait 20 heures qu’on a lâché les quarts avec Morgan qui vient juste d’aller à la bannette ».

Le petit jeu des décalages dans le Sud qui va durer au moins 36 heures puisqu’il faut descendre encore d’environ 200 milles en latitude pour retrouver une alimentation correcte de l’alizé. « Le vent très Nord ce matin facilite un eu les choses dit Jérémie. On est toujours tenté de couper le fromage mais il faut aller dans l’Ouest avec des pincettes ! »

Les cinq premiers se tiennent encore en 100 milles et tout reste possible dans ce groupe alors qu’il reste encore 2000 milles à couvrir pour les IMOCA qui ne sont pas attendus avant le week-end. Plus loin dans la flotte, Café Joyeux et Fives Group lantana Environnement continuent de se livrer une belle bagarre pour le classement officieux des IMOCA à dérive et s’apprêtent à voir passer par leur travers Paprec Arkea. Treizième ce matin, le tandem Ricomme-Horeau qui est revenu au Havre en début de course peut tout à fait espérer se glisser dans le top ten d’ici l’arrivée.

Ocean Fifty : Recalages, recadrages

Cinq concurrents en moins de 60 milles à 1500 milles de l’arrivée, la course est belle chez les Ocean Fifty. Fidèle à sa stratégie, Edenred tient le coup et a vu ses poursuivants commencer à se recaler derrière lui, venant chercher dans le Sud qu’avait inversti dès le Cap Vert Manu Le Roch et Basile Bourgnon, un alizé plus consistant. C’est une bonne nouvelle pour le leader et Manu Le Roch ne cachait pas son soulagement à la vacation ce matin : « On est moins stressé. Les autres sont sur la même trajectoire que nous et on voit depuis hier qu’à conditions égales, on est au moins aussi rapide ». Bref, c’est à Viabilis Oceans, Solidaires en Peloton ou encore Le Rire Medecin Lamotte de provoquer leur chance. Que peuvent-ils faire ? « Appuyer plus sur le champignon, ce n’est pas facile car on est déjà tous au taquet. Ils peuvent se décaler dans notre Sud pour récupérer plus de vent sans doute ...».Voilà le conseil du matin d’Edenred à la concurrence ! Mais qui voudra lâcher sa position dans le petit groupe de poursuivants et prendre un risque qui pourrait coûter très cher au classement final ?

Les cerveaux doivent bouillir dans les cockpits des Ocean Fifty qui commencent à subir des conditions étouffantes par 15 degrés de latitude. « C’est difficile de dormir la nuit à l’intérieur quand le moteur charge confirme Manu Le Roch. « Hier, on a pris une douche en allant se tremper à l’avant pour se rincer ensuite à l’eau douce qui est comptée. On essaie de se protéger comme on peu du soleil, mais toute la matinée sous la véranda, c’est dur ! »

Class40 : Tous au front !

Le vent a pris un cran pour les Class40 qui progressent vers l’Ouest à bonne vitesse dans un vent de Sud d’environ 20 noeuds ce matin. Leader de la flotte au Nord, Seafrigo Sogestran n’était pas joignable et c’est son dauphin au classement qui commentait la situation. « Ça commence à secouer ! Le jour se lève, il fait gris et la mer est encore maniable et on avance à bonne vitesse » disait Corentin Douguet sur SNSM faites un don. Le vent va continuer à forcir au fil de la journée et à refuser, passant au Sud-Ouest. « On saura assez clairement les intentions de chacun après le front que l’on devrait passer la nuit prochaine. L’important pour nous à l’instant T, c’est de profiter de ces conditions de reachning propices à notre bateau pour accélérer et générer de l’écart ».

Des écarts pour l’instant assez faibles puisque les 10 premiers se tiennent encore en 15 milles, alors que la flotte s’étale déjà sur plus de 75 milles du Nord au Sud entre Andrea Fornaro- Alessandro Torresani (Influence 2) et Vincent Riou-Yann Doffin ( Pierreval-Fondation Good planet)

Les plus rapides sont en ce moment le groupe médian dans un jeu de placements où les leaders s’observent.

Une chose est sûre, les cirés vont rester de rigueur toute la semaine pour les Class40 qui vont faire du près, du reaching et négocier les bascules un bon moment avant de pouvoir ouvrir les voiles et glisser vers la Martinique. Avec le retour en course de Rêve à Perte de Vue-Qwanza, ce sont 40 Class40 qui progressent vers l’Ouest ce matin. Pour ces 80 marins, il est bien trop tôt pour parler d’ETA !

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...
Irwin Sonigo
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Capitaine 200 et ancien embarqué dans la Marine nationale, Irwin Sonigo a exploré toutes les facettes de la navigation. Des premiers bords sur un cotre aurique de 1932 à la grande plaisance sur la Côte d’Azur, en passant par les catamarans de Polynésie, les voiliers des Antilles ou plusieurs transatlantiques, il a tout expérimenté. Il participe à la construction d’Open 60 en Nouvelle-Zélande et embarque comme boat pilote lors de la 32e America’s Cup. Aujourd’hui, il met cette riche expérience au service de Figaro Nautisme, où il signe des essais et reportages ancrés dans le réel.