
Si la situation était déjà bien coriace dans la journée de jeudi pour les solitaires de la Transat Bretagne-Martinique, elle s’est encore dégradée, en fin de journée, au moment du passage de front.
En effet, peu avant sa rotation l’ouest, le vent a fraîchi subitement pour atteindre plus de 50 nœuds dans les rafales. Des conditions dantesques qui ont secoué copieusement les hommes et leurs montures à tel point qu’après Thierry Chabagny (Gedimat) et Yann Eliès (Groupe Quéguiner – Leucémie Espoir), ce matin, Fred Duthil, un autre des grands favoris de l’épreuve, a annoncé son abandon. Le skipper de Sepalumic, victime lui aussi d’une avarie de grand-voile, a en effet rapporté que celle-ci s’était ouverte en deux en dessous du deuxième ris alors qu’il renvoyait de la toile, tôt ce matin, alors que le vent se stabilisait autour de 25-28 nœuds. Si c’est évidement une immense déception pour le navigateur de Larmor Plage, qui fait désormais route faire Porto où il espère réparer avant de rejoindre la Bretagne, en tête de la flotte la bagarre continue.
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A l’ouest comme à l’est, désormais tous les Figaro Bénéteau 2 font cap au sud et s’observent. Qui a le meilleur angle de descente ? Qui est le mieux positionné à l’approche de l’anticyclone des Açores qui barre la route ? Voilà des questions qui devraient trouver des réponses rapidement. En attendant, sur l’eau on profite du retour de conditions maniables - au reaching et dans une vingtaine de nœuds de vent -, pour panser les petites plaies apparues dans le mauvais temps : une GV abîmée et actuellement en cours de réparation à l’intérieur du bateau pour Damien Guillou (La Solidarité Mutualiste), un solent déchiré dans le bas pour Corentin Horeau (Bretagne- Crédit Mutuel Espoir), une drisse à monter changer en tête de mât pour Simon Troël (Les Recycleurs Bretons) ou plus simplement des patchs à coller ici et là pour Erwan Tabarly (Armor Lux – Comptoir de la Mer) afin de renforcer les endroits ayant un peu ragué pendant la tempête. La liste est longue mais le moral des troupes est loin d’être entamé.
Meilleur au sud
Les solitaires le savent, le pire est normalement derrière eux. « Plus on va descendre vers le sud, plus les conditions seront clémentes » indiquait Yoann Richomme (DLCB – Module Création), à la vacation. Le fait est que la flotte devrait descendre assez bas en latitude dans les jours qui suivent, compte-tenu du positionnement de l’anticyclone. Les derniers routages le font en effet pousser jusqu’au milieu des Canaries. Vent de travers dans un premier temps puis, à partir de demain soir, au largue sous spi. Les prochains milles devraient donc être avalés à bonne vitesse. Pour l’heure, c’est entre 8 et 10 nœuds que les bateaux sont flashés. « C’est quasiment du tout droit mais on entame un petit jeu intéressant des trajectoires et des angles » a indiqué Yoann Richomme.