
Le doyen 2013 est un double vainqueur. A 65 ans, Gilles Le Baud n’a pas oublié la Solitaire qu’il a remportée en 1973 et 1978 lorsque cette course s’appelait encore l’Aurore.
La Solitaire est une drogue dure qui laisse des marques. « Pendant toutes ces années, je n’ai pas perdu le contact avec la course, nous explique Gilles Le Baud. J’ai suivi l’émergence des jeunes talents et cela réveillait des choses en moi chaque année, même si je ne suivais pas les étapes heure par heure, comme un fan. » Le marin cite d’abord trois skippers qui ont également deux victoires à leur compteur : Armel Le Cleac’h, Jérémie Beyou et Nicolas Troussel. « Je pense tout de suite à eux car ils sont de Bretagne Nord, comme moi ! » précise Gilles Le Baud qui évoque aussi Nicolas Lunven et Yann Elies, deux skippers dont il a très bien connu les pères. Les enfants naviguent-ils comme leurs pères ? « Pas du tout ! » répond-il aussitôt dans un éclat de rire. « Bruno Lunven est un très bon marin mais à l’époque on allait boire une bière en rentrant au port ! Nous considérions la course comme une récréation. Son fils, Nicolas, est extrêmement sérieux, c’est un grand professionnel avec un très bon budget de la part de Generali. La morphologie des skippers a également beaucoup changé avec leur entrainement sportif complet. » Gilles Le Baud se doute bien qu’il ne retrouvera pas les fêtes fabuleuses de l’époque. « Nous étions une toute petite famille qui comprenait les skippers mais aussi les sponsors et les journalistes, précise-t-il. Et puis, il y a quarante ans, il n’y avait que 4 à 5 personnes qui pouvaient gagner. Aujourd’hui, la flotte est très homogène et le niveau du top 10 est incroyablement élevé. Même le top 20 est excellent ! »
Un mental de compétiteur
Quand on demande à Gilles Le Baud ce qui lui a permis de remporter ses deux victoires, en 1973 et 1978, il répond aussitôt son mental de compétiteur - « Je ne lâche rien ! » - mais aussi sa très bonne résistance au sommeil : « Je dors très peu et à volonté, explique-t-il. Les tests semblent montrer que j’ai conservé cette qualité mais je ne le saurai vraiment que sur la ligne de départ. Lorsque la chimie incroyable du cerveau, sur la ligne, entouré de mes concurrents, me permettra de mobiliser des ressources extraordinaires jusqu’à la ligne d’arrivée. C’est aussi cela que je viens chercher. » Il va aussi chercher le large pour se retrouver face à lui-même. « Et je veux montrer qu’à 65 ans, on est pas fini ! ajoute-t-il. Je sais bien que je serai en queue de peloton mais j’ai toujours ma mentalité de compétiteur donc j’espère bien avoir 2/3 bateaux autour de moi pour batailler. » Gilles Le Baud veut retrouver l’intensité de la Solitaire pour l’aider à passer un nouveau cap, celui de la retraite.
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