Premiers choix stratégiques de l’Océan Indien
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Les leaders sont entrés dans l’Océan Indien mais ils sont privés pour le moment de grand sud par les portes de glace placées très nord le long du 40e. Depuis quelques années des satellites permettent de repérer les grosses formations de glace et il existe maintenant dans le parcours du Vendée globe des portes des glaces. Celles-ci évitent aux concurrents de prendre des risques en se rapprochant des pôles pour raccourcir leur tour du globe car le risque de rencontre avec un iceberg y est énorme.
La distance entre la longitude du Cap Bonne Esperance et celle de la Tasmanie est de 10659 km le long du 40eme et 9082 km le long du 50eme. Sans ces portes de glace la tentation est donc énorme de descendre très sud et c’est parfois le plus téméraire, ou peut-être le plus inconscient, qui gagne.
Ces portes sont définies par l’organisation et peuvent être déplacées en fonction des derniers relevés de glace. Cette année de nombreuses glaces ont été repérées extrêmement nord (logo bleu ciel figure 1) et elles ont obligé l’organisateur à placer des portes extrêmement nord. La règle est simple les concurrents doivent passer au moins une fois au nord de n’importe quel point de ces portes.
Ces portes limitent malheureusement les grandes options et de ce point de vue, elles peuvent simplifier la navigation car elles définissent un objectif géographique à court terme pour définir sa trajectoire.
Mais dans certains cas, elles compliquent nettement le jeu car elles obligent les concurrents à passer dans des zones de vent défavorable pour les respecter. Et c’est ce cas que les leaders vont devoir gérer dans les 3 prochains jours : au moment où ils vont aborder la prochaine porte, un centre anticyclonique va les rattraper et passer sur cette porte.
Les options stratégiques
Le choix va être difficile pour les leaders qui ont le choix entre deux options (voir figure).
Option 1 : Soit couper la porte le plus tôt possible à son extrémité ouest (vers le 6 décembre), juste devant l’Anticyclone (Figure 1) et replonger au sud, très vite, pour se glisser dessous, où le vent est soutenu. C’est la route la plus courte mais si le centre est en avance, ou le bateau en retard sur son plan de route, il peut se retrouver piégé dans l’anticyclone. Il devra alors attendre qu’il lui passe dessus pour récupérer du derrière.
Option 2 : Soit rester au sud dans le vent fort et venir couper la porte plus tard (autour du 7 décembre), vers son extrémité est, dans le SE de l’anticyclone qui ralentit et se décale légèrement vers le nord. Mais cette option rallonge la route et le risque est de voir le centre anticyclonique se décaler plus vite que prévu.
La position de ce centre et son déplacement est donc l’élément clé, il y a une incertitude sur son placement dans deux jours selon les différents modèles de prévision. Mais ce choix pourrait avoir de grosses conséquences sur les écarts entre les bateaux. Si Les trois premiers bateaux font tous l’option 1 cela favorisera le leader Banque Populaire. En effet, pendant 24 heures, les bateaux vont avoir un vent soutenu mais ensuite ils se feront rattraper par derrière par du vent de plus en plus faible. En étant devant, Banque Populaire devrait conserver toujours plus de vent que ses poursuivants et donc moins de risque de se retrouver pris au piège de l’anticyclone. Il pourra ainsi agrandir son avance.
Pour cette raison les poursuivants d’Armel Le Cleac’h pourraient être tentés de réaliser l’option 2.