La houle peut être sournoise
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Quelles sont ces vagues qui menacent nos côtes ?
Il y va des vagues comme de toutes espèces vivantes, elles peuvent être timides ou intimidantes, honnêtes ou tracassées, franches ou sournoises…Certaines sont même dîtes scélérates ! Elles ont un comportement au large qu’elles réservent aux marins et se transforment radicalement en abordant nos rivages. Elles arrivent rarement seules, le plus souvent en groupe et comme dans tout groupe certaines veulent se faire remarquer plus que d’autres.
D’origines différentes, on les cernera mieux en les répartissant en trois familles.
Les vagues de la mer du vent sont celles générées par le vent local. Elles ne surprennent pas puisqu’elles suivent, comme des moutons, les fluctuations du vent. Celui-ci vient de terre, elles n’auront pas la place de se développer le long de nos côtes. Le vent vient du large, il apporte avec lui des vagues qui sont proportionnées à sa force. C’est la description de ces vagues qui rendent si évocateurs nos bulletins météo. La mer est calme, belle, peu agitée, mais elle peut devenir forte, voire grosse ou énorme… énorme plus de 14 m de hauteur !!!! Evidemment ça n’arrive que par forte et durable tempête dans le grand large, car il lui faut de la place, à la vague, pour se développer totalement.
Quand le vent s’en va ou meurt sur place, il laisse derrière lui, pour quelques temps, la houle résiduelle. C’est la seconde famille. Celle dont on sait qu’elle ne peut que s’apaiser puisque le vent l’a abandonné.
Et puis il y a la famille de la houle de provenance lointaine. Celle adulée par les surfeurs. Cette vague là est une voyageuse. Elle s’échappe d’une tempête, ou en tout cas d’un vent assez fort pour lui avoir donné l’énergie nécessaire à son développement et à sa propagation jusqu’à nos côtes. Celles qui arrivent sur le littoral atlantique de la France métropolitaine sont nées au sud d’une profonde dépression qui a sévi au milieu de l’océan. Une tempête au sud de l’Islande engendre facilement des vagues de 8 m de hauteur et 200m de longueur qui se succèdent toutes les 10 secondes. La vitesse de la vague est proportionnelle à sa taille. Plus elle est puissante, plus vite elle avance. Il se produit alors un système de filtre, les plus fortes arriveront les premières sur nos côtes sans avoir perdu trop d’énergie puisque le voyage a été rapide, les moyennes arriveront ensuite, bien diminuées par un long voyage, les plus faibles, donc les plus lentes, n’arriveront jamais… épuisées avant l’atterrissage.
Ce soir, en Bretagne, ce sont des vagues de 5m au large qui viendront s’effondrer sur notre littoral. Mais une vague n’est pas seulement une ondulation à la surface de la mer, les plongeurs vous le diront, elle joue aussi son mouvement en profondeur. Et c’est ce mouvement qui est contrarié par la remontée du fond sous-marin. La vague subit alors comme un croche-patte. Elle se cabre, s’élève puis s’effondre plus ou moins brutalement. Comme sa chute est élégante… on dit qu’elle déferle. Plus la vague est puissante, plus sa déferlante ira loin.
Ce soir, en Bretagne, la mer sera particulièrement haute puisque c’est la plus grande marée de l’année. Et c’est ce moment que choisit cette puissante houle venue du large pour aller déferler encore plus loin, encore plus haut que d’habitude.
Il n’y aura pas d’effet Xynthia (la tempête qui submergea le littoral vendéen et charentais en février 2010) puisque le vent ne sera pas de la partie pour repousser l’eau dans les embouchures des fleuves. Il avait soufflé jusqu’à 160km/h sur les Deux-Sèvres. Il ne dépassera pas 70 km/h ce soir et les côtes soumises à cet assaut sont beaucoup moins vulnérables.