
Le navigateur espère arriver samedi à Saint-Anne, en Martinique, à l’issue d’un aller-retour sur l’Atlantique à la rame en 5 mois.
« Le bateau est nickel. Tout ce qui n’est pas essentiel est cassé, le reste est en parfait état ! assure Charles Hedrich. En même temps, pour une navigation à la rame, il suffit d’un bateau qui flotte et de deux rames. » Le ton est malicieux, résolument optimiste. Le navigateur espère débarquer sur le sable blanc des plages de Sainte-Anne, samedi en fin de matinée. Il doit donc gérer les aléas de la navigation à la rame pour respecter son objectif, en temps et en lieu. « Depuis hier, j’ai cessé de ramer car je vais un peu vite. Je suis à pratiquement 2 nœuds sans rien faire. Je vais peut-être sortir l’ancre flottante pendant quelques heures pour ralentir », explique le navigateur qui a connu des pointes de vitesse à 6 ou 7 nœuds lors de quelques surfs. Il doit également prendre en compte les courants océaniques et bientôt côtiers. « Je me suis aperçu que les fichiers météo étaient extrêmement précis pour les vents mais beaucoup moins fiables pour les courants », note-t-il. Son bateau est également délesté de 180 kilos de nourriture par rapport au départ.
Seul au milieu de l’océan
« Depuis le Cap Vert, je n’ai croisé que quatre bateaux en tout et pour tout, explique Charles Hedrich. Et je suis un fanatique des alarmes. Je calcule la distance visuelle pour chaque embarcation qui approche et ensuite je règle les alarmes toutes les 10 voire 5 minutes pour faire le guet et essayer de repérer le bateau. Rien de mieux que mes yeux pour la surveillance. » L’aventurier, ancien officier de la marine marchande, se méfie de l’AIS (positions des navires en temps réel). « C’est un faux ami. D’abord parce que tous les bateaux n’ont pas l’AIS et ensuite parce que les signaux peuvent être trompeurs, détaille-t-il. Avant-hier, j’ai croisé un énorme porte-conteneurs et je n’avais qu’un tout petit signal. Et lorsque j’ai croisé un catamaran de croisière, je ne voyais pas son signal alors qu’il m’assurait à la VHF, la radio maritime, que son AIS était en marche. » Charles Hedrich préfère faire confiance au radar. « Même si on n’identifie pas ce qu’il y a en face, le radar nous alerte quand il repère un écho et donc un obstacle sur notre route. »
Des compagnons de route insolites
Au début de son périple, Charles Hedrich a croisé beaucoup de petits oiseaux blancs qui essayaient de s’attaquer à son antenne. Puis il a navigué pendant près de deux jours en compagnie d’une sorte de petit moineau. « Il n’avait pas l’air bien alors je le croyais blessé mais il s’est finalement envolé comme si de rien n’était. En plus des dauphins, j’ai croisé ce qui ressemblait à un ananas et qui s’est révélé être une tortue géante. Elle m’a tranquillement regardé passer. » Depuis deux à trois jours, ce sont les oiseaux et les poissons des Antilles qui viennent l’accueillir. « Je réalise que j’approche de la terre car je croise des oiseaux des caraïbes et en filmant sous l’eau, j’ai observé une daurade coryphène d’au moins 1 mètre 30, avec une robe jaune à vert fluo », rapporte Charles Hedrich.
Prochaine destination : les glaces du Pôle nord
« Lors de cet aller-retour sur l’Atlantique, j’ai réalisé que je n’étais pas assez préparé, avoue le navigateur. Je m’étais très bien entraîné physiquement mais je manquais de pratique sur mon bateau après une seule descente de la Seine. Pour ma prochaine expédition en Arctique, je vais m’entraîner dès le mois de février ou mars. Avec mon partenaire, nous irons au Nord de la Norvège ou en Russie. » Charles Hedrich a profité de son aller-retour sur l’Atlantique pour préparer cette expédition, il la présentera au Salon Nautique le samedi 8 décembre, sur le stand de la Charente Maritime.
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