Chasse ouverte pour le chacal

Course au large
Par Figaro Nautisme

Surnommé le chacal par ses pairs car il ne lâche jamais sa proie, Armel le Cléac’h revient à grands pas sur François Gabart.

Surnommé le chacal par ses pairs car il ne lâche jamais sa proie, Armel le Cléac’h revient à grands pas sur François Gabart.

François Gabart a franchi l’équateur mardi, à 14h41 heure française, sans difficulté, à 12 noeuds dans un alizé de sud-est mollissant de 10-12 noeuds. Le skipper de Macif établit un nouveau record sur la distance Les Sables d’Olonne - équateur retour en 66 jours 1 heure et 39 minutes. Une performance exceptionnelle pour le jeune marin de 29 ans qui efface des tablettes le temps de référence établi en 2009 par Michel Desjoyeaux en 71 jours 17 heures et 12 minutes. Derrière, remontant la fin de l’Atlantique Sud à 15 noeuds de moyenne, Armel Le Cléac’h regagne du terrain à grandes enjambées. A la barre de Banque Populaire, le « chacal » ne comptait plus mardi, à 16 heures, que 205 milles de retard sur le leader, de quoi affûter son instinct de prédateur.

 



Le Cléac’h en chasseur



Un gain qui redonne espoir à Le Cléac’h : « J’approche de l’équateur que je devrais passer mercredi après-midi. Je gratte des milles sur François en ce moment, mais il va falloir bien anticiper le Pot au Noir : j’ai encore la possibilité de lofer ou d’abattre en fonction du vent et des images satellites qui montrent le chemin. Il y a des ouvertures pour remonter vers l’anticyclone des Açores : j’ai encore le choix de ma trajectoire car ce n’est pas encore évident entre partir dans l’Ouest et prendre le chemin le plus court… L’Atlantique Nord bouge assez vite en ce moment : je suis en position de chasseur ce qui me permet de m’adapter encore aux évolutions météorologiques à venir. Je suis en bonne forme et j’ai un peu de bricolage du genre cordage à changer et winch à démonter pour entretien. Les conditions sont idéales pour un check-up général ! En tout cas, je devrais passer l’équateur avec neuf jours d’avance sur mon précédent Vendée Globe… Pas mal ». Troisième, Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) reprend aussi de précieux milles à Macif en cavalant  à près de 17 noeuds. Tandis qu’Alex Thomson (Gamesa), plus proche des côtes brésiliennes, bénéficie de vents moins soutenus qui ne lui permettent pas de progresser à plus de 11 noeuds.

 



Schéma météo complexe



Bien sûr, le Pot au noir peut toujours fournir son lot de rebondissements, même si, pour l’heure, sa traversée ne semble pas poser de gros problèmes. Les masses nuageuses plombées, capables de bloquer la machine à vent plusieurs jours durant, semblent peu actives, mais on sait à quelle vitesse la situation peut évoluer. Mais c’est surtout la situation en Atlantique Nord qui réveille les espoirs du petit groupe à la poursuite de Monsieur Gabart. L’anticyclone des Açores et celui des Bermudes semblent en effet devoir fusionner d’ici deux à trois jours, formant une barrière anticyclonique, barrant toute possibilité de route directe vers les Sables d’Olonne. Rallier le port vendéen ne pourrait alors se faire qu’au prix d’un gigantesque détour par l’ouest, dans des airs plutôt mous. Dans ces conditions, des ouvertures peuvent se profiler pour les hommes à la poursuite du leader. Aujourd’hui, les dernières simulations de routage pourraient donner la tête de course à 1000 milles de l’arrivée dans la journée du 24 janvier. Mais on est sur des schémas à neuf jours dont la fiabilité n’est pas garantie.

 



Le Cam reprend son bien



Mike Golding (Gamesa) n’aura pas occupé bien longtemps la cinquième place. Jean le Cam vient de reprendre son bien en validant un meilleur décalage dans l’ouest. Résultat, Le Cam file à 16,5 noeuds pendant que le skipper britannique est complètement scotché à 2,5 noeuds depuis ce matin à l’est dans une une bulle anticyclonique. Même position, même punition pour Javier Sanso (Acciona 100% EcoPowered) qui va probablement céder sa septième position à Dominique Wavre (Mirabaud) suivi par Arnaud Boissières (Akéna Vérandas)



 

De Lamotte cap-hornier



117 milles dans le sillage de Bertrand de Broc (Votre Nom Autour du Monde avec EDM Projets), Tanguy de Lamotte (Initiatives-coeur) est devenu, ce mardi matin, cap-hornier pour la première fois de sa jeune carrière. Désormais à l’approche du mythique rocher, Alessandro Di Bendetto (Team Plastique) est le seul concurrent à naviguer encore dans le Pacifique Sud.

 



LES VOIX DU LARGE



Dominique Wavre (Mirabaud) : « (Sur les conditions) Je vais très bien avec le soleil. Au niveau du vent, il est aux abonnés absents. On n’avance quasiment pas mais il faut prendre les choses du bon côté. Il fait bon, les affaires sèchent à bord du bateau. On est plusieurs dans la même situation, il faut garder le moral même si c’est très désagréable cette zone de pétole en haute mer ».



 

Tanguy de Lamotte (Initiatives-cœur) : « (Sur son passage du cap Horn) Ça fait plaisir, tout va bien. Je suis heureux, c’est vraiment génial. Hier (lundi), c’était des conditions typiques du cap Horn avec 30 nœuds et une grosse mer. Ce matin, j’ai réussi à voir les îles donc c’est génial. Maintenant c’est tout calme et on glisse bien. Ça a vraiment été un super cap Horn. (Sur son bilan après le cap Horn) J’étais vraiment content de voir la terre car on sait qu’on fait le tour de quelque chose avant de rentrer. J’étais super heureux de connaitre enfin l’Indien et le Pacifique. J’ai découvert des choses extraordinaires même s’il y a eu des moments difficiles. Je suis très content et il faut que ça continue comme ça. La course est prenante et je vais tout faire pour rattraper Bertrand de Broc. Je ne vais pas ralentir ».




Jean Le Cam (SynerCiel) : « (Sur sa lutte avec Mike Golding) J’ai repris l’avantage sur Mike mais la situation est compliquée et variable donc ce n’est pas facile, clairement. Ça commence à faire pas mal de bagarre avec lui. J’aurais préféré autre chose mais bon c’est comme ça, c’est mon destin. Je fais pas mal de routage en ce moment. On ne rate pas un fichier météo et on passe beaucoup de temps dessus, sur toutes les situations car ça bouge et il faut être à l’affût des changements. On fait aussi l’inventaire pour voir où on en est de tout ça. Puis quelques petites bricoles, de la vidéo. Les journées se passent comme ça ».

 



Alex Thomson (Hugo Boss) : « (Sur la stratégie) Je pense que l’élastique va continuer de s’étendre donc je vais perdre du terrain pendant un ou deux jours. Ensuite je devrais pouvoir revenir sur Jean-Pierre (Dick) dans le pot au noir. En théorie, c’est l’endroit le plus à l’ouest qui est le plus sûr pour le traverser donc je suis bien. De toute façon, je connais bien cette partie du parcours, il n’y a pas grand-chose de plus à savoir. Je vais espérer que les gars soient ralentis par le pot au noir puis dans l’anticyclone des Açores ».



 

CLASSEMENT



Positions du 15/01 à 16 heures : 1.François Gabart (Macif) à 3 181milles de la ligne d’arrivée; 2.Armel Le Cléac´h (Banque Populaire) à 205 milles du leader; 3.Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) à 646,3 m; 4.Alex Thomson (Hugo Boss) à 870,3 m; 5.Jean Le Cam (SynerCiel) à 1 993,9 m; 6.Mike Golding (Gamesa) à 2 057,1 m; 7.Javier Sanso (Acciona 100% EcoPowered) à 2 233,5 m; 8.Dominique Wavre (Mirabaud) à 2 323,4 m; 8.Arnaud Boissières (Akéna Vérandas) à 2 397 m; 10.Bertrand De Broc (Votre Nom Autour du Monde avec EDM Projets) à 3 628,3 m; 11.Tanguy de Lamotte (Initiatives-Coeur) à 3 745 m; 12.Alessandro Di Benedetto (Team Plastique) à 4 533,3 m. Abandons : Marc Guillemot (Safran); Kito de Pavant (Groupe Bel); Samantha Davies (Savéol); Louis Burton (Bureau Vallée); Jérémie Beyou (Maître CoQ); Zbigniew Gutkowski (Energa); Vincent Riou (PRB); Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat)

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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