
Alors que la flotte de la Transat Bretagne-Martinique s’est scindée en deux, ce mardi, avec d’un côté un petit groupe de quatre bateaux décalé à l’ouest, et de l’autre le reste de la meute qui progresse le long des côtes du Portugal, une nouvelle dépression assez violente s’apprête à cueillir les solitaires dès ce mercredi après-midi.
Bien se reposer, bien dormir, faire sécher les affaires et réparer les petites bobos survenus pendant le coup de vent d’avant-hier : tel était le programme de ces dernières 24 heures pour les 14 concurrents toujours en course dans la Transat Bretagne-Martinique. Tous sont désormais prêts à affronter un nouveau coup de Trafalgar. D’ailleurs, depuis 9 heures ce mercredi, la situation sur l’eau commence à évoluer. Les génois ont remplacé les spis et c’est dorénavant au près que la flotte progresse, le vent ayant basculé au sud sud-ouest. Dès cet après-midi, avec l’arrivée du front chaud d’une perturbation, il va continuer de basculer pour s’orienter au sud et prendre franchement des tours. Pas moins de 40 nœuds fichiers sont annoncés. « Les conditions météo vont être très difficiles pendant 24 heures entre ce soir et demain soir avec des vents qui pourront temporairement atteindre le stade de la tempête et une mer démontée » a indiqué Cyrille Duchesne, de Météo Consult. Par conséquent, à bord des Figaro Bénéteau 2, on tâche d’anticiper au maximum.
« Pas envie de se faire casser la gueule »
« Comme le vent rentre petit à petit, on entre dans le vif du sujet progressivement. Bientôt on enverra le solent à la place du génois. Ensuite, on prendra un ris puis deux dans la grand voile. Les écoutes sont prêtes et le bateau bien rangé. Je vais assurer et essayer de ne rien casser. Pas question de faire le mariole », indiquait Corentin Horeau (Bretagne – Crédit Mutuel Espoir), ce mercredi matin à la vacation. Son de cloche identique du côté de Yann Eliès sur Groupe Quéguiner – Leucémie Espoir : « Il faut faire un maximum de choses avant le mauvais temps. Je n’ai pas l’intention d’attendre le dernier moment pour changer de voile. Le but : essayer de se sortir de ce passage difficile avec le bateau dans le meilleur état possible ». L’un comme l’autre se préparent au pire, surtout qu’ils font partie de la petite bande des quatre qui s’est décalé dans l’ouest au passage du DST du cap Finisterre. Ils le savent, ils vont affronter des vents plus forts encore que leurs camarades de jeu situés plus à l’est, au large du Portugal. Une situation que certains ne leur envie pas vraiment. « Visiblement quelques copains ont décidé d’aller au charbon. De mon côté, je préfère éviter le plus fort de la tempête en restant près de la côte » avouait Fabien Delahaye (Skipper Macif 2012). Le jeune Simon Troël à bord des Recycleurs Bretons indiquait, lui aussi, ne pas vouloir aller trop au carton. « Je n’ai aucune envie d’aller me faire casser la gueule », lâchait t-il dans la matinée. Lui, et tous ceux qui auront choisi la même option, géreront toutefois un paramètre supplémentaire : les nombreux bateaux, cargos et pêcheurs généralement présents dans cette zone. Et si les solitaires les plus à l’ouest vont effectivement essuyer le plus gros du front, ils pourraient avoir un avantage de positionnement pour la suite des événements. Pour résumer : si les prochaines 36 heures s'annoncent délicates et viriles, elles vont aussi être particulièrement intéressantes pour les observateurs.
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