La rafale n’est pas toujours celle qu’on croit

Par Eric Mas

Depuis peu "Le Rafale" fend les airs et s’exporte fièrement. Depuis longtemps "La Rafale", pour les marins, s’emporte et se vend trop bien. Elle s’affiche dans tous les bulletins météo, elle délie toutes les langues, elle taquine tous les anémomètres. Quand, au bistrot, on raconte ses exploits, c’est toujours elle que l’on invoque : « Nous avons eu jusqu’à 43 nœuds ».

Mais il y a mistoufle
Officiellement, alors que le vent normal correspond à une moyenne sur 10 minutes, la rafale est une accélération brusque moyennée sur une demi-seconde. C’est une vitesse maximale instantanée.
Le marin lui parle d’un renforcement brutal et passager. La rafale n’est pas si instantanée que ça puisqu’elle change le comportement du bateau. Le voilier se couche respectueusement sous la rafale. L’anémomètre en tête de mât n’est plus à la verticale, il subit des accélérations et mesure n’importe quoi, ou presque.
Mais bon, le marin ressent cette accélération et doit savoir l’exprimer. Il parlera de «rafales» en ayant estimé que la vitesse instantanée dépasse de 10 à 15 nœuds le vent moyen, de «fortes rafales» lorsque la différence atteint 15 à 25 nœuds et de «violentes rafales» lorsqu'elle dépasse 25 nœuds.
Autant dire qu’on ne devrait pas parler si souvent de rafales. Mais surtout on ne devrait pas faire l’amalgame avec la rafale officielle, celle à pompon rouge que mesurent les sémaphores de la Marine Nationale perchés en haut de leur point de vue, et celle, plus consistante, qui descend au ras de l’eau.


En réalité chacun voit rafale à sa porte
Le prévisionniste a pris l’habitude, dans ses bulletins extrêmement détaillés, de mentionner toute accélération du vent, aussi faible soit-elle. L’idée est de donner au régatier une idée de l’humeur du vent. Ses sautes seront-elles insignifiantes ou bénéfiques ou handicapantes ? Cette pseudo-rafale se veut indice.
Le sémaphoriste qui respecte rigoureusement le code OMM (Office Mondial Météorologique) communiquera la vitesse maximale mesurée sur ½ seconde dans l’heure précédente. Sachons interpréter, minimiser, les rafales mesurées au sémaphore qui est situé en altitude et souvent sur un cap pour étendre sa vue de la mer, au détriment d’une mesure représentative du vent de surface en mer.
Le marin enfin qui vit la rafale comme une accélération beaucoup plus consistante du vent, plutôt mal définie mais qui produit un effet sur son fier navire. On ne ressent pas la rafale de la même façon sur un Optimist et sur l’Hermione.
Sur l’eau chacun guettera la rafale et fera avec une panoplie très large. Depuis la risée, qui n’est pas que moquerie, apportant 2 ou 3 nœuds de plus pour nous aider à s’extraire de la pétole jusqu’à la violente importune qui appuiera avec force sur le bateau.
Dans tous les cas, la mer s’exprimera pour annoncer le passage de la rafale. Dans les calmes la risée s’annonce par de petites rides et un changement de couleur de la mer. Dans le coup de vent, au contraire, il peut arriver que la mer s’étale jusqu’à s’aplatir sous l’effet de la bourrasque.


Si "Le Rafale" fait trop de bruit (110 décibels à l’atterrissage), "La Rafale", quand elle ne vient pas d’une mitraillette, a raison de se faire entendre.
 

GUST : j’aime bien le mot anglais pour dire rafale. Plus sec, plus instantané, moins répétitif.
 

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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