Bel épilogue pour Dick

Course au large
Par Figaro Nautisme

Jean-Pierre Dick a pris héroïquement la quatrième place du Vendée Globe ce lundi après-midi. Tandis que Javier Sanso était secouru sain et sauf après son chavirage.

Jean-Pierre Dick a pris héroïquement la quatrième place du Vendée Globe ce lundi après-midi. Tandis que Javier Sanso était secouru sain et sauf après son chavirage.

En franchissant lundi, à 16h05, la ligne d’arrivée aux Sables d’Olonne, Jean-Pierre Dick (Virbac-Paprec) a écrit l’une des pages les plus héroïques du Vendée Globe. On se souviendra moins de la quatrième place du skipper niçois que du fait qu’il ait bouclé en 86 jours 3 heures et 3 minutes son tour du monde en étant privé de quille lors des deux dernières semaines de course. Depuis son avarie survenue le 21 janvier, à 550 milles dans le nord-ouest des îles du Cap Vert, Jean-Pierre Dick a parcouru la bagatelle de 2 650 milles. Une sacré performance à la barre d’un bateau à l’équilibre précaire qui pouvait chavirer à tout moment. Faisant preuve d’un grand sens marin, Dick avait pris la précaution de rester sagement au mouillage le week-end dernier dans la baie de San Ciprián, sur la côte nord de l’Espagne, en attendant la fin d’un coup de vent avant de reprendre la mer dimanche matin.

 

La fierté de Dick

 

L’accueil a été à la hauteur de l’exploit et la foule avait envahi les quais du chenal des Sables d’Olonne pour venir acclamer le héros du jour. Dès son arrivée sur le ponton d’honneur, Dick exprimait le sentiment du devoir accompli. « Je ressens de la fierté d’avoir mené mon bateau à bon port. La course a pris une tournure différente pour moi quand j’ai perdu ma quille et quand j’ai cassé mon étai. Ce n’était pas facile de rester au contact avec la tête, ils allaient vite. Je me suis résolu à ma troisième place puis il y a eu ce coup de sort. Après je me suis reconcentré sur le fait d’arriver, ça a été un beau travail intellectuel. C’était un choix cornélien mais aujourd’hui on peut dire que j’ai pris la bonne décision. Chavirer ne tient à rien et finalement l’espoir de terminer revient, ça a été un peu rock’n’roll. Il faut garder la foi pour continuer la course. S’arrêter trois jours sans perdre de place est assez extraordinaire. Ce n’est pas possible dans beaucoup de régates ».

 

Sanso sain et sauf

 

A quoi ça tient le destin ? A pas grand chose. Jean-Pierre Dick aurait pu chavirer aussitôt après avoir perdu sa quille. Ce ne fut pas le cas. Javier Sanso n’a pas connu cette chance dimanche midi quand Acciona 100% EcoPowered a perdu sa quille puis chaviré dans la foulée. Le récit du skipper espagnol, qui a été hélitreuillé depuis, fait froid dans le dos. « Tout est allé très vite. Aux alentours de midi, je naviguais au près dans 20 nœuds de vent de nord-est. D’un coup, alors que j’étais sur le pont afin de prendre un ris, j’ai entendu un grand bruit et le bateau a gîté brusquement. Je suis tombé à l’eau avant d’avoir le temps de réagir. J’ai pu voir Acciona continuer à basculer rapidement jusqu’à chavirer complètement. J’ai pu nager jusqu’au tableau arrière et activer mon canot de sauvetage, dans lequel je suis monté. J’y suis resté tout l’après-midi et une bonne partie de la nuit. Je n’ai pas pu m’amarrer au bateau car la mer était très formée et m’en suis donc rapidement éloigné. A 18 heures, j’ai aperçu l’avion de Sauvetage Maritime à qui j’ai fait des signes avec une fusée de détresse. La vue de l’avion m’a particulièrement rassuré. Vers 23h55, j’ai de nouveau entendu un bruit de moteur et j’ai vu un hélicoptère en train de manœuvrer au-dessus de la zone où se trouvait le bateau, à environ 2 milles de l’endroit où je me trouvais. La nuit était très noire et pendant une seconde, j’ai eu peur qu’il ne me repère pas. Après avoir allumé ma dernière fusée, l’hélicoptère s’est dirigé vers moi et un sauveteur a plongé pour me donner un harnais qui leur a permis de me hisser jusqu’à eux. Une fois à bord, un médecin m’a examiné et vérifié que j’allais bien. Je suis maintenant dans la base aérienne de Lajes, sur l’île de Terceira. Désormais, après un repos indispensable, il s’agit de préparer avec mon team l’opération de récupération du bateau. Ainsi, nous pourrons étudier avec exactitude ce qu’il s’est réellement passé ».

 

Le Cam bien placé

 

Pendant que Jean-Pierre Dick coupait la ligne d’arrivée, Mike Golding (Gamesa) pointait à 653 milles du but. Au large des côtes portugaises, le skipper anglais était alors aux prises avec des vents de face et progressait difficilement à 9 noeuds. Dans une position beaucoup plus confortable, trois degrés plus nord et décalé dans l’ouest, Jean Le Cam (SynerCiel) qui ne comptait plus que 16 milles de retard sur Gamesa, naviguait en route directe à 12,8 noeuds poussé par un flux de nord-ouest bien établi. Sauf coup de théâtre, Le Cam devrait s’adjuger la cinquième place mercredi. Le Finistérien sera accompagné par Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) qui le suivait hors-course.

 

LES VOIX DU LARGE

 

Alessandro Di Benedetto (Team Plastique) : « Ça va bien, le vent commence à baisser car je me rapproche de l’équateur. Je suis à 10h de navigation (environ 80 milles) du passage de l’équateur. Je vais pouvoir commencer à voir l’étoile polaire. C’est un peu calme du fait que je n’ai plus de voiles de portant. Ce ne sont pas des configurations habituelles sur le bateau. J’ai fait tous les essais pour gagner des dixièmes de nœuds. Le moral a toujours été bon. C’est sûr qu’il y a eu une déception quand j’ai vu le petit gennaker éclater pour la deuxième fois. Il y a probablement des défauts de couture, il a vraiment explosé. Il faut faire avec, ça fait partie du Vendée Globe. Le matériel est mis à rude épreuve et si en plus il a des défauts de conception, ça casse. Ça va baisser la moyenne mais il faut que je tienne encore quelques jours parce qu’ensuite, je vais avoir beaucoup de près ».

 

Tanguy de Lamotte (Initiatives-Cœur) : « J’ai pu dormir cette nuit. J’avais 30 nœuds de vent et une grosse mer. Ça s’est un peu calmé ce matin avec 15 à 18 nœuds de vent et la mer s’est un peu aplatie. Hier soir, j’ai cousu une petite sangle que je vais aller positionner dans le bas de la dérive pour la tirer vers l’avant. Je vais m’y attaquer aujourd’hui. Par contre, je vais bien mesurer les conséquences avant, car si elle sort elle peut devenir un danger potentiel pour la coque. Je vais peut-être attendre encore un peu. Pour le trou dans la coque, il faudra que j’aie de bonnes conditions pour le boucher. J’ai réussi à colmater les plus gros trous. J’ai mis des chiffons pour limiter la rapidité d’entrée d’eau. La pompe tourne 10 minutes tous les trois quarts d’heure. Une fois que j’aurai enlevé la dérive, le trou sera un peu plus gros ».

 

CLASSEMENT

Positions du 04/02 à 16 heures : 1.François Gabart (Macif) arrivé le 27/01 à 15h18; 2.Armel Le Cléac´h (Banque Populaire) le 27/01 à 18h35; 3.Alex Thomson (Hugo Boss) le 30/01 à 8h25; 4.Jean-Pierre Dick (Virbac Paprec) le 04/02 à 16h05; 5.Mike Golding (Gamesa) à 653 milles de la ligne d’arrivée; 6.Jean Le Cam (SynerCiel) à 16 milles de Golding; 7.Dominique Wavre (Mirabaud) à 281 m; 8.Arnaud Boissières (Akéna Vérandas) à 369 m; 9.Bertrand De Broc (Votre Nom Autour du Monde avec EDM Projets) à 1 165 m; 10.Tanguy de Lamotte (Initiatives-Coeur) à 1 964 m; 11.Alessandro Di Benedetto (Team Plastique) à 2 488 m. Abandons : Marc Guillemot (Safran); Kito de Pavant (Groupe Bel); Samantha Davies (Savéol); Louis Burton (Bureau Vallée); Jérémie Beyou (Maître CoQ); Zbigniew Gutkowski (Energa); Vincent Riou (PRB); Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat); Javier Sanso (Acciona 100% EcoPowered).
 

L'équipe
METEO CONSULT
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.