« Nous allons nous livrer une belle bagarre entre hommes »
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Bonjour à tous. Tout va bien à bord de Virbac Paprec 3. Je suis dans le paquet de tête. Le rythme est soutenu en tête de flotte : François Gabart et Armel Le Cléac’h impriment vraiment un rythme d’enfer. Je m’accroche et je suis content d’être là où je suis. En tout cas, la bagarre tant attendue va avoir lieu : Armel, François, Vincent et moi. Le club des quatre ! Car il semble quand même qu’Alex Thomson marque un peu le pas et que Bernard Stamm ait quelques petits problèmes techniques et souffre un peu.
On s’y attendait à cette bagarre. Nous avons en commun d’avoir des bateaux très similaires, d’avoir une grosse expérience, une grosse équipe derrière nous. Ca ressemble presque à un entrainement à Port la Forêt : nous nous connaissons très bien. Nous avons formé un groupe de travail constructif durant les mois avant le départ et maintenant nous allons nous livrer une belle bagarre entre hommes.
J’ai navigué bord à bord avec François dans le Pot au Noir. Il fait vraiment du bien à la classe IMOCA et au Vendée Globe : il apporte beaucoup de fraicheur et d’enthousiasme. Il est incroyable. Dans le Pot au Noir au petit matin, après une nuit de bagarre et de manœuvres, je l’ai vu faire quatre empannages en 10 minutes, comme lors d’une régate en baie. Il avait l’air frais comme tout.
Côté stratégie, il va falloir être fin et notamment bien négocier les cellules anticycloniques qui se baladent sur notre route. Ca ne va pas être simple, il faut avoir les nerfs solides et ne pas commettre d’erreur, surtout au niveau de Rio de Janeiro où ça s’annonce complexe. Ensuite, il va y avoir ceux qui vont privilégier la route directe et ceux qui vont aller à l’Ouest pour toucher le vent plus tôt, au risque de perdre un peu de terrain dans un premier temps. Ca va être intéressant.
Mais une fois de plus, il faut s’accrocher et ne pas commettre d’erreur. Il y a quatre ans, tout le monde s’est focalisé sur la régate en Atlantique. Perdre 10 milles était un drame. Une fois dans le Sud, les gains et les pertes se sont comptés en centaines de milles. Il faut que je garde à l’esprit que la route est longue.
Je n’ ai pas encore eu le temps de me détendre, d’écouter de la musique et d’envoyer des films à terre. Je vais essayer de le faire. Pour l’instant, j’ai été à fond dans ma régate. Mais le chemin est encore long et semé d’embuches.
JP sur Virbac Paprec 3