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Génois sur enrouleur, la polyvalence a ses limites
Le génois sur enrouleur, c’est la voile à tout faire par tous les temps. Dans les petits airs sa surface est intéressante, et dès que le vent apparent atteint 20 nœuds, réduire la toile est simple comme tirer sur le bout de l’enrouleur. Malheureusement, une fois enroulée, malgré les plus sophistiqués des systèmes de rattrapage de creux, la forme générale laisse toujours à désirer. Son volume trop important empêche de faire un près décent, pouvant rendre la navigation difficile si ce n’est dangereuse quand le vent monte. Pour en tirer le meilleur parti, une coupe triradiale et un tissu de très bonne qualité sont des alliés de choix. Mais pour vraiment performer, la seule solution est de l’utiliser en « tout ou rien », ce qui impliquera de remplacer le génois par une autre voile lorsque la brise sa venue.
Une trinquette pour aller loin
C’est donc là que la trinquette intervient et ce n’est pas un hasard si elle équipe tant de bateaux de circumnavigateurs. Bien plate, de faible recouvrement, avec un point d’écoute réhaussé par rapport au génois, c’est la voile de gros temps par excellente. Sur mousquetons et étai largable il y a encore quelques années, la trinquette se monte souvent aujourd’hui sur emmagasineur et s’enroule sur sa ralingue Kevlar anti-torsion. Sa mise en place peut être ardue si le vent est déjà monté, mais elle peut être aussi rangée le long du mât ou à plat pont, prête à hisser, sans pour autant gêner. Avec des systèmes de hook type Karver et de reprise de tension par le bas, l’école de la course au large fait le bonheur des amateurs de grande croisière. Elle peut aussi être montée sur un enrouleur fixe, la rendant disponible immédiatement lorsque l’on en a besoin, mais elle gênera alors le passage du génois dans les virements comme lors des empannages. Réalisée dans un tissu particulièrement solide, servie par de solides renforts, c’est une voile qui qui se doit d’être indestructible.
Bonheurs et limites du solent
Très répandu en multicoque, le solent auto-vireur a aussi quelques plans de pont monocoque sur lesquels Hanse l’a popularisé. C’est la voile qui vous accompagnera, entièrement déroulée, de 15 à 35 nœuds de vent apparent. De coupe relativement plate, compte tenu de son profil élancé et de sa polyvalence, le choix de tissu est similaire à celui de la grand-voile. Avec une coupe horizontale dacron la stabilité du profil n’est pas garantie. Un tissu type Hydranet associé à une coupe triradiale offriront une bien meilleure longévité. Si la perfection de la membrane est tentante, le surcoût reste important et la polyvalence de cette voile ne nécessite pas forcément l’investissement dans un tel degré de précision. La facilité de virement est bien sûr le point fort du solent, tout comme sa bonne tolérance aux vents forts. En revanche, si ces dernières années, les mâts ont eu tendance à reculer au profit d’un certain rééquilibrage, en dessous d’une douzaine de nœuds de vent, on sent bien que quelques mètres carrés de plus seraient les bienvenus.
Le Code 0 en sauveur
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Heureusement, issu de la compétition le Code 0 est arrivé ! Comme dans les années 70 ou à bord des voiliers de compétition c’est en quelque sorte un immense génois léger, mais en plus grand. Comme un gennaker le point d’amure de son emmagasineur est fixé sur la delphinière, voire un véritable bout-dehors pour allonger encore la bordure. L’affaler systématiquement lorsqu’il n’est pas utilisé pourrait paraître fastidieux, mais c’est une voile de petit temps, les manœuvres ne sont donc jamais physiques ou dangereuses. Pour cette voile légère, de surface importante, un support haut de gamme est séduisant : finesse et stabilité du profil, légèreté de l’ensemble, si la membrane paraît hors de prix, un sandwich type CZ semble un compromis particulièrement bien adapté. Pour un programme grand voyage, un taffetas sur chaque face le protégera des effets néfastes du ragage. Véritable turbo des voiliers dans le petit temps, il peut faire office de gennaker en abattant au fur et à mesure que le vent monte. Sa seule limite est l’angle de remontée au vent, déterminé par le grément du voilier sur lequel il est installé.
Le tourmentin en cas de pépin
Dernière voile dite « plate », le tourmentin n’a sans doute pas besoin d’être présenté. Recours ultime quand les conditions deviennent sévères, sur nos voiliers modernes, c’est sa mise en place qui est compliquée. Si un bas étai n’est pas libre en arrière du génois le plus souvent sur enrouleur, une solution maline a été imaginée par Delta Voiles avec le Storm Bag. Les deux plis de cette voile épaisse qui se positionne autour d’un génois enroulé, a un profil étonnamment performant une fois en place. Si l’envoi s’effectue depuis le cockpit, l’amener sur l’avant, fixer point d’amure, écoutes et drisse n’est pas forcément plaisant quand le vent a dépassé 35 nœuds, soit ses conditions d’utilisation. Mais hormis cette inévitable contrainte, c’est une voile indispensable, au bon sens marin du terme.