
L’évolution des matériaux
Jusqu’au début du XXe siècle, ils étaient réalisés à partir de fibres naturelles (noix de coco, coton, chanvre, etc.). Ces produits dont la fabrication était délicate, ont pratiquement tous disparu du marché du nautisme, y compris sur les bateaux de tradition. Ils sont remplacés par des produits synthétiques dont les plus courants sont le polyamide (Nylon), le polyester et le polypropylène. A ceux-ci viennent s’ajouter de nouvelles fibres comme l’aramide (Twaron, Technora, Kevlar), le polyéthylène (Dyneema, Spectra), le polyester (Vectran). Tous ces matériaux ont des caractéristiques différentes, par exemple, la résistance aux rayons UV est excellente pour le polyester et faible pour le polypropylène et l’aramide.

La fabrication : toujours les mêmes techniques
Les matériaux ont changé au fil du temps, mais les outils et les méthodes de fabrication ont peu évolué. Le tressage et le câblage sont toujours employés. Le tressage consiste à prendre des ensembles de fils (torons) et à les entrelacer entre eux. Ce qui les différencie sont le nombre de torons utilisés et l’aspect extérieur du cordage. Par exemple, pour une écoute où l’on recherche un toucher agréable, on prend des fils discontinus (aspect coton), pour les drisses des fils continus de grande longueur. Ce qui importe le plus dans un cordage ce n’est pas seulement son aspect extérieur mais sa composition interne. Là, plusieurs solutions sont retenues (tresse, double tresse, câblage, etc.). D’elles découlent l’utilisation. Pour les cordages de diamètre important, bien souvent, on a recours au câblage. Cela consiste à réaliser des torons de fils réunis par torsion qui sont ensuite assemblés dans le sens inverse de la torsion. Les cordages 3 torons utilisés pour les lignes de mouillage sont réalisés avec cette méthode.

Le bon cordage en fonction de l’utilisation
Le cordage universel n’existe pas, en effet, une drisse doit avoir un allongement minimum alors qu’une ligne de mouillage ou d’amarrage doit s’allonger pour amortir les coups de rappel.

Amarrage et mouillage
Pour l’amarrage et le mouillage, le cordage doit être souple et résistant. Le polyamide avec une élasticité qui peut atteindre 40 % avant rupture, qui a une bonne résistance à l’abrasion et une densité supérieure à 1 (il ne flotte pas), est bien adapté. Son point faible est sa perte de résistance dans le temps. Pour minimiser les inconvénients des lignes de mouillage 3 torons tels que la formation de coques tout en gardant la facilité d’épissure, la résistance et la souplesse, les fabricants ont développé de nouveaux cordages en polyamide. Parmi ceux-ci, nous pouvons citer le Squarline réalisé avec 8 torons. A noter qu’il peut s’épisser directement sur chaine et être utilisé directement sur le barbotin d’un guindeau. Pour l’amarrage, pour éviter l’utilisation d’amortisseurs de rappel, on peut se tourner vers une double tresse 24 fuseaux.
Le polyester a l’avantage sur le polyamide d’avoir une bonne tenue dans le temps mais a un allongement moindre suivant sa réalisation. Par exemple, la ligne de mouillage peut être réalisée avec une tresse 24 fuseaux (Flatline) et, pour l’amarrage dans les ports agités, avec une tresse creuse (Black Pearl) qui a un allongement important. Pour les ancres légères, il est recommandé de prendre un cordage plombé sur toute sa longueur.

Drisses et écoutes : un allongement minimum
Une drisse doit avoir un allongement minimum. Les plus courantes sur les bateaux de croisière sont réalisées avec une âme en fibre parallèle (polyester) recouverte d’une gaine tressée (polyester). Sur les bateaux de grande croisière ou de course, l’âme est en Technora tressée. Une écoute se doit d’être souple agréable en main et d’avoir une bonne tenue sur les winches et coinceurs. Le produit qui répond le mieux à ces critères est réalisé avec une gaine câblée 3 torons (polyester) recouverte d’une gaine tressée 24 fuseaux en polyester discontinue (aspect cotonneux).

La bonne utilisation et l’entretien
Sur un cordage, il faut éviter de faire des nœuds. Un nœud simple, suivant le matériau du cordage, fait perdre entre 35 et 50% de résistance, une épissure longue de 15 à 20%. Le polyester est le moins sensible aux nœuds (perte de 40 à 45%), sur les fibres telles que le Dyneema ou l’aramide elle est importante et peut atteindre 80% sur un nœud simple et 60% sur un nœud de chaise. Tous les points de passages des poulies et des réas occasionnent des frottements qui affaiblissent le cordage. On doit toujours choisir le parcours le plus court et avoir un bon fonctionnement des renvois (poulies, réas, etc.). Pour la longueur, trop longs, ils seront difficiles à lover, trop courts ils s’adaptent mal au winch et aux taquets. Il faut toujours mesurer la longueur dans les conditions extrêmes, par exemple, voiles débordées pour les écoutes et voile basse pour les drisses. Un cordage se charge de sel et de salissures. Pour les entretenir, il faut simplement les laver à l’eau douce avec un jet. Ne pas utiliser un nettoyeur haute pression voire une machine à laver sinon les fibres casseront.

Notre avis
Les cordages représentent un budget important sur un bateau, en particulier, sur un voilier où la longueur peut atteindre plus de 300 m sur un 12 mètres. Pour les garder le plus longtemps en bon état, il faut les entretenir en les lavant régulièrement à l’eau douce. Si vous remarquez une usure, par exemple la gaine extérieure attaquée, il faut le remplacer. Si vous êtes amené à changer les cordages, vous serez peut-être tenté par les nouvelles fabrications ou les fibres exotiques. C’est une bonne solution, en particulier pour l’amarrage et les lignes de mouillage (Squarline, Flatline). Il en est de même pour les drisses et les écoutes. Si vous optez pour des fibres exotiques, plus performantes (moins d’allongement) et plus résistantes à diamètre égal, il faut vérifier que vos coinceurs sont bien adaptés. Il en est de même les diamètres des renvois (réas, poulies). De plus en plus de vendeurs proposent des cordages qui ont l’apparence de ceux utilisés en marine, mais faute d’en connaître la composition, ils peuvent être mal adaptés. Un conseil prenez-les dans un magasin spécialisé. La majorité des accastilleurs donnent la provenance et les caractéristiques techniques des produits qu’ils proposent, c’est un gage de sécurité.