
Ce lundi, un équipage de neuf personnes prendra la mer sur un catamaran de 18 mètres à partir de la Martinique. Direction le 7e continent, gigantesques zones où s'accumulent les déchets plastique au milieu de l'océan. Cinq principaux tourbillons ont été repérés sur les océans Pacifique et Atlantique.
Patrick Deixonne, le chef du projet, a pris la mesure de cette pollution de plastiques lors d'une course en solitaire en aviron en 2009. Il a ensuite mis en place une première expédition dans le Pacifique l'an dernier. "On a vu que ce 7e continent existait bien", lance l'ancien sapeur pompier de Guyane. Le départ de cette deuxième expédition est prévu ce lundi en Martinique. "Comme cette fois, on sait ce qu'on va trouver, on va essayer de mettre en place des choses qui n'ont jamais été faites pour étudier ce phénomène", ajoute-t-il. L'expédition durera trois semaines. Elle est organisée en partenariat avec le Cnes (l'agence spatiale française), l'ESA (l'agence spatiale européenne), le CNRS, et l'institution scientifique Mercator Ocean. Des millions de tonnes de déchets venus des côtes et des fleuves flottent dans les cinq principaux gyres -- gigantesques tourbillons formés d'un ensemble de courants marins-- répartis dans tous les océans, la force centripète aspirant lentement les détritus vers le centre. Le coeur du gyre de l'Atlantique Nord se situe dans la mer des Sargasses.
La soupe plastique
Patrick Deixonne souhaite explorer les cinq gyres. Après cette expédition 2014 dans l'Atlantique Nord, il complètera donc son étude avec l'Atlantique Sud en 2015. L'explorateur souhaite cartographier les zones polluées en utilisant des systèmes radar.
L'équipe va également chercher à améliorer la connaissance des courants de surface grâce à des bouées dérivantes, mieux caractériser les milieux où les plastiques se concentrent, grâce à une bouée qui transmettra des données par satellite, et analyser les polluants dans les premières mètres de la colonne d'eau ou dans les grands poissons.
"Ce ne sont pas des déchets collés les uns aux autres, ils sont très dispersés, mais on en rencontre en quantités assez impressionnantes", relate Patrick Deixonne. "Ensuite, quand on récolte le plancton, on découvre la soupe plastique. Tout ce plastique qui s'est fragmenté et qui se ballade entre deux eaux". Ce plastique vient essentiellement "de notre consommation de terriens", explique-t-il. "On jette notre gobelet plastique où le vent l'emporte, il va tomber dans le caniveau, qui va se jeter dans une rivière ou un fleuve, et enfin dans l'océan", sans parler des décharges en bord de mer et des déchets accidentels, comme lors du tsunami au Japon.
Une étude publiée en 2012 montre que la concentration de microplastiques a été multipliée par 100 dans le Pacifique Nord en quelques décennies, au risque de déséquilibrer l'ensemble de l'écosystème de l'océan.
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