Carénage : ce qu’il faut vérifier avant de passer l’antifouling

Equipements

Dans un premier article, nous avons vu les critères à prendre en compte pour choisir son antifouling. Dans celui-ci, nous allons aborder un des points à vérifier avant de l’appliquer : les anodes.

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Dans un premier article, nous avons vu les critères à prendre en compte pour choisir son antifouling. Dans celui-ci, nous allons aborder un des points à vérifier avant de l’appliquer : les anodes.

La protection des pièces métalliques
Au moment du carénage, après un nettoyage de la carène et avant de passer l’antifouling, un certain nombre d’éléments sont à vérifier. Parmi ceux-ci, il y a les anodes dont le rôle est de protéger les pièces métalliques immergées (embases moteur, hélice, passe-coque, etc.) ainsi que le circuit d’eau de refroidissement de la corrosion. Cette dernière n’attaque pas uniquement les bateaux en alliage ou en acier, elle est présente sur tous les bateaux à partir du moment où il y a, à bord, des pièces métalliques en contact avec l’eau. Elle est inévitable, mais pour protéger ces équipements métalliques, la seule solution est d’utiliser un élément nommé anode dont le potentiel faible est tel qu’il sera attaqué en premier.

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Corrosion et rôle des anodes
La corrosion est un phénomène naturel. Elle se manifeste lorsque deux matériaux sont plongés dans un liquide conducteur, dans notre cas, l’eau de mer, saumâtre voire douce. L’un des deux matériaux joue le rôle d’anode et se corrode l’autre de cathode. Sur un bateau, les pièces immergées sont réalisées avec des matériaux tels que le laiton, l’acier, l’inox etc. Tous ces matériaux ont des potentiels différents. Il en résulte que celui qui a le potentiel le plus faible joue le rôle d’anode et se corrode rapidement. Pour éviter ce phénomène, on place des éléments (anodes) avec un potentiel plus bas que celui des pièces métalliques du bateau (cathode). Leur rôle est de les protéger en se consommant d’où le nom d’anodes sacrificielles.

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Quelles anodes choisir ? composition et qualité
Sur le marché, plusieurs types d’anodes sont proposés comme des anodes à base de zinc, d’aluminium et de magnésium. Les anodes de zinc (potentiel -1.04 volts) sont les plus courantes, elles conviennent pour les eaux salées et saumâtres. Pour l’eau douce, on préfèrera celles en magnésium (potentiel -1.5 volts) ou en aluminium, mais, attention, si vous naviguez en eau douce et en eau de mer, les anodes en aluminium se désagrègeront rapidement en eau de mer. Pour les coques en alliage, les embases et les moteurs hors- bord, c’est l’alliage d’aluminium (potentiel -1.1 volts) qui est retenu. En principe, c’est le métal qui a le potentiel le plus élevé qui est le plus efficace, dans notre exemple le magnésium (- 1.5 volts). Mais attention, ces dernières ne peuvent pas être utilisées en milieu salin (eau de mer) ni sur les embases en aluminium. Elles sont réservées au fluvial.

Une anode pour être efficace doit être réalisée avec beaucoup de soin et avec des matériaux contrôlés et de qualité. Certains plaisanciers se risquent à fabriquer eux-mêmes leurs anodes en fondant du zinc de récupération (gouttières ou anciennes anodes). C’est une mauvaise idée car on ne connait pas la qualité du métal utilisé. Une anode, pour qu’elle ait un maximum d’efficacité, doit être composée de zinc d’une pureté minimale de 99,996% et d’une teneur en fer inférieure à 0,0014%. Sur le marché, on trouve des anodes qui répondent à ces critères, d’autres pas. Comment choisir ? L’examen visuel voire le prix ne vous garantissent pas la qualité. Le seul élément qu’il faut prendre en compte est sa conformité. Par exemple, celles proposées par Vetus portent la référence pour le zinc MIL-A-18001K et pour l’alu la référence américaine MIL-A-24779. La solution, prendre des produits estampillés ou demander au vendeur la provenance.

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Ou placer les anodes pour une bonne protection ?
Sur les bateaux en polyester équipés d’un moteur in-bord, les points à protéger sont l’arbre ou l’embase moteur, l’hélice et sa chaise éventuellement les ferrures du safran, les vannes et les flaps.
Sur une coque en acier, on place les anodes à proximité de l'hélice (arbre et chaise) et du gouvernail. Sur un bateau de 10 mètres, il faut 4 à 5 Kg d’anode pour protéger toute la surface immergée du bateau.
Pour une coque en alliage léger, il existe des anodes spécifiques et des pendanodes. Les pendanodes (anode en alu) sont des anodes mobiles que l’on place autour du bateau dans les ports pour faire barrière à la corrosion (2 sur un bateau jusqu'à 12 mètres, 4 entre 12 et 14 mètres).
Les embases moteur quel que soit leur type (Z-drive, S-drive, etc.) ainsi que les propulseurs d'étrave, sont presque toujours réalisés en alliage d'aluminium. Pour les protéger, il faut s’orienter vers des anodes spécifiques en alu.
Pour les moteurs hors-bord, les constructeurs ont prévu des emplacements pour les anodes. Il est impératif de les respecter et de prendre les anodes correspondant au moteur.
Pour les moteurs in-bord, certaines marques sont équipées d’anodes. Celles-ci sont généralement placées sur le circuit d’eau ; il est nécessaire de les vérifier annuellement et de les changer si besoin.

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Quand changer les anodes ?
Une anode est conçue pour se désagréger dans le temps. Si elle ne s’use pas c’est aussi inquiétant que si elle s’use rapidement. Dans le premier cas, c’est un équipement du bateau qui joue le rôle d’anode (vanne, hélice, arbre, embase, etc.). Tandis que le deuxième cas est généralement synonyme d’une fuite électrique. Il est difficile de quantifier une usure normale. Elle dépend du bateau, de son environnement et du port. Sur un bateau qui reste continuellement à flot, on peut estimer que les anodes doivent être suffisamment attaquées (60 à 70%) pour être changées annuellement. Si l’usure est anormale (rapide ou pas d’usure), il est important de vérifier les éléments métalliques immergés (hélice, arbre, embase, vannes, …). Par exemple, une hélice en bronze qui prend une teinte rougeâtre et qui donne un son cristallin lorsque l’on tape dessus avec un objet métallique, est synonyme de corrosion, elle devient dangereuse et peut casser rapidement. Il en est de même pour les vannes et passe-coques, là, en cas de cassure, c’est la voie d’eau assurée. Ces problèmes sont bien souvent synonymes de fuite électrique. Il y a lieu de s’en inquiéter rapidement.

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Nos conseils
Sur un bateau qui reste continuellement à l’eau, une usure normale, bien que difficile à chiffrer, est de l’ordre de 60 à 70%. A partir de là, elle doit être remplacée lors du carénage annuel. Pour être efficace, les 7 points suivants sont à respecter :
- Le contact avec les pièces à protéger doit être parfait.
- En aucun cas, on ne doit mettre de produit, par exemple de la graisse, entre l’anode et la pièce à protéger.
- Pour les fixer toujours utiliser la visserie fournie avec.
- Ne jamais les peindre ou les recouvrir d’antifouling.
- Elles doivent toujours être en contact avec l’eau.
- Si vous utilisez des pendanodes (anodes de mouillage pour bateau en alliage) elles doivent être en contact avec une pièce métallique de la coque, par exemple, le liston.
- Si les anodes se recouvrent de salissures voire d’oxydation n’hésitez pas à les brosser.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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