Le choix et la bonne utilisation des cordages

Equipements

Il n’existe pas de cordages universels. Ils doivent être choisis en fonction de l’utilisation à bord. L’arrivée de nouvelles fibres pour leur fabrication, largement utilisées sur les bateaux de course, offre aux plaisanciers de nouvelles possibilités.

Cordages à bord d'un croiseur ©Albert Brel
Il n’existe pas de cordages universels. Ils doivent être choisis en fonction de l’utilisation à bord. L’arrivée de nouvelles fibres pour leur fabrication, largement utilisées sur les bateaux de course, offre aux plaisanciers de nouvelles possibilités.

L’évolution des matériaux

Jusqu’au début du XXe siècle, ils étaient réalisés à partir de fibres naturelles (noix de coco, coton, chanvre, etc.). Ces produits dont la fabrication était délicate, ont pratiquement tous disparu du marché du nautisme, y compris sur les bateaux de tradition. Ils sont remplacés par des produits synthétiques dont les plus courants sont le polyamide (Nylon), le polyester et le polypropylène. A ceux-ci viennent s’ajouter de nouvelles fibres comme l’aramide (Twaron, Technora, Kevlar), le polyéthylène (Dyneema, Spectra), le polyester (Vectran). Tous ces matériaux ont des caractéristiques différentes, par exemple, la résistance aux rayons UV est excellente pour le polyester et faible pour le polypropylène et l’aramide.

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Cordages sur un bateau de régate© Albert Brel

La fabrication : toujours les mêmes techniques

Les matériaux ont changé au fil du temps, mais les outils et les méthodes de fabrication ont peu évolué. Le tressage et le câblage sont toujours employés. Le tressage consiste à prendre des ensembles de fils (torons) et à les entrelacer entre eux. Ce qui les différencie sont le nombre de torons utilisés et l’aspect extérieur du cordage. Par exemple, pour une écoute où l’on recherche un toucher agréable, on prend des fils discontinus (aspect coton), pour les drisses des fils continus de grande longueur. Ce qui importe le plus dans un cordage ce n’est pas seulement son aspect extérieur mais sa composition interne. Là, plusieurs solutions sont retenues (tresse, double tresse, câblage, etc.). D’elles découlent l’utilisation. Pour les cordages de diamètre important, bien souvent, on a recours au câblage. Cela consiste à réaliser des torons de fils réunis par torsion qui sont ensuite assemblés dans le sens inverse de la torsion. Les cordages 3 torons utilisés pour les lignes de mouillage sont réalisés avec cette méthode.

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Fabrication de cordages© Albert Brel

Le bon cordage en fonction de l’utilisation

Le cordage universel n’existe pas, en effet, une drisse doit avoir un allongement minimum alors qu’une ligne de mouillage ou d’amarrage doit s’allonger pour amortir les coups de rappel.

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Différents cordages© Albert Brel

Amarrage et mouillage

Pour l’amarrage et le mouillage, le cordage doit être souple et résistant. Le polyamide avec une élasticité qui peut atteindre 40 % avant rupture, qui a une bonne résistance à l’abrasion et une densité supérieure à 1 (il ne flotte pas), est bien adapté. Son point faible est sa perte de résistance dans le temps. Pour minimiser les inconvénients des lignes de mouillage 3 torons tels que la formation de coques tout en gardant la facilité d’épissure, la résistance et la souplesse, les fabricants ont développé de nouveaux cordages en polyamide. Parmi ceux-ci, nous pouvons citer le Squarline réalisé avec 8 torons. A noter qu’il peut s’épisser directement sur chaine et être utilisé directement sur le barbotin d’un guindeau. Pour l’amarrage, pour éviter l’utilisation d’amortisseurs de rappel, on peut se tourner vers une double tresse 24 fuseaux.  

Le polyester a l’avantage sur le polyamide d’avoir une bonne tenue dans le temps mais a un allongement moindre suivant sa réalisation. Par exemple, la ligne de mouillage peut être réalisée avec une tresse 24 fuseaux (Flatline) et, pour l’amarrage dans les ports agités, avec une tresse creuse (Black Pearl) qui a un allongement important. Pour les ancres légères, il est recommandé de prendre un cordage plombé sur toute sa longueur.  

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Les bloqueurs peuvent attaquer les cordages© Albert Brel

Drisses et écoutes : un allongement minimum

Une drisse doit avoir un allongement minimum. Les plus courantes sur les bateaux de croisière sont réalisées avec une âme en fibre parallèle (polyester) recouverte d’une gaine tressée (polyester). Sur les bateaux de grande croisière ou de course, l’âme est en Technora tressée. Une écoute se doit d’être souple agréable en main et d’avoir une bonne tenue sur les winches et coinceurs. Le produit qui répond le mieux à ces critères est réalisé avec une gaine câblée 3 torons (polyester) recouverte d’une gaine tressée 24 fuseaux en polyester discontinue (aspect cotonneux).

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Bien laver les cordages à l'eau douce© Albert Brel

La bonne utilisation et l’entretien

Sur un cordage, il faut éviter de faire des nœuds. Un nœud simple, suivant le matériau du cordage, fait perdre entre 35 et 50% de résistance, une épissure longue de 15 à 20%. Le polyester est le moins sensible aux nœuds (perte de 40 à 45%), sur les fibres telles que le Dyneema ou l’aramide elle est importante et peut atteindre 80% sur un nœud simple et 60% sur un nœud de chaise. Tous les points de passages des poulies et des réas occasionnent des frottements qui affaiblissent le cordage. On doit toujours choisir le parcours le plus court et avoir un bon fonctionnement des renvois (poulies, réas, etc.). Pour la longueur, trop longs, ils seront difficiles à lover, trop courts ils s’adaptent mal au winch et aux taquets. Il faut toujours mesurer la longueur dans les conditions extrêmes, par exemple, voiles débordées pour les écoutes et voile basse pour les drisses. Un cordage se charge de sel et de salissures. Pour les entretenir, il faut simplement les laver à l’eau douce avec un jet. Ne pas utiliser un nettoyeur haute pression voire une machine à laver sinon les fibres casseront.

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Respecter le bon diamètre de poulies en fonction du cordage© Albert Brel

Notre avis

Les cordages représentent un budget important sur un bateau, en particulier, sur un voilier où la longueur peut atteindre plus de 300 m sur un 12 mètres. Pour les garder le plus longtemps en bon état, il faut les entretenir en les lavant régulièrement à l’eau douce. Si vous remarquez une usure, par exemple la gaine extérieure attaquée, il faut le remplacer. Si vous êtes amené à changer les cordages, vous serez peut-être tenté par les nouvelles fabrications ou les fibres exotiques. C’est une bonne solution, en particulier pour l’amarrage et les lignes de mouillage (Squarline, Flatline). Il en est de même pour les drisses et les écoutes. Si vous optez pour des fibres exotiques, plus performantes (moins d’allongement) et plus résistantes à diamètre égal, il faut vérifier que vos coinceurs sont bien adaptés. Il en est de même les diamètres des renvois (réas, poulies). De plus en plus de vendeurs proposent des cordages qui ont l’apparence de ceux utilisés en marine, mais faute d’en connaître la composition, ils peuvent être mal adaptés. Un conseil prenez-les dans un magasin spécialisé. La majorité des accastilleurs donnent la provenance et les caractéristiques techniques des produits qu’ils proposent, c’est un gage de sécurité.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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