
Antichambre de la Coupe de l’America et incontestable laboratoire d’innovation, la « petite » Coupe de l’America ne manque pas de susciter l’intérêt des plus grands navigateurs français.
Si aucune équipe française n’est en lice pour conquérir la « grande » Coupe de l’America à San Francisco, trois sont en quête de la « petite » qui se déroule à Falmouth du 23 au 28 septembre 2103.
Pourquoi la petite ? Dans l’ombre de la Coupe de l’America, une série de catamarans a été créée par l’IYRU (institution internationale ancêtre de l’ISAF) : la Classe C. Cette série possède une jauge à la fois simple et restreinte permettant aux architectes d’imaginer et de tester de nombreuses innovations. La Classe C devient alors un véritable laboratoire d’essais du multicoque. Dès 1974, les Australiens sur « Miss Nylex » battaient les Néo-Zélandais en utilisant un plan de voilure entièrement rigide, faisant suite à trois années d’études. Le cahier des charges tient en quelques chiffres : le catamaran ne doit pas dépasser les 25 pieds (7,620m) en longueur et 14 pieds en largeur (4,267m). La surface de voile est limitée à 300 pieds (27,280m²) sans spinnaker ni voile d’avant, tout le reste étant libre.
Pour son retour en Europe, une première depuis 1970, la petite Coupe de l’America (little America’s Cup pour les anglo-saxons) devrait accueillir dix nationalités différentes parmi lesquelles on retrouvera le Canada, les Etats-Unis, l’Italie, le Portugal, la Suisse, le Royaume-Uni, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Suède et la France. Cette classe, sorte de pôle d’innovation des plus grands multicoques, ne manque pas d’attirer quelques grands noms de la voile française. Faute de financement suffisant pour engager un projet sur la « grande » Coupe de l’America, deux Français habitués des mers se retrouvent à la barre de deux équipes de Classe C.
« Crucial d’y participer en vue de la future Coupe de l’America »
Le dernier vainqueur de la Volvo Ocean Race sur Groupama, Franck Cammas, voit dans cette série un laboratoire idéal pour rester en phase avec les nouvelles techniques de navigation des grands multicoques. L’usage de l’aile rigide et des foils figurent comme des points clefs de la performance des futurs catamarans. « Techniquement et sportivement, il est crucial que mon bureau d’étude et ses dix années d’expérience participe à cette édition de la petite Coupe de l’America car à moyen terme, mon objectif est de participer à la 35ème édition de la vraie Coupe de l'América, affirme Franck Cammas». Même leitmotiv dans le Finistère où le double vainqueur du Vendée Globe, Michel Desjoyeaux, déclare que « cette petite Coupe en Classe C est pour nous l'occasion de travailler sur la technologie des ailes rigides que l'on voit sur la vraie Coupe de l'America. Et si on veut garder toutes les portes ouvertes dans ce domaine pour l'avenir, il faut prendre le train en marche avant qu'il ne s'échappe » avoue-t-il.
Outre ces deux ténors de la voile, un autre défi français est engagé, mené par Benjamin Muyl et Hervé Penfornis, deux concepteurs de multicoques ayant, entre autre, contribués à la très bonne campagne des Néo-Zélandais dans la Coupe de l’America. Avec eux, le jeune Gwenolé Gahinet et l’expérimentée Karine Fauconnier entendent bien mener leur « Patient Lady VI » vers la victoire. Un premier galop d’essai du 22 au 26 mai à l’Ecole Nationale de Voile de Quiberon permettra de juger lequel de ces projets est le plus abouti. Michel Desjoyeaux, Franck Cammas, Benjamin Muyl et Jérémie Laguarigue, à la tête du projet Suisse « Hydros » se retrouveront autour de trois bouées pour des courses en flotte, match-racing et concours de vitesse. Pour la première fois depuis la création de la série, le trophée pourrait bien traverser la Manche à l’issue de l’ultime bataille navale de Falmouth en septembre prochain.