
C'est une expérience de plongée unique, un voyage dans le temps géologique et les entrailles de la Terre. Andros en a fait sa spécialité : c'est ici, dans cette île des Bahamas, que l'on trouve la plus grande concentration de trous bleus au monde.
La plongée s'est développée professionnellement aux Bahamas sur l'île d'Andros, en 1960. Le Small Hope Bay Lodge (toujours en activité ) ouvrait alors ses portes aux plongeurs suffisamment audacieux pour s'enfoncer dans les « trous bleus » de l'île, ces dolines d'effondrement totalement noyées sous la surface de l'océan, s'ouvrant sur un monde de grottes, de tunnels, de labyrinthes… Plus qu'une plongée d'exploration, une aventure sous-marine au cœur de la Terre.
C'est un peu toujours le cas, même si les trous bleus d'Andros ont gagné en notoriété. L'île en compte près de 250, des trous bleus océaniques (« ocean blue holes ») et une cinquantaine de trous bleus terrestres (« inland blue holes »), peut-être les plus impressionnants. Sur cette île de forêt tropicale, de marais et de mangroves, qui affiche une densité de population de deux habitants au kilomètre carré, où l'on ne croise pas grand monde quittées les trois villes principales de Nicholls Town, Congo Town et Andros Town, on évolue « vers son trou » bloc sur le dos en pleine forêt dense ; une marche d'approche de quelques minutes ou plus qui vous fait déboucher sur une clairière, avec, en son centre, un trou d'eau circulaire, généralement sombre et peu engageant. Il faut aussi parfois oser le saut droit de deux à trois mètres pour s'immerger. Tout est ici atypique ; l'environnement, l'ambiance, l'architecture sous-marine, l'élément liquide même : plonger dans un trou bleu terrestre, c'est traverser plusieurs couches d'eau successives, eau douce, salée, chargée de sulfure d'hydrogène (issu de la décomposition de matières végétales), passer de l'eau cristalline au bleu puis au vert, trouble, opaque, et au noir absolu, avec des différences significatives de température.
À l’origine, des phénomènes karstiques
Les îles des Bahamas reposent sur un vaste plateau calcaire, épais de plusieurs kilomètres et vieux de millions d'années ; elles en sont la partie émergée. Les trous bleus se sont formés durant la période de dernière glaciation (de - 110 000 à - 11 000 ans environ) ; le niveau de l'océan était alors 130 m plus bas qu'à l'heure actuelle. Ils sont nés de l'érosion et de la dissolution des calcaires de surface, alors exposés à l'atmosphère, via la circulation des eaux de pluie dans les diverses fractures et cassures du plateau, créant de vastes cavités souterraines. Avec le temps, les plafonds de ces cavités se sont effondrés ; ces gouffres ont été par la suite noyés lors de la déglaciation (de - 21 000 à - 11 000 ans environ), avec l'élévation du niveau des mers tel qu'on le connaît aujourd'hui.
Le calcaire s'est parfois reprécipité sous forme de stalactites et stalagmites dans ces excavations, comme dans le Guardian Blue Hole, sans doute l'un des plus spectaculaires trous bleus terrestres d'Andros, avec son tunnel d'une centaine de mètres de longueur à explorer, paré de magnifiques stalactites. À peine un kilomètre plus au sud se trouve l'entrée de Little Frenchman : un trou bleu plus technique (pour plongeurs confirmés), dont on suppose qu'il fait partie du même système de ligne de faille que le Guardian, bien qu'aucune liaison n'ait été établie par des plongeurs entre les deux trous bleus. Stargate Blue Hole est également un incontournable, offrant de spectaculaires formations calcaires, concrétions, et jeux de lumière.
Dans le bleu de l'océan
Côté océan, la vision d'un trou bleu est surprenante, et tout aussi impressionnante. En surface le contraste des bleus est saisissant, entre le bleu marine des profondeurs et le bleu turquoise des récifs cerclant le trou. Sous l'eau, le système est le même : un puits d'une trentaine de mètres de diamètre, aux parois verticales, qui s'enfonce plus ou moins profondément dans l'océan (souvent à plus de cent mètres) et s'ouvre sur de vastes salles et cavernes ou conduit à un réseau dense de tunnels sous-marins. Certains sont parfois connectés entre eux et forment de véritables labyrinthes. L'Ocean Blue Hole, par exemple, s'ouvre à une douzaine de mètres sous la surface et descend jusqu'à quarante mètres, permettant de multiples explorations selon son niveau de plongée, parmi d'énormes blocs calcaires truffés de crevasses et de failles profondes, ou dans des tunnels pour les plongeurs les plus confirmés. Le Great Blue Hole, plus profond, accessible à partir d'une trentaine de mètres, est relié à un trou bleu terrestre et se visite en fonction des marées (notamment au moment du reflux, qui induit un apport d'eau sulfurée à l'eau de mer ; un difficile mélange, observable par la formation de deux couches d'eau bien distinctes).
Le plus profond se nomme Dean
Si l'île d'Andros affiche la plus forte concentration de trous bleus au monde, c'est à Long Island, située à quelque 300 km au sud-est, à cheval sur le tropique du Cancer, que l'on trouve le trou bleu océanique le plus profond, le Dean's Blue Hole : 202 m ! Il présente une ouverture relativement circulaire et un diamètre moyen de 76 m (diamètre d'une trentaine de mètres au départ, puis après 20 m d'une centaine). Le Trou bleu de Dean est un spot mondialement connu des plongeurs, comme des apnéistes (il a notamment servi de décor à de nombreux exploits sportifs en apnée : des tentatives de record du monde en poids constant, ou la réalisation du film « Free Fall »*).
D'autres îles des Bahamas offrent de superbes possibilités de plongée dans les trous bleus. Les plongeurs confirmés apprécieront Abaco, pour sa série de trous bleus terrestres, notamment Treasure Cay Blue Hole et Dan’s Cave. Les Exumas sont également bien pourvues. Elles répondront aux néophytes et à tous les curieux qui rêvent de vivre une telle expérience avec l'Angel Fish Blue Hole, un trou bleu océanique situé au large de George Town. L'entrée est à 9 m de profondeur et la plupart des passages à explorer à moins de 30 m. Certaines de ses grottes sont décorées de délicates stalactites et stalagmites. Ici, on ne perd jamais de vue la lumière du jour. Un site idéal pour une première approche de ce type de configuration.
Infos pratiques
L'archipel des Bahamas est l'un des seize royaumes du Commonwealth, fidèle à sa Reine Elisabeth II depuis son indépendance en 1973. Il accueille 5 millions de visiteurs par an, essentiellement des Américains, mais aussi depuis quelques années de plus en plus de voyageurs en provenance d'Europe, en particulier de France.
Accès
5 vols / semaine Paris (Bruxelles, Genève) - Nassau, via Londres (British Airways), sinon vols quotidiens via les Etats-Unis (Air France/Delta, American Airlines). Andros est à 50 km à l'ouest de Nassau (vol intérieur). Possibilités de séjours combinés Floride-Bahamas auprès de l'Office du tourisme.
Formalités
Passeport valable 6 mois après la date de retour, accompagné du billet de retour ou de continuation. En cas de transit via les Etats-Unis, se conformer aux formalités en vigueur dans le pays. Pas de vaccination exigée.
Climat
Tropical tempéré doux, les températures varient de 25°C à 32°C toute l’année. Une courte averse quotidienne rafraîchit agréablement les fins de journée ou les nuits. La température de l’eau varie de 24°C l’hiver à 29°C l’été.
Décalage horaire
Moins 6 heures toute l’année.
Monnaie
Dollar bahaméen (à parité avec le dollar US, les deux s'utilisent indifféremment).
Liaisons inter-îles
Elles sont nombreuses, par avion, ferry ou bateau courrier.
Electricité
110V, prises américaines (prévoir un adaptateur).
Plus d'informations sur : www.bahamas.fr
* Free Fall sur www.guillaumenery.fr/production.php