
Actuellement positionné très à l’est et très bas sur l’Atlantique, l’anticyclone des Açores oblige la flotte de la Transat Bretagne - Martinique à contourner les Canaries par l’est et à longer au plus près les côtes africaines si elle veut conserver du vent dans ses voiles. Cependant, deux solitaires ont choisi de tenter leur chance en traversant la dorsale. Un pari osé qui ouvre sérieusement le jeu.
« Du vent, du soleil, de la chaleur et du portant : il semble que nous ayons enfin retrouvé la voix de la raison ! » plaisantait Yoann Richomme (DLCB – Module Création), lors de la vacation officielle ce matin. De fait, pour lui et ses concurrents, la situation sur l’eau a radicalement changé – en mieux -ces dernières heures. « Enfin, on peut enlever les bottes et dormir dans une couchette à plat » soupirait de son côté Gildas Morvan (Cercle Vert). Et pour cause, depuis hier en fin de journée, le gros de la flotte progresse au portant, poussé par une quinzaine de nœuds de vent. Des conditions paisibles, agréables même, que les concurrents espèrent conserver le plus longtemps possible, comme l’explique Erwan Tabarly : « compte-tenu de la position actuelle de l’anticyclone des Açores, nous n’avons pas d’autre choix que de faire de « grand tour » si l’on veut rester dans le flux de nord-est que nous avons en ce moment. L’idée, c’est d’être ralenti le moins possible avant de retrouver des vents stables et consistants pour attaquer la traversée ». Non localisé à plusieurs reprises ces derniers jours, la faute à une balise défectueuse, le skipper d’Armor Lux – Comptoir de la Mer est aujourd’hui en tête de la meute à l’est avec une grosse dizaine de milles d’avance sur ses poursuivants direct, Yoann Richomme et Fabien Delahaye (Skipper Macif 2012).
Ballade africaine
Pour eux, la suite semble assez simple. Une fois les Canaries laissés à tribord - à la mi-journée pour les premiers – il s’agira de profiter du petit couloir de vent qui existe actuellement le long des côtes du Maroc, du Sahara Occidental et de la Mauritanie. « On va rester sur une route directe, au plus près de l’Afrique pendant au moins deux ou trois jours. Sans doute jusqu’à la latitude du Cap Vert. C’est assez rare de descendre si bas avant d’entamer une traversée de l’Atlantique» a précisé Yoann Richomme. Autant le dire, cette transat s’annonce longue. Pas étonnant, que certains tentent de couper le fromage. C’est le cas d’Arnaud Godart Philippe (Régates Sonénaises) et de Damien Guillou (La Solidarité Mutualiste). Hier soir, ces deux là ont décidé de mettre le cap à l’ouest et de traverser la dorsale. Une option radicale mais mûrement réfléchie par les deux hommes. « C’est tout sauf un coup de poker », justifiait le leader au pointage, à la vacation. De fait, certains routages leur donnent raison. « C’est une option à long terme car si elle paie, ce ne sera pas avant quatre jours » a expliqué Damien qui fait, depuis peu, route au près. Il le sait, en plus de refuser, le vent va aussi progressivement mollir mais le pari vaut d’être tenté. « La porte s’est ouverte un peu au dernier moment. Ca aurait été dommage de ne pas essayer. Je pense que ça va être intéressant » ajoutait Arnaud Godart Philippe qui, on l’imagine, a un peu accusé le coup en apprenant que sa partenaire d’entraînement, la Norvégienne Kristin Songe-Moller (Sponsor Me) était contrainte à l’abandon après son démâtage. Un coup dur, évidement, pour la seule femme de la course, qui fait désormais route vers le cap Saint-Vincent.