
C’est une niche qui se porte bien et dont la croissance étonne, alors que l’industrie nautique française dans son ensemble peine à sortir de la crise.Et c'est une niche où les Français sont rois.
Une quinzaine de constructeurs français et étrangers se sont installés au Salon nautique de Cannes, le premier rendez-vous de la saison, et au Grand Pavois, qui ferme ses portes ce lundi à 19 heures. Leur espace réservé est dynamique avec des prospects qui échangent sur le nombre de cabines pour leur prochain achat, des sportifs qui offrent leur expérience technique et des constructeurs qui observent très attentivement leurs concurrents. Si 2008 avait vu un coup d’arrêt, « aujourd’hui nous sommes au-dessus des chiffres d’avant la crise », a ainsi assuré Joël Janijon, directeur marketing de Lagoon, la marque de catamarans du groupe Bénéteau-Jeanneau qui produit 250 à 300 unités produites par an sur deux sites, en Vendée et à Bordeaux. « Depuis 2008, le marché du multicoque a toujours été en croissance de 2 à 3% en moyenne annuelle et aujourd’hui il retrouve une croissance à deux chiffres », appuie Bruno Voisard, dirigeant du chantier Nautitech basé à Rochefort, en Charente-Maritime. Nautitech produit 35 unités de 40 à 54 pieds (12 à 16 mètres) pour un chiffre d’affaires de huit millions d’euros. Et 80% de ce chiffre d’affaires est lié à l’exportation. En effet, le multicoque habitable, à partir de 9 mètres, est une niche où les Français sont rois. « Dans le monde entier, il se fabrique moins d’un millier de multicoques habitables, dont près de la moitié en France, a ainsi expliqué Bruno Voisard à nos confrères de l’AFP, en insistant sur la dimension de niche de son secteur. Seulement trois constructeurs au monde produisent plus de 100 unités par an et on est un constructeur important à partir d’une vingtaine d’unités. »
Une niche qui se développe au rythme des charters
Le multicoque n’est pas un modèle qui attire les passionnés de voile, à la recherche de sensations de glisse. Mais le secteur a su attirer une clientèle différente, largement familiale et tournée vers la croisière. Joël Janijon assure ainsi que le catamaran « n’empiète pas forcément sur le marché du monocoque. » Mais le secteur bénéficie du renouvellement de flotte des sociétés de location qui privilégient désormais le multicoque. « Les agences de voyage sont demandeuses », confirme Nicolas Gardies, directeur général de Fountaine-Pajot, qui présente au Grand Pavois son dernier-né, le catamaran Saba 50. Les locataires de multicoques habitables apprécient la stabilité et le caractère spacieux des modèles. La location représente ainsi 30 à 50% des ventes de Fountaine-Pajot. Pour les particuliers, comptez 200.000 euros pour les premiers prix et de 400 à 500.000 euros en moyenne.
Et si le voilier multicoque est toujours une valeur sûre et attire de nouveaux clients pour ses qualités d’économie d’énergie, comme le remarque Nautitech, le moteur est le créneau de la rentrée 2014. Ainsi, Lagoon a présenté son premier Motor Yacht, le Lagoon 630 Motor Yacht, au Cannes Yachting Festival, et Fountaine-Pajot, spécialiste rochelais du catamaran de croisière, développe une gamme motorisée, différente des modèles esprit trawler qu’il présentait auparavant.