
Alex Thomson devrait s’adjuger mercredi matin la troisième place du Vendée Globe. Une approche finale difficile pour le skipper britannique.
Pointé à 270 milles seulement de la ligne d’arrivée ce mardi à 16h, Alex Thomson (Hugo Boss) qui naviguait alors à 17 noeuds vers les Sables d’Olonne, ne va probablement pas dormir la nuit prochaine. Il y a surement l’excitation de se classer troisième du Vendée Globe qui doit accaparer l’esprit du skipper Gallois, auteur d’un tour du monde remarquable, mais c’est surtout les conditions météo qu’il rencontre dans la traversée du golfe de Gascogne qui vont l’empêcher de fermer l’œil. Lors de son ultime vacation radio avec la terre, Thomson ne cachait pas que les derniers milles à parcourir étaient particulièrement pénibles à vivre. « J’ai entre 30 et 40 noeuds de vent, c’est plus que désagréable. Je pense que ça va durer jusqu’à la fin de la soirée, et qu’ensuite ça va faiblir un peu, autour de 25-30 nœuds. La suite va dépendre des conditions et de la vitesse que je vais réussir à maintenir mais je pense que je devrais franchir la ligne d’arrivée entre 7 et 9 heures mercredi matin. Je n’ai pas vu de cargos récemment, mais j’imagine que je vais en voir de plus en plus au fur et à mesure que je me rapproche. J’ai fait une rencontre avec un bateau de pêche, en revanche, mais de beaucoup trop près, je trouve ». 343 milles derrière Hugo Boss, Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) se rapproche toujours des côtes portugaises à 11,5 noeuds. Une vitesse toujours aussi étonnante pour un bateau privé de quille.
Le Cam en pleine forme
Dans les petits airs de l’anticyclone des Açores, Jean le Cam (SynerCiel) s’en tirait beaucoup mieux que son poursuivant Mike Golding (Gamesa) en progressant à 9,3 noeuds contre 3 pour le Britannique. Une traversée délicate de dorsale qui n’empêche pas le Finistérien de garder son humour. « Je suis cinquième entre deux Britanniques. Donc entre deux tranches de rosbif, qu’est-ce qu’il y a ? Le pain, c’est à l’extérieur, alors qu’est-ce que c’est que ce truc-là ? C’est un sandwich à l’envers ; on a mis le pain au milieu et le rosbif dessus et dessous (rires) ! Avec un peu de mayonnaise et ketchup, et roule ma poule ! ». 449 milles derrière Le Cam, au niveau des îles du Cap Vert, Dominique Wavre (Mirabaud) entraine toujours dans son sillage Dominique Wavre (Mirabaud), Arnaud Boissières (Akéna Vérandas), Javier Sanso (Acciona 100% EcoPowered) et Bertrand De Broc (Votre Nom Autour du Monde avec EDM Projets). Tout ce beau monde navigue entre 11 et 12 noeuds dans un alizé léger de nord-est. Pendant que Tanguy de Lamotte (Initiatives-coeur), à la hauteur des îles brésiliennes de Fernando de Noronha, se rapproche à près de 12 noeuds de l’équateur. Enfin, Alessandro Di Benedetto (Team Plastique) qui ferme la marche à 4 552 milles des Sables d’Olonne bénéficie enfin de vents portants qui lui permettent de remonter l’Atlantique Sud à 9 noeuds.
LES VOIX DU LARGE
Jean Le Cam (SynerCiel) : « Chez nous, il fait un grand beau temps. On ne peut rien dire d’autre, je suis en plein milieu d’une dorsale anticyclonique avec des vents faibles mais ça fait du bien après toutes ces heures difficiles. Ça fait plaisir d’être dans des journées où ça ne tape pas. On peut faire l’inventaire. Par exemple, je peux enfin savoir s’il reste assez de lait pour mettre dans mon café (rires). (Sur le fait qu’il n’a pas vécu la même course que les premiers) Il y a une vraie analyse des choses pour comprendre cette performance. Ils ont fait une démonstration extraordinaire, donc je pense que je vais retourner à l’école et leur demander des cours. Comment on fait dans la baston, entre 25 et 30 nœuds, pour faire des moyennes à 19 ? Je veux faire ça avant de mourir. Je vais faire ça en rentrant ».
Bertrand de Broc (Votre Nom autour du Monde avec EDM Projets) : « Ça fait du bien d’être dans l’hémisphère nord, ça veut dire qu’on se rapproche. En ce moment, la mer est assez costaude avec un rythme soutenu et assez tonique. Mais ça devrait mollir un peu, les fichiers ne sont pas vraiment fiables en ce moment. Je vais tout faire pour rentrer au plus vite avec un bateau en bon état. Je me rapproche des gars de devant mais maintenant, ça va être un peu plus stable. Pour l’instant, je gère mon bateau. Dans les conditions actuelles, c’est important de faire attention ».
Mike Golding (Gamesa) : « J’ai passé une nuit horrible, avec un vent qui tournait parfois de 100 degrés. Les fichiers météo donnent des informations totalement fantaisistes, je ne peux pas m’y fier. Je pense arriver aux Sables d’Olonne le 7 février, ce qui me donnerait un temps de course assez similaire à celui de 2004. Mais rien à voir avec ma course de 2004 au niveau des conditions, c’était beaucoup plus agréable en 2004. Je trouve que ce qu’Armel et François ont fait est incroyable, et c’est pareil pour tous les autres skippers, du groupe de tête, de notre groupe à nous, ou de derrière. On a tous bien ri quand Denis Horeau a commencé à parler d’un Vendée Globe en plus ou moins 76 jours. Mais manifestement, parfois, il dit des choses justes ! ».
CLASSEMENT
Positions du 29/01 à 16 heures : 1.François Gabart (Macif) arrivé le 27/01 à 15h18; 2.Armel Le Cléac´h (Banque Populaire) le 27/01 à 18h35; 3.Alex Thomson (Hugo Boss) à 270 milles de la ligne d’arrivée; 4.Jean-Pierre Dick (Virbac Paprec) à 342,5 milles de Thomson; 5.Jean Le Cam (SynerCiel) à 1 750,7 m; 6.Mike Golding (Gamesa) à 1 42,5 m; 7.Dominique Wavre (Mirabaud) à 2 199,m; 8.Arnaud Boissières (Akéna Vérandas) à 2 340,2 m; 9.Javier Sanso (Acciona 100% EcoPowered) à 2 449,9 m; 10.Bertrand De Broc (Votre Nom Autour du Monde avec EDM Projets) à 2 724,5 m; 11.Tanguy de Lamotte (Initiatives-Coeur) à 3 326,3 m; 12.Alessandro Di Benedetto (Team Plastique) à 4 281,7 m. Abandons : Marc Guillemot (Safran); Kito de Pavant (Groupe Bel); Samantha Davies (Savéol); Louis Burton (Bureau Vallée); Jérémie Beyou (Maître CoQ); Zbigniew Gutkowski (Energa); Vincent Riou (PRB); Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat).