Peut-on naviguer sans GPS et sans cartographie électronique ?

Equipements

Le GPS est devenu le système incontournable pour se positionner. Que l’on se déplace à pieds, à vélo, en voiture et, bien entendu, en bateau, on y a recours. Le temps où l’on faisait appel aux cartes papier est bien loin voire ignoré par les nouvelles générations.

©Albert Brel
Le GPS est devenu le système incontournable pour se positionner. Que l’on se déplace à pieds, à vélo, en voiture et, bien entendu, en bateau, on y a recours. Le temps où l’on faisait appel aux cartes papier est bien loin voire ignoré par les nouvelles générations.

Voileux et motoristes deux conceptions de navigation

La majorité des voileux, en particulier les jeunes, dédaignent les plaisanciers qui naviguent sur des bateaux à moteur. Certains vont même jusqu’à considérer que ce ne sont pas des marins et qu’ils utilisent leur bateau comme leur voiture. Ce qu’oublient ces détracteurs est que ces derniers ont des avantages sur eux. Non seulement, ils connaissent le code, obligatoire sur un bateau à moteur possédant un moteur d’une puissance de plus de 6 CV pour naviguer jusqu’à 6 milles d’un abri mais ils doivent avoir le permis hauturier au-delà de cette distance. Le permis hauturier demande de savoir calculer les marées, tracer une route sur une carte, se positionner par rapport à des amers terrestres ou maritimes, etc.

Mener un bateau à bon port n’est pas seulement une question de réglages

Il est vrai que si vous faites exclusivement de la régate sur un parcours parfaitement défini, le réglage des voiles est très important. Si vous pratiquez la croisière côtière et hauturière, il l’est également mais pas seulement. Là, il vous faut tracer votre route et savoir vous positionner par rapport à des amers. Des notions, bien souvent, ignorées par les nouveaux navigateurs qui n’ont connu que l’électronique (GPS et cartographie). Pour eux, c’est simple, pour tracer une route, il suffit d’entrer le point de départ, les points de passages et celui d’arrivée dans le lecteur de carte. Le logiciel se charge du reste, il trace la route sur l’écran, vous indique les distances aux waypoints, l’heure d’arrivée, etc. Vous n’avez aucun calcul à faire et si votre lecteur est interfacé au pilote, sur un voilier, il suffit de régler les voiles en fonction du cap et du vent. Malheureusement, l’électronique peut être défaillante, l’énergie électrique insuffisante pour l’alimenter et, dans ce cas, vous êtes livré à vous-même ; non seulement, il vous faut reprendre la barre mais aussi calculer votre route. Ne croyez pas que ce soit un scénario catastrophe, il est beaucoup plus courant que ce que l’on croit et bon nombre d’accidents, en particulier en navigation côtière, pourraient être évités si le plaisancier savait faire le point et avait à bord le moyen de le faire.

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Reporter un point sur la carte© Albert Brel

Un minimum de connaissances et de matériels

La réglementation française impose une liste de matériels à avoir à bord en fonction de la navigation. Lorsque l’on regarde cette liste, en particulier pour une navigation côtière jusqu’à 2 milles d’un abri, il n’est demandé pour la navigation que l’annuaire des marées. Et pour une jusqu’à 6 milles, il faut seulement une carte de navigation, un compas magnétique, le balisage et le RIPAM. La carte de navigation peut être une carte électronique sans préciser la taille de l’écran. Pour être en conformité vis-à-vis de la réglementation, une montre avec cartographie est suffisante. Au vu de cette liste, quand on sait que la majorité des accidents, en particulier les échouages et les talonnages, sont dans la bande côtière, tout plaisancier conscient de sa sécurité est en droit de se poser des questions et d’avoir sur son bateau un minimum d’équipement.

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Le compas de relèvement doit être bien rangé dans sa boîte

Ce que nous recommandons en navigation basique et côtière

- Une carte papier détaillée de la zone de navigation.

- Une règle de navigation (rapporteur Breton, règle Gras, etc.) permettant de tracer sa route.

- Un compas de relèvement.

- Le livre des feux.

- Un journal de bord.

Les raisons de ces recommandations

A moins de 2 milles d’un abri, si vous ne disposez que d’un lecteur de carte électronique, ce dernier doit être considéré comme une aide à la navigation. Il peut avoir une défaillance (panne, manque d’énergie, ...). Une carte papier détaillée vous permettra de vous situer à condition d’avoir un compas de relèvement pour relever les amers remarquables (maritimes et terrestres) à porter sur cette dernière. Un compas de route imposé en navigation côtière (moins de 6 milles d’un abri) ne permet pas de faire un relèvement précis. A moins de 2 milles d’un abri, c’est la zone où l’on a le plus de balisage (chenaux d’entrée de port, zone de mouillage, zone d’interdiction, etc.), il est recommandé d’avoir un document en plus de la carte papier, donnant ces informations. En navigation côtière (2 mille d’un abri), rien ne vous interdit de naviguer de nuit, le livre des feux ou un ouvrage les donnant est recommandé. Quant au journal de bord, il vous permet de noter toutes les informations relatives à la navigation, par exemple, l’heure de passage à un point donné (feu, bouée, etc.) porté sur la carte, la position, les incidents, etc. Nous venons de voir le minimum à avoir à bord pour naviguer et se positionner. Certains considéreront que c’est inutile, que l’électronique est fiable, se positionner par rapport aux amers c’est revenir en arrière. Détrompez-vous, même si les pannes sont rares, elles peuvent arriver.

Vérifiez vos connaissances

C’est simple, vous simulez un incident. Pour le faire, vous éteignez votre GPS/lecteur de carte et vous vous positionnez par rapport à des amers portés sur la carte papier. Vous comparez votre position relevée par rapport à celle donnée par le GPS, elles doivent être identiques.

Les documents utiles

Un certain nombre de documents sont obligatoires d’autres recommandés. Pour vous éviter d’avoir à bord plusieurs ouvrages (annuaire des marées, courants, réglementation, cartographie, plans des ports, etc…), depuis 59 ans, Bloc Marine édite annuellement deux ouvrages : le Bloc Côtier et le Bloc Marine couvrant l’Atlantique et la Méditerranée en deux ouvrages distincts. Dans le Bloc Côtier (600 pages) au format 23x20, vous trouverez l’essentiel de la navigation, la réglementation, la météo, les marées, les cartes des courants, la cartographie (atlas de navigation), les plans et les informations sur les ports. Dans le Bloc Marine (900 pages) au format 30x23, vous trouverez en plus un journal de bord, le livre des feux et des signaux, et un cahier spécial avec un thème différent chaque année ("l’énergie à bord" pour l'édition 2023).

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© Bloc Marine

Notre avis

L’électronique est très présente sur les bateaux. Certains équipements sont un plus, par exemple, l’AIS, le pilote, une télécommande avec fonction homme à la mer (NKE), le sondeur etc. ou la VHF qui est obligatoire en semi-hauturier (6 à 60 milles). D’autres s’ils sont des concentrés de technologie, par exemple, une montre GPS/cartographie à partir de laquelle on peut commander le pilote, la centrale, entrer des points de route etc. ne font pas partie de l’équipement indispensable à bord. Mais ces équipements sont susceptibles de tomber en panne donc les quelques conseils que nous donnons et les documents que nous recommandons sont le minimum à connaître et à avoir pour pallier ces défaillances.      

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…