
Figaro Nautisme. - Comment vont le bateau et le skipper après 70 jours de course?
Jean-Pierre Dick. - Je vais bien, je reviens dans l'alizée de nord-est, c'est de nouveau une bonne journée. Encore une comme celle-là et je devrais reprendre du temps à la tête de course, je pourrais ensuite aborder sereinement le Pot-au-Noir. Pour ce qui est du bateau, j'ai pas mal tiré sur le matériel, ça m'a permis de rivaliser avec les leaders et parfois mieux, mais ça a aussi sûrement causé l'incident de la semaine dernière. Maintenant, ça va mieux. Je soigne mon bateau et je suis confiant pour la suite.
Vous étiez bien revenu puis vous avez eu ce problème d'attache d'étai. Pensez-vous avoir perdu la course sur cet incident?
La victoire, je ne sais pas... Cet incident est dramatique pour moi car j'ai perdu le contact avec la tête. C'est frustrant, d'autant plus qu'il n'arrive pas au bon moment. Mais il y a encore du temps pour se refaire. Tout le monde est à craindre. On a vu avec Alex (Thomson) que les skippers derrière pouvaient revenir. C'est la course au large, même avec un bateau un peu plus lent, il suffit d'un bon choix pour revenir subitement.
Vous avez eu plus de problèmes techniques que Le Cléac'h et Gabart mais vous n'êtes qu'à 650 milles de la tête. Est-ce un motif d'espoir?
Bien sûr. C'est vrai que je n'ai pas été verni. Ma course est très frustrante pour le moment. Surtout dans les Mers du sud, j'ai manqué de réussite. J'ai eu des problèmes techniques dont certains sont peut-être dus à un manque de préparation... Pour autant je ne suis pas totalement lâché donc j'y crois encore. Après, je ne pense pas que François et Armel aient été totalement épargnés par les problèmes mais ils ont sûrement plus manié la langue de bois.
Êtes-vous étonné par la régularité de François Gabart?
Il est éblouissant, impressionnant, tous les superlatifs qui existent peuvent lui convenir. On pouvait penser qu'il aurait un coup de moins bien mais ce n'est toujours pas arrivé, c'est remarquable. Il a la performance mais aussi la fiabilité de son bateau. Il apprend vraiment très vite et il a une grande maturité pour son âge, sans oublier qu'il a une très belle équipe derrière lui.
Vous occupez la troisième place, ce qui constituerait à l'arrivée votre meilleure performance sur le Vendée Globe (6e en 2004-2005 et abandon en 2008-2009). Vues les circonstances, cette dernière marche du podium vous satisferait-elle?
J'ai dit depuis le départ que l'objectif était d'être dans les trois premiers donc aujourd'hui le contrat est rempli et la troisième place serait un bon résultat. Après, si je vais chercher la première place, ce sera forcément une énorme satisfaction et avec le bateau que j'ai, et malgré quelques accrocs, je sais qu'il y a la possibilité de viser la victoire. Il reste suffisamment de temps et de points de passage importants pour changer la donne. La place que je ne veux surtout pas, c'est celle d'Alex (la quatrième)!