
C’était la grande question de ces derniers jours : quand les solitaires de la Transat Bretagne – Martinique vont-ils mettre le clignotant à droite ? Et bien c’est désormais chose faite. Hier soir, vers 21 heures, la tête de course à incurvé sa route vers la droite. Aujourd’hui, elle progresse sous spi à bonne vitesse, en direction des Antilles, et entame ainsi une longue navigation tribord amure.
C’est une nouvelle phase de la course qui s’ouvre ce mercredi. « Jusqu’ici, nous étions dans un régime similaire à celui que l’on peut avoir lors d’une Solitaire du Figaro : à fond dessus. A partir de maintenant, nous rentrons dans un régime plus régulier. Les cycles de sommeil vont s’allonger un peu. Ce sera un régime, disons, plus stratégique », commentait Erwan Tabarly, ce matin à la vacation officielle. Aux commandes de la flotte au sud, le skipper d’Armor Lux – Comptoir de la Mer a logiquement été le premier à mettre un peu d’ouest dans sa route, dans la soirée d’hier, avant d’être imité progressivement par ses concurrents. « Il n’y a pas d’autre choix, pour le moment, que de s’aligner dans son axe. Hier, les fichiers disaient de passer plus au sud et aujourd’hui ils annoncent que c’est mieux plus au nord. C’est donc très incertain. Seule solution : attendre un peu et privilégier la vitesse » expliquait Fabien Delahaye (Skipper Macif 2012), dans la matinée. Même constat pour Gildas Morvan (Cercle Vert), qui décortique chaque nouveau fichier qui tombe. « Si pour l’instant, c’est tout droit, d’ici peu il faudra parier sur l’avenir et jouer son placement pour l’arrivée en Martinique », indiquait le géant de Landéda. Abattre ou lofer, c’est en effet l’enjeu de ces prochains jours. Le but ? Créer des écarts en latéral et miser sur le meilleur angle d’arrivée possible sur l’arc Antillais.
Mieux pour les premiers
Dans l’immédiat, on l’aura compris, le but pour les uns et les autres est de faire avancer au mieux la machine. Malheureusement, tous ne sont pas logés exactement à la même enseigne. « Plus les gars sont au sud, plus ils ont du vent et cela devrait encore durer comme ça pendant 24 ou 48 heures » déplorait Adrien Hardy (Agir Recouvrement) ce matin. C’est un fait, les leaders cavalent dans un flux de nord-est bien établi - entre 18 et 22 noeuds - au large du Sahara Occidental et affichent des vitesses à deux chiffres tandis que plus à l’arrière, le benjamin de la course, Corentin Horeau (Bretagne – Crédit Mutuel Espoir) n’avance plus qu’à 4 nœuds le long des plages marocaines. Aujourd’hui, il est donc moins rapide que ses camarades de jeu au nord-ouest. Damien Guillou (La Solidarité Mutualiste) et Arnaud Godart Philippe (Régates Sénonaises) qui eux, pour le coup, avancent plutôt bien, à l’heure actuelle. Sous spi qui plus est. Mais en ce qui les concerne, le passage le plus délicat reste à venir. « Demain après-midi, nous allons passer très près de l’anticyclone, sur sa bordure. Il faudra bien doser sa route pour ne pas tomber dedans et se retrouver sans vent. Ce sera là toute la clé de notre option » a avoué Damien Guillou.