
Après l'arrivée du dernier marin vendredi, l'heure est au bilan pour l'Everest des mers.
UN mélange de régate et d'aventure. Le skipper Alessandro Di Benedetto a franchi vendredi à la mi-journée la ligne d'arrivée du Vendée Globe et écrit la dernière page de la grande aventure entamée le 10 novembre dernier aux Sables-d'Olonne. La 7e édition du Vendée Globe aura confirmé que l'Everest des mers fait rêver pour ses deux facettes. La régate tout d'abord avec un magnifique mano a mano entre François Gabart (Macif) et Armel Le Cléac'h (Banque Populaire) qui n'ont franchi la ligne d'arrivée qu'avec 3 heures et 17 minutes d'écart en un temps record de 78 jours. Un homme sur un monocoque fait aujourd'hui mieux que Bruno Peyron en équipage en multicoque sur le Trophée Jules Verne en 1993. Cette édition du Vendée Globe a aussi été marquée par une ahurissante chasse au record des 24 heures, début décembre, quand la tête de flotte est entrée dans le grand sud. Une chasse remportée par Gabart qui a parcouru 534,48 milles en 24 heures, presque un millier de kilomètres (989,8 exactement) laissant loin derrière le précédent record du Britannique Alex Thomson (468,72 milles en 2003). Sur le plan sportif, il faut également signaler que 2008 avait été l'édition des démâtages avec 5 démâtages, tandis que 2012 aura été l'édition des problèmes de quille avec également 5 fortunes de mer liées à des problèmes sur cet appendice névralgique. Les prochains bateaux devront sans doute évoluer vers plus de fiabilité.
Mais le Vendée Globe a aussi confirmé qu'il restait une magnifique aventure. Le courage de Jean-Pierre Dick (Virbac Paprec 3) qui est arrivé en 4e position après avoir parcouru 2100 milles sans sa quille ou l'abnégation de Bernard Stamm (Cheminées Poujoulat) qui a terminé son tour du monde hors course en sont l'illustration.
Et puis il y a ceux que l'on appelle les Coubertinistes: ils ne sont là que pour l'aventure et pour faire partager le rêve océanique avec le grand public. Tanguy De Lamotte (Initiatives Coeur), parti pour faire le tour du monde mais aussi sauver des enfants souffrant de malformation cardiaque, en est l'exemple. «Ma plus belle émotion du Vendée Globe, c'est de voir les gens qui me disaient merci à mon arrivée en remontant le chenal, explique le marin. Quand on me dit que mon projet était le rayon de soleil et la fraîcheur du Vendée Globe, je suis très fier.» Le bonheur d'être en mer d'Alessandro di Benedetto fait également partie des belles images du Vendée Globe. Il faut noter que les aventuriers sont de plus en plus performants sur l'Everest des mers: Di Benedetto a mis 26 jours de plus que Gabart pour boucler son grand tour, c'est le plus petit écart entre un premier et un dernier de l'histoire de la course: en 2001, Desjoyeaux était arrivé 64 jours devant De Gregorio.
Les regards sont maintenant tournés vers 2016. La Classe IMOCA va devoir décider d'une évolution de sa jauge et notamment traiter le dossier épineux de la monotypie et du bateau sur lequel se courra le prochain Vendée Globe. Les poids lourds de la classe assurent que les évolutions n'empêcheront pas de voir de nouveaux Tanguy De Lamotte et Alessandro di Benedetto débarquer sur l'Everest des mers. Une sage décision pour que la course conserve toute sa richesse.