Immersion dans les glaces du Groenland
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D’août à octobre 2012, Vincent Berthet et Alban Michon ont filmé l’arrivée de l’hiver arctique, sillonnant en kayak l’une des côtes les plus sauvages au monde et plongeant sous les immenses blocs de glace.
Les deux aventuriers ont parcouru 1000 kilomètres en deux mois et demi, lors de la parenthèse très brève où la glace ouvre un passage sur les côtes du Groenland. Il s’agissait de rallier les deux seules communautés de cette côte, entre Ittoqqortoomiit (Scoresby Sund), par 70° de latitude nord, et Ammassalik, 65° nord sous le cercle polaire arctique, pour ramener des images sous-marines inédites. « L’eau glaciale me coupe le souffle, commente Alban Michon en voix off lors de sa première plongée. Appréhension est le premier mot qui me vient à l’esprit, sublime est le deuxième. »
Rencontre avec un ours blanc : « Une décharge électrique me parcourt l’échine »
Sous l’eau, il filmera une faune et une flore minuscule, étrangement colorées sous les feux des projecteurs, mais aussi les deux plus grands habitants de cette zone hostile : un ours blanc et un requin du Groenland. « Les inuits nous avaient assuré que sous l’eau, nous avions nos chances face à un ours blanc incapable de s'appuyer sur ses pattes, nous a expliqué Alban Michon après la première projection du documentaire. Contrairement à une rencontre sur terre ! » Le spécialiste de la plongée sous la glace a donc pris soin de rester sous l’eau, plus bas que l’ours, qu’il qualifie d’excellent nageur mais de piètre plongeur. Lors du visionnage de cette rencontre - « hypnotisante » selon les termes d’Alban Michon - nous avons du mal à cerner qui est le plus surpris, de l’homme ou de l’animal. L’ours plonge sa tête sous la surface de l’eau pour observer ce curieux phénomène et suit les bulles libérées par le plongeur. A la fin du parcours, c’est un requin du Groenland qui viendra à la rencontre des aventuriers. Un animal tellement discret qu’une équipe de la BBC, en tournage sur place, cherche en vain à le croiser depuis déjà deux ans. Pas dangereux pour un sou, ce requin est un charognard dépourvu de dent qui ondule tranquillement sous la glace depuis 200 à 300 ans (estimation en fonction de sa taille, 4 mètres). Alban Michon profite donc de cet instant privilégié en nageant quelques minutes aux côtés de cet animal au regard glaçant.
Au fil de l’expédition, le paysage change. Si la première plongée risque de tourner à la catastrophe en raison d’un bloc de glace qui se décroche alors qu’Alban Michon est sous l’iceberg, la suite du parcours ressemble à une lutte continuelle contre la banquise qui se referme (voir la vidéo ci-dessous sur les coups durs). « Nous avons parfois eu envie d’arrêter, admet le plongeur. Mais il n’y avait pas d’autre choix que d’avancer alors nous avons continué. » Au-delà des paysages spectaculaires, le spectateur est plongé dans le quotidien des deux complices. « Je suis un peu sous le choc de l’humour de ces deux-là ! », remarque le réalisateur, Thierry Robert. L’équipe de réalisation a filmé le début et la fin de l’expédition, tout en gardant ses distances pour ne pas troubler les aventuriers.Pour les mois à venir, Alban Michon prendrait bien une pause avec le froid. « Mais je sais que je retournerai sous la glace, en Arctique ou en Antarctique. » Le documentaire est diffusé ce vendredi soir par Thalassa (20h45, France 3).
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