
Après un départ et des premiers milles dans le goulet de Brest relativement confortables, l’entrée en mer d’Iroise a changé radicalement la donne pour les 15 solitaires engagés dans la Transat Bretagne – Martinique. Car s’ils composent toujours avec les grains, c’est désormais à plus de 40 nœuds qu’ils sont confrontés dans le golfe de Gascogne. Pas simple.
« C’est la guerre ! Le vent est extrêmement violent et on se fait balloter dans tous les sens. Ce n’est pas franchement la fête » lâchait Yann Eliès (Groupe Quéguiner – Leucémie Espoir), ce matin, à la vacation officielle. « On fait le dos rond en attendant la fin de la tempête », expliquait Gildas Morvan (Cercle Vert), de son côté. De fait, si la nuit a déjà été mouvementée avec une trentaine de nœuds, des grains et même des giboulées, depuis 5 heures ce matin, le vent est encore monté d’un cran pour atteindre désormais 40-45 nœuds. De plus, la mer s’est, elle aussi, considérablement dégradée ces dernières heures. Mauvaise, voire « impressionnante », selon les termes de certains solitaires, elle rend la vie dure à bord des Figaro Bénéteau 2. « Je me réfugie à l’intérieur. Sur le pont, on se fait chahuter de tous les côtés et il fait très froid. Je sors juste pour régler le bateau quand il y a des variations de pression et laisse le pilote automatique faire le boulot et lui donnant de temps en temps un petit coup de main » expliquait pour sa part Yoann Richomme. Auteur du meilleur départ hier, le Lorientais a manifestement rapidement trouvé son rythme et pointe ce lundi, à 12 heures, en deuxième position derrière Fred Duthil. Aux commandes depuis le milieu de nuit, le skipper de Sepalumic avouait pour sa part avoir passé pas mal de temps sur le pont à border et à choquer au grès des rafales et concédait que c’était loin d’être de tout repos.
Faire le dos rond
« On se fait secouer copieusement. En ce qui me concerne, j’ai un peu le mal de mer et je suis un peu en mode survie. Ce n’est pas facile », détaillait, un peu plus tard dans la matinée, le jeune Simon Troël, bizuth de cette transat en solitaire entre Brest et Fort-de-France. Quoi qu’il en soit, lui comme ses concurrents se doivent d’être attentifs aux différents grains pour ne pas risquer de casser une latte ou de déchirer une voile. C’est malheureusement la mésaventure qu’à connu Thierry Chabagny à bord de Gedimat, vers 9 heures ce matin. Ce dernier a, en effet, rapporté une avarie de grand voile, le galon de celle-ci s’étant arraché sur près de 10 mètres de long. Le Névezien progresse donc actuellement sous solent seul et fait le point avec son préparateur. Une certitude cependant : impossible pour lui d’envisager de réparer dans l’immédiat compte-tenu des conditions météo. « J’ai relevé jusqu’48 nœuds. A chaque passage nuageux, c’est pareil. Clairement, lorsque l’on est dehors, il faut s’attacher parce qu’on se prend de très gros paquets de mer. Pour le reste, que ce soit au niveau de l’alimentation ou du sommeil, on s’en tient au minimum ». Cette situation délicate devrait durer au moins jusqu’à cette nuit et commencer à faiblir demain, en fin de journée, au large du cap Finisterre, à l’approche d’un axe de dorsale. La bonne nouvelle, c’est qu’en attendant, les solitaires vont continuer d’avaler les milles à vitesse grand V, sous solent et avec deux ris dans la GV, ce qui, de mémoire de Figariste, n’était plus arrivé depuis la Transat AG2R – LA MONDIALE 2008 !
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