
Gréeur, mateloteur, auteur de plusieurs ouvrages sur les nouages mais également créateur de bijoux, Patrick Moreau est un peu tout cela à la fois. Passionné de voile et de cordages, le « Docteur La Ficelle » conjugue passion et métier à la perfection.
Partout où il installe son stand de nouage, Patrick Moreau attire de nombreux curieux. Grand maître des nœuds, le gréeur mateloteur sûrement le plus connu de France est à la fois un homme passionné et passionnant. Si au départ, rien ne le prédestinait à se tourner vers les nouages, à part peut-être sa passion pour la mer et les bateaux, l’homme que l’on surnomme affectueusement « Docteur La Ficelle » dans le milieu, conjugue aujourd’hui à la perfection métier et passion. « J’ai commencé comme professeur de français au collège mais très vite, je me suis rendu compte que la discipline de l’Éducation nationale n’était pas faite pour moi », nous confie-t-il. Moniteur d’équitation pendant dix ans, il décide ensuite de devenir commercial. « Je voulais acheter une maison, du coup, je suis devenu commercial. Je gagnais ma vie correctement », poursuit-il. Ce n’est que quelques années plus tard que sa vie bascule. « J’ai eu le déclic au début des années 1990 au moment de l’ouverture du Port Musée de Douarnenez. Il y a eu à ce moment-là un élan vers les bateaux de travail et les vieux gréements. Cela m’a vraiment fasciné et je suis rentré dans cette mouvance très rapidement, raconte-t-il. J’ai eu plusieurs bateaux donc je faisais déjà un peu de matelotage et de travail de cordage depuis l’âge de 16 ans, mais je n’étais jamais allé vraiment au fond des choses ». Après avoir rencontré plusieurs gréeurs, il se lance avec passion dans les nouages. « J’ai beaucoup lu sur les nouages et en particulier Le grand livre des nœuds de Clifford Ashley. Ce livre, sorti dans le milieu des années 1940, reste la référence aujourd’hui, poursuit-il. Ce qui me passionne avant tout, c’est l’esthétique des nœuds. Quand c’est bien fait, ça peut être très élégant. Et puis parallèlement à mon travail sur les vieux gréements, j’ai fait ma crise d’adolescence à 50 ans et je me suis dit qu’il était temps de faire quelque chose d’intelligent ».
Du matelotage aux bijoux
Si Patrick Moreau a décidé de faire des nouages son métier en se consacrant aux gréements de bateaux, il décline également sa passion dans un autre domaine : les bijoux. « Je fais du matelotage fonctionnel et utilitaire pour les voiliers mais j’ai également décidé de décliner en parallèle les nouages de manière esthétique et me suis mis à créer des bagues, des colliers et des bracelets avec des nœuds originaux, avance Patrick Moreau. J’ai beaucoup travaillé dessus avec certains de mes meilleurs élèves ». Une rencontre avec un bijoutier le pousse à décliner ses créations en métaux précieux ou semi-précieux. « J’ai rencontré un grand technicien de la bijouterie qui a travaillé pour ses maisons prestigieuses telles que Cartier ou Fred. Il m’a dit qu’on pouvait transformer mes bijoux en nouages en bijoux en plaqué or, en bronze ou en argent en durcissant les cordes avec une colle un peu particulière et en utilisant la technique de la cire perdue ». Il est en ce moment à Cannes pour partager sa passion et il régate sur l'eau à bord de Nin. « Le propriétaire de Nin ne sera pas là. Il m’a confié son bateau et m’a demandé de monter un équipage. Je fais tout le circuit, la plupart du temps sur des bateaux dont j’ai fait le gréement », indique Patrick Moreau. Une fois les régates terminées, c’est sur le lounge Panerai qu’il exercera son talent avec dextérité, devant les yeux de nombreux marins et invités. L’avenir ? Patrick Moreau voit le sien la tête dans les nouages. « Je suis en train de monter un site Internet avec mon fils pour vendre mes bijoux ».