VIDEO - Cinq jours après avoir posé pied à terre, Alessandro di Benedetto pense déjà à repartir pour le prochain Vendée Globe. Nous l'avons rencontré dans un café de Montparnasse, entre un plateau télé et un direct radio.
Ses traits sont tirés mais l'éclat malicieux de son regard revient très vite lorsqu'il évoque son tour du monde complété vendredi dernier. Il explique avoir été porté par les messages de soutien reçus à bord, notamment après son accident.
Une belle frayeur
Dans la nuit du 20 au 21 janvier, Alessandro di Benedetto a été frappé au visage par une écoute alors que son bateau empannait de façon inopinée. Le choc l'a fait retomber sur le thorax. «Lors du choc, j'ai eu peur de devoir être amputé du visage car je ne sentais plus toute la zone autour de mon nez, nous confie-t-il. Avec le froid, les mains glacées, j'avais bien du mal à sentir si mon nez était bien en place.» Après avoir vérifié sa vision, mis en sécurité le bateau, il est rentré dans le cockpit pour vérifier son visage dans un miroir et passer sa main sous sa combinaison étanche pour vérifier sa côte qui le faisait souffrir. «J'avais peur d'une fracture ouverte mais je n'ai pas senti de sang et le docteur Jean-Yves Chauve, joint par téléphone, m'a assuré que la côte n'avait pas performé mon poumon car ma respiration était régulière.» Le médecin du Vendée Globe lui prescrit ensuite du simple paracétamol pour ne pas risquer un état de somnolence chez son patient déjà bien fatigué. Pas question non plus de prendre de la codéine qui aurait provoqué des hallucinations. «Heureusement que j'ai échappé aux hallucinations car quelques jours plus tard je grimpais en tête de mât!», remarque Alessandro di Benedetto. Le médecin rappelle également qu'il est important de continuer à sentir la douleur pour ne pas aggraver sa blessure avec une manoeuvre. «Le simple fait de me lever de ma bannette pour répondre au téléphone me faisait monter les larmes aux yeux, témoigne le marin. Il m'a ensuite fallu une heure pour envoyer la grand-voile, centimètre par centimètre, car je ne pouvais que rester assis.» Le lendemain de son accident, Alessandro di Benedetto envoyait une vidéo pour remercier son public pour les nombreux messages de soutien reçus.
Une revanche sur les mauvaises langues
Avec son arrivée triomphante aux Sables d'Olonne, Alessandro di Benedetto a le sentiment d'avoir pris une belle revanche sur les médisants. «Avant le départ, il y avait parfois des sous-entendus selon lesquels je n'allais même pas couper la ligne de départ», se souvient le marin. «C'était dans l'air mais nous étions sûrs de nous.» Alessandro di Benedetto rappelle sa formation scientifique ainsi que son expérience et notamment son tour du monde en 6.50. Il n'oublie pas Didier Elin, le patron de son principal sponsor. «Il a la tête sur les épaules, les pieds sur terre, commente le skipper. Il a remonté le chenal avec moi, sur Team Plastique, pour bien montrer aux gens qui rigolaient face à notre petit budget que nous l'avions fait, et bien fait.» Alessandro di Benedetto a réussi à battre le record du plus petit écart entre le premier et le dernier avec une embarcation vieille de 15 ans. Pour le prochain Vendée Globe, qui brille déjà au fond de ses yeux, le marin souhaite faire construire un bateau de dernière génération. «Bien sûr, pour cela il lui faut un nouveau sponsor car nous ne pouvons pas prendre en charge le budget nécessaire», explique Didier Elin, le patron de Team Plastique. Ce dernier va donc poursuivre la mission qu'il s'était fixé avant même de prendre le rôle de sponsor principal: aider son ami à trouver un nouveau partenaire. «Et nous collerons peut-être un autocollant sur son prochain bateau!», ajoute-il. Alessandro di Benedetto aimerait s'aligner pour la Transat Jacques Vabre et la Route du Rhum. «Je vais également publier un nouveau livre pour retracer mon aventure en la comparant avec mon tour du monde en 6.50.» Pour cela, il a déjà plusieurs pages de brouillon, griffonnées pendant son Vendée Globe.
Question vidéo: Quel plaisir sur l'eau?