
Six mois après les premières tempêtes de fin décembre, ouvertures d’une série dévastatrice, les plages du Sud-Ouest reprennent leur souffle. De la côte basque à l’île de Ré, les sites meurtris ont réussi leur cicatrisation à temps pour l’arrivée des estivants mais les souvenirs de Dirk, Petra, Hercule, Christine et Brigitte restent vivaces.
A Biarritz, les vagues étaient entrés jusque dans les salles du Casino et le trait de côte a reculé de 10 à 20 mètres sur plusieurs points de la côte sableuse. Un recul naturel mais particulièrement impressionnant après l’hiver dernier. Les travaux sur les plages de Lacanau, pendant les trois mois de travaux, ont ainsi coûté 2.8 millions d’euros selon le maire, Laurent Peyrondet. L’élu compte sur le « réengraissement naturel » de l’été et espère le retour d’au moins deux mètres de sable. Sur l'île de Ré, 21 chantiers ont été ouverts, pour deux millions d'euros. "Surtout du sable, des enrochements, pour reconstituer et fixer les dunes qui avaient reculé", parfois de 15 m comme à La Couarde, explique Lionel Quillet, président de la Communauté de communes de l'île. Or, au village de La Couarde, "la dune est le dernier obstacle avant la catastrophe". A l'échelle du littoral aquitain, 7,2 millions d'euros de ces travaux "d'urgence" ont été engagés, l'Etat en assumant 30%.
Avenir incertain
Mais au-delà des réparations d’urgence, les communes se posent la question de l’érosion à long terme. «Les gens nous voient faire des travaux, se disent "ma foi, on est sauvés", remarque Laurent Peyrondet. Mais on sait très bien que dans 40 ans, notre plage centrale n'existera plus. Il faut se préparer à relocaliser, peut-être défendre, mais il faut que ça rentre dans l'esprit des gens: l'érosion n'est pas un vain mot. » Il envisage différents scénarios, allant d'une "défense dure" du front de mer, qui sacrifierait la plage, à des "relocalisations" (avec dune laissée plus ou moins sauvage). Lacanau est l’un des sites-clefs pour les "stratégies littoral" échafaudées à l'horizon 2040 sous l'égide du Groupement d’intérêt public (GIP) Littoral Aquitain. Au final, ce sont sans doute les coûts induits dans ces hypothèses de repli - pour Lacanau, des chiffres initiaux supérieurs à 300 millions d'euros circulent - qui décideront, ou dissuaderont.