
INTERVIEW. Concurrent malheureux du Vendée Globe, le Polonais Zbigniew Gutkowski avait dû bandonner après 11 jours de course en raison de problèmes électroniques sur son 60 pieds Energa. Aujourd'hui, le skipper polonais reprend le chemin de la mer et livre au Figaro ses impressions sur le résultat final de l'Everest des mers.
Figaro Nautisme. - Qu'avez-vous fait depuis votre abandon?
Zbigniew Gutkowski. - Tout d'abord, j'ai dû rejoindre les Canaries puis je me suis envolé pour Paris pour rejoindre le PC course du Vendée Globe. J'ai ensuite consacré une semaine aux medias polonais pour leur expliquer en detail ce qu'il s'était passé. Après, c'était la période de Noël, et comme je n'ai pas souvent la chance d'être à la maison pour ces moments, j'ai profité de ma famille même si je savais qu'il restait du travail inachevé sur mon bateau. Pour finir l'année, j'ai clos mon programme de 2013 donc, malgré mon abandon, j'ai été vraiment très occupé tout le temps.
Est-ce toujours difficile pour vous de penser au Vendée Globe?
Bien sûr.... Je me console en me disant qu'il y a de prestigieux skippers qui, tout comme moi, ont dû abandonner. Ce n'était pas comme ça que l'histoire devait se passer, mais je sais que l'abandon était la seule décision que je pouvais prendre, je n'avais pas le choix. Je suis satisfait, mon bateau va bien et je n'ai pas un mât ou une quille à réparer.
Est-ce un soulagement de voir la course se terminer?
Dans un sens oui... Ce serait plus facile de savoir qu'un des skippers qui a abandonné a réussi à reprendre sa vie sans faire attention à la course, mais c'est impossible. Jusqu'à ce que tous les bateaux soient arrivés nous sommes en quelque sorte liés les uns aux autres.
Qu'avez-vous pensé de la course?
C'est une course incroyable, unique. La performance des deux bateaux de tête m'a beaucoup impressionné. Quand je pense qu'il n'y a pas si longtemps, il était difficile de briser la barre des 80 jours en trimaran en équipage et que désormais, un homme seul sur un 60 pieds peut réussir cette performance, c'est incroyable. Pour réussir une telle performance, François a su réaliser le cocktail parfait. Tout d'abord, il a eu la chance nécessaire à tout grand champion. La chance d'avoir des conditions optimales de navigation mais surtout d'éviter les objets flottants qui sont un fléau pour tout navigateur. Mais la chance n'est qu'un petit élément, la raison majeure de sa victoire est qu'il avait un bateau très rapide et le talent nécessaire pour tout maîtriser durant 78 jours.
Quelques mots au sujet de François Gabart?
Je lui transmets toutes mes félicitations les plus chaleureuses. Il a réussi une performance incroyable et il s'est parfaitement preparé pour réaliser ce record. C'est un aboutissement fantastique pour lui. En plus, c'est quelqu'un de très sympa et très abordable. Il est aussi le plus jeune vainqueur du Vendée Globe donc il mérite deux fois plus de félicitations, bravo François!
C'était votre tout premier Vendée Globe?
Cette année a été fabuleuse pour moi, une année de dur labeur qui avait comme objectif final de s'aligner sur le Vendée Globe. C'était déjà une grande satisfaction d'avoir réussi à être sur la ligne de départ de cette course unique. Nous avons fait ce qu'aucun Polonais n'avait jamais fait auparavant et je suis très fier de cela. Malheureusement, l'aventure a tourné court mais c'est quelque chose de tellement incroyable que j'ai évidemment envie d'une deuxième participation pour, cette fois-ci, boucler le tour du monde.
Quelles sont vos échéances?
J'ai un très bon bateau, très rapide, il n'est pas question de le laisser trop longtemps au port. Actuellement, je pars en équipage pour tenter de battre le record entre Las Palmas et la Guadeloupe. Après, je vais m'aligner sur trois autres courses d'équipage: la Pineapple Cup, les 600 milles des Caraïbes et la Heineken Cup. Ces courses vont me permettre de faire quelques réglages et des essais sur le bateau, ensuite, je partirai pour New York. Être de l'autre côté de l'Atlantique serait une belle opportunité pour tenter le record New York - Cap Lizard, un classique. J'ai une totale confiance dans les capacités de mon bateau et établir un nouveau record est tout à fait possible. Ce serait en plus une préparation idéale pour la Transat Jacques Vabre qui est l'événement majeur de cette année.