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Voileux et motoristes deux conceptions de navigation
La majorité des voileux, en particulier les jeunes, dédaignent les plaisanciers qui naviguent sur des bateaux à moteur. Certains vont même jusqu’à considérer que ce ne sont pas des marins et qu’ils utilisent leur bateau comme leur voiture. Ce qu’oublient ces détracteurs est que ces derniers ont des avantages sur eux. Non seulement, ils connaissent le code, obligatoire sur un bateau à moteur possédant un moteur d’une puissance de plus de 6 CV pour naviguer jusqu’à 6 milles d’un abri mais ils doivent avoir le permis hauturier au-delà de cette distance. Le permis hauturier demande de savoir calculer les marées, tracer une route sur une carte, se positionner par rapport à des amers terrestres ou maritimes, etc.
Mener un bateau à bon port n’est pas seulement une question de réglages
Il est vrai que si vous faites exclusivement de la régate sur un parcours parfaitement défini, le réglage des voiles est très important. Si vous pratiquez la croisière côtière et hauturière, il l’est également mais pas seulement. Là, il vous faut tracer votre route et savoir vous positionner par rapport à des amers. Des notions, bien souvent, ignorées par les nouveaux navigateurs qui n’ont connu que l’électronique (GPS et cartographie). Pour eux, c’est simple, pour tracer une route, il suffit d’entrer le point de départ, les points de passages et celui d’arrivée dans le lecteur de carte. Le logiciel se charge du reste, il trace la route sur l’écran, vous indique les distances aux waypoints, l’heure d’arrivée, etc. Vous n’avez aucun calcul à faire et si votre lecteur est interfacé au pilote, sur un voilier, il suffit de régler les voiles en fonction du cap et du vent. Malheureusement, l’électronique peut être défaillante, l’énergie électrique insuffisante pour l’alimenter et, dans ce cas, vous êtes livré à vous-même ; non seulement, il vous faut reprendre la barre mais aussi calculer votre route. Ne croyez pas que ce soit un scénario catastrophe, il est beaucoup plus courant que ce que l’on croit et bon nombre d’accidents, en particulier en navigation côtière, pourraient être évités si le plaisancier savait faire le point et avait à bord le moyen de le faire.
Un minimum de connaissances et de matériels
La réglementation française impose une liste de matériels à avoir à bord en fonction de la navigation. Lorsque l’on regarde cette liste, en particulier pour une navigation côtière jusqu’à 2 milles d’un abri, il n’est demandé pour la navigation que l’annuaire des marées. Et pour une jusqu’à 6 milles, il faut seulement une carte de navigation, un compas magnétique, le balisage et le RIPAM. La carte de navigation peut être une carte électronique sans préciser la taille de l’écran. Pour être en conformité vis-à-vis de la réglementation, une montre avec cartographie est suffisante. Au vu de cette liste, quand on sait que la majorité des accidents, en particulier les échouages et les talonnages, sont dans la bande côtière, tout plaisancier conscient de sa sécurité est en droit de se poser des questions et d’avoir sur son bateau un minimum d’équipement.
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Ce que nous recommandons en navigation basique et côtière
- Une carte papier détaillée de la zone de navigation.
- Une règle de navigation (rapporteur Breton, règle Gras, etc.) permettant de tracer sa route.
- Un compas de relèvement.
- Le livre des feux.
- Un journal de bord.
Les raisons de ces recommandations
A moins de 2 milles d’un abri, si vous ne disposez que d’un lecteur de carte électronique, ce dernier doit être considéré comme une aide à la navigation. Il peut avoir une défaillance (panne, manque d’énergie, ...). Une carte papier détaillée vous permettra de vous situer à condition d’avoir un compas de relèvement pour relever les amers remarquables (maritimes et terrestres) à porter sur cette dernière. Un compas de route imposé en navigation côtière (moins de 6 milles d’un abri) ne permet pas de faire un relèvement précis. A moins de 2 milles d’un abri, c’est la zone où l’on a le plus de balisage (chenaux d’entrée de port, zone de mouillage, zone d’interdiction, etc.), il est recommandé d’avoir un document en plus de la carte papier, donnant ces informations. En navigation côtière (2 mille d’un abri), rien ne vous interdit de naviguer de nuit, le livre des feux ou un ouvrage les donnant est recommandé. Quant au journal de bord, il vous permet de noter toutes les informations relatives à la navigation, par exemple, l’heure de passage à un point donné (feu, bouée, etc.) porté sur la carte, la position, les incidents, etc. Nous venons de voir le minimum à avoir à bord pour naviguer et se positionner. Certains considéreront que c’est inutile, que l’électronique est fiable, se positionner par rapport aux amers c’est revenir en arrière. Détrompez-vous, même si les pannes sont rares, elles peuvent arriver.
Vérifiez vos connaissances
C’est simple, vous simulez un incident. Pour le faire, vous éteignez votre GPS/lecteur de carte et vous vous positionnez par rapport à des amers portés sur la carte papier. Vous comparez votre position relevée par rapport à celle donnée par le GPS, elles doivent être identiques.
Les documents utiles
Un certain nombre de documents sont obligatoires d’autres recommandés. Pour vous éviter d’avoir à bord plusieurs ouvrages (annuaire des marées, courants, réglementation, cartographie, plans des ports, etc…), depuis 59 ans, Bloc Marine édite annuellement deux ouvrages : le Bloc Côtier et le Bloc Marine couvrant l’Atlantique et la Méditerranée en deux ouvrages distincts. Dans le Bloc Côtier (600 pages) au format 23x20, vous trouverez l’essentiel de la navigation, la réglementation, la météo, les marées, les cartes des courants, la cartographie (atlas de navigation), les plans et les informations sur les ports. Dans le Bloc Marine (900 pages) au format 30x23, vous trouverez en plus un journal de bord, le livre des feux et des signaux, et un cahier spécial avec un thème différent chaque année ("l’énergie à bord" pour l'édition 2023).
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Notre avis
L’électronique est très présente sur les bateaux. Certains équipements sont un plus, par exemple, l’AIS, le pilote, une télécommande avec fonction homme à la mer (NKE), le sondeur etc. ou la VHF qui est obligatoire en semi-hauturier (6 à 60 milles). D’autres s’ils sont des concentrés de technologie, par exemple, une montre GPS/cartographie à partir de laquelle on peut commander le pilote, la centrale, entrer des points de route etc. ne font pas partie de l’équipement indispensable à bord. Mais ces équipements sont susceptibles de tomber en panne donc les quelques conseils que nous donnons et les documents que nous recommandons sont le minimum à connaître et à avoir pour pallier ces défaillances.