« Cette course est aussi un voyage mémoriel »
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Je suis le nez dans le guidon mais parfois j’arrive quand même à m’évader. Le Vendée Globe est alors un voyage dans ma mémoire. Le passage au large de l’Afrique est toujours l’occasion de penser à mes parents qui s’y sont rencontrés et qui y ont vécu. J’ai pu également le raconter cette semaine en vacation : le passage à proximité de l’ile de Fernando de Noronha m’évoque ce projet de navigation avec mon père. C’était un rêve entre un père et son fils. Je n’ai jamais pu le réaliser encore. Je passe devant cette île tous les ans en course, à chaque fois je me dis : « Merde, il faudrait que j’y aille », mais je n’ai jamais eu le temps d’y aller. Pourtant quand je me suis arrêté à Recife avec Loïck Peyron sur la Barcelona World Race 2010, nous avions été accueilli par quelqu’un de très sympathique qui nous avait bien aidé. Il gérait le bateau qui faisait la navette entre Fernando de Noronha et la terre. J’ai donc le contact!
Sur la suite de ce tour du monde, il devrait y avoir moins d’occasion de renouer avec mes racines familiales. Il y a quand même le passage à la longitude de la Nouvelle Calédonie qui est toujours un moment important pour moi. Ma mère est née en Nouvelle Calédonie et le premier bateau familial avait été baptisé « Antipodes ». C’était déjà mon ambition ultime.
Autre moment de ce tour du monde qui ne me plonge pas dans le passé mais alors plutôt dans un rêve d’avenir : les îles du Pacifique. Car, un jour, quand j’aurai davantage de temps, j’irai naviguer dans le Pacifique pour découvrir ses îles. Je me promets à chaque fois d’y aller. Lors du dernier Vendée Globe, au moment d’abandonner, j’étais à équidistance d’Auckland et de Tahiti : environ 1000 milles. J’ai vraiment été très tenté de faire route vers Papeete mais finalement la raison l’a emporté. Je suis rentré à Auckland.