
Le trophée le plus convoité des régatiers est désormais à portée de bras des jeunes âgés de 19 à 24 ans. Pour gagner le droit de concourir à la Red Bull Youth America’s Cup, douze équipes vont s’affronter pendant deux semaines (du 9 au 24 février) à San Francisco.
Figaro Nautisme a rencontré en exclusivité Roman Hagara et Hans-Peter Steinacher, doubles médaillés d’or olympique de Tornado (catamaran) à Sydney et Athènes. Promus directeurs de la compétition par Red Bull, leur sponsor commun sur Extreme 40, ces deux Autrichiens sont chargés d’évaluer les équipes et ainsi délivrer à cinq d’entres elles le précieux droit d’entrée pour les régates finales du 1er au 4 septembre 2013 à San Francisco.
Figaro Nautisme : Quel est le profil des jeunes marins de la première Red Bull Youth America’s Cup ?
Roman Hagara : Les jeunes viennent principalement du milieu du catamaran, et certains possèdent déjà une expérience en Décision 35, M2 (circuit de trimarans et catamarans en Suisse) et même en Extreme 40. Les équipes se sont entrainées avec parfois deux professionnels à bord, ils apprennent très rapidement mais ont encore une technique à perfectionner pour mener un AC45.
Etes-vous surpris par l’engouement de cette Red Bull Youth America’s Cup ?
Hans-Peter Steinacher : Pas vraiment, les jeunes d’aujourd’hui cherchent très tôt des moyens d’entrer dans des équipes professionnelles et naviguer sur des bateaux rapides et spectaculaires ; une opportunité comme celle-ci ne pouvait que les séduire.
Comment s’organise ces sélections ?
Roman Hagara & Hans-Peter Steinacher : Nous sommes chargés d’évaluer les différentes équipes aspirantes à courir la Red Bull Youth Americ’s Cup du 1er au 4 septembre 2013 à San Francisco. Les évaluations s’organisent en deux sessions de six équipes, sur trois AC45 autour de régates et de manœuvres. Les cinq meilleures équipes seront en finale pour décrocher le premier trophée de l’histoire en septembre.
« L’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Suisse, l’Italie et le Danemark favorites »
Les équipes sont-elles sur le même pied d’égalité ?
Hans-Peter Steinacher : Oui, toutes ont leur chance mais en réalité il existe de grosses différences entre les équipages. Des nations comme l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Suisse, l’Italie et le Danemark ont déjà beaucoup d’expérience et font donc partie des favorites pour les sélections. Mais rien n’est joué d’avance car nous évaluons aussi la capacité et la rapidité d’apprentissage des jeunes régatiers.
Quels sont les critères que vous allez retenir ?
Roman Hagara : Le facteur déterminant sera la faculté d’adaptation à un bateau aussi exigeant physiquement que l’AC45. Nous sommes chargés de désigner des équipes capables de remporter la Red Bull Youth America’s Cup. On sera intransigeant sur leur projet global, c’est à dire leur calendrier de préparation jusqu’à l’événement final. Nous voulons des équipes jeunes avec un vrai management d’équipe professionnelle.
Vous entamez votre quatrième saison d’Extreme 40, quelles différences faites-vous avec les AC45 ?
Roman Hagara & Hans-Peter Steinacher : La plus grande différence vient de l’utilisation de l’aile rigide à la place de la grand-voile. Cette technologie est très couteuse, normalement réservée à une élite et c’est pourquoi peu de personnes savent en tirer le meilleur. La vitesse du bateau est plus élevée sur AC45 ce qui nécessite une plus grande rapidité d’exécution et de réaction.
« Plus jeunes, nous y serions allés à coup sûr ! »
Que représente la Coupe de l’America pour vous ?
Roman Hagara & Hans-Peter Steinacher : Le rêve de tous les marins… D’ailleurs cette Red Bull Youth America’s Cup doit être aussi un rêve pour eux. Si nous avions eu l’opportunité d’y participer plus jeune, nous y serions allés à coup sûr !
L’America’s Cup fait désormais la part belle au multicoque ; en tant que spécialiste du catamaran pourquoi ne pas tenter l’aventure ?
Roman Hagara & Hans-Peter Steinacher : Nous aimerions nous engager sur l’America’s Cup mais nous avons lancé un projet d’Extreme 40 il y a trois ans avant de savoir que la Coupe allait se disputer sur des catamarans. Le format de course est différent en AC45, les courses sont plus longues et assez éloignées des spectateurs par rapport au Extreme Sailing Series. Le budget d’une équipe d’AC45 est également largement supérieur à celui d’une saison d’Extreme 40.
Quel est votre objectif pour la saison d’Extreme 40 qui reprend en mars à Oman ?
Roman Hagara & Hans-Peter Steinacher : Cette année il est clair que nous devons gagner des régates ! Après nous verrons bien où nos résultats nous mèneront au classement général, nous convoitons forcement une des marches du podium.
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