
C’est le jour d’après pour Bernard Stamm. Souriant et détendu, il a confié ses premières impressions sur sa course pavée de complications.
Il est arrivé dans la salle de conférence amaigri. « J’ai perdu 7 kilos, confirme-t-il. Je n’avais pas beaucoup de gras mais là, il n’y en a plus ! Et j’ai pris des muscles là où ça servait moins pour les mettre là où ça servait plus. » Sa dent va bien, « mais il faudrait qu’un dentiste regarde car je n’en ai peut-être colmaté une ou deux en même temps ! » Le ton malicieux revient souvent sur les galères de couse. « Il y a un paramètre que j’avais zappé dans la conception du bateau, c’est la protection du bonhomme ! Un monocoque ça va sous l’eau, ça prend des vagues à pleine vitesse, donc il va falloir retravailler sur Cheminées Poujoulat pour améliorer ça. » Bernard Stamm n’est pas décidé à se séparer de son voilier, même s’il l’a parfois maudit pendant la course : « Le bateau c’était un adolescent en partant et là il va devenir mature, a-t-il expliqué. Ce serait bête que je le donne à quelqu’un d’autre maintenant ! » Le marin veut également faire évoluer sa préparation physique. « Mon entraînement était pensé pour une course sans problème, précise-t-il. Par exemple, le gros de l’entraînement portait sur le maniement du winch (ndlr : démultiplier la traction exercée sur les cordages) et je n’en avais plus ! » Sa préparation a été fortement perturbée par son accident lors de la Jacques Vabre, une voie d’eau qui a nécessité son évacuation par hélitreuillage (avec le navigateur Jean-François Cuzon). « Le Vendée Globe se joue à la préparation. Les chantiers que tu n'as pas faits à terre, tu les fais en mer, observe Bernard Stamm. François (Gabart), mal préparé, n’aurait pas fait son Vendée Globe comme il l’ fait. »
Un tour du monde bricolage
Les fixations d’hydrogénérateurs ont causé des soucis au navigateur dès le deuxième jour de course. "Le problème vient de l'implantation. C'est un jouet", a répété Bernard Stamm. Il est également revenu sur sa disqualification en rappelant qu’il avait subi la présence du marin russe sur son bateau. « Ce gars-là, il aurait parlé couramment français, cela n’aurait rien changé. Je n’ai pas eu le temps ! » Puis il ajoute que si le bateau russe n’avait pas été là, il aurait été tout de suite hors course. « Je crois que ce que le jury n’a réalisé c’est qu’en 2008, j’ai perdu un bateau ! Celui-là, il fallait que je le préserve. Un moment, la course c’est une chose mais il faut avant tout agir en marin. » Sur la suite de son tour du monde, hors course, il explique : « Ce qui était bizarre c’était de finir la course caché. Ce n’était pas le cas à bord, je voyais très bien la position des autres concurrents mais j’ai bien compris qu’à terre on ne me voyait pas (ndlr : sur la cartographie de course) donc il fallait faire toute une gesticulation pour me comparer aux autres bateaux. »
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