
Ces derniers jours, on le prédisait. Cette fois, c’est fait : les sudistes ont pris l’ascendant sur les nordistes. Et pour cause, les premiers - toujours sous l’influence d’un régime d’alizés avec des vents de nord-est d’une quinzaine de nœuds – continuent de progresser à bonne vitesse pendant que les seconds sont peu à peu ralentis à l’approche de l’anticyclone qu’ils sont obligé de contourner pas l’est, ce jeudi.
Alors qu’il occupait la tête du classement –établi par rapport à la distance au but – depuis le 20 mars dernier, Damien Guillou (La Solidarité Mutualiste) a cédé les commandes de la flotte à Erwan Tabarly (Armor Lux – Comptoir de la Mer) au pointage de 9 heures ce jeudi. Cela n’est cependant pas vraiment une surprise puisque, depuis un moment déjà, les routages donnaient l’avantage aux partisans du sud. Et pour cause, bien que ces derniers aient considérablement rallongé leur route en plongeant plein sud le long des côtes Africaines pour faire le tour de l’anticyclone, ils ont indéniablement profité de plus de pression que leurs adversaires. Aussi, plusieurs jours, qu’ils affichent des moyennes oscillant entre 8 et 11 nœuds pendant que leurs camarades de jeu, au plus près de la haute pression, avancent à 5 ou 6 nœuds. « C’est vrai, c’est un peu mou, mais surtout, on continue de faire du sud au lieu de gagner dans l’ouest, en direction de la Martinique » indiquait Arnaud Godart Philippe (Régates Sénonaies), tout à l’heure. « On devrait voir le bout du tunnel demain en fin de journée » espère, pour sa part, Damien Guillou. « Ce qui serait bien, c’est que l’on parvienne à conserver le petit vent de 6-8 nœuds que l’on a actuellement. Cela nous permettrait de nous sortir d’affaire plus vite ».
Les préoccupations sont bien différentes, 300 milles plus au sud, pour le reste de la flotte qui bénéficie ce matin de belles conditions de navigation. « En début de nuit, c’était encore assez instable mais depuis quelques heures, c’est mieux établi, la mer est aussi plus calme. Le bateau est bien calé. C’est sympa » annonçait Gildas Morvan, ce matin à la vacation officielle. Malgré tout, pour le skipper de Cercle Vert, les choix – s’ils sont différents - ne sont pas beaucoup plus nombreux que pour les copains au nord. « A l’heure actuelle, nous n’avons pas d’autres solutions que de faire du tout droit et de nous suivre les uns les autres. Néanmoins, d’ici peu, le vent va adonner. Par conséquent, le jeu va s’ouvrir un peu » promet-il. Propos identiques du côté d’Anthony Marchand. Le skipper de Bretagne – Crédit Mutuel Performance, qui compte actuellement une petite centaine de milles de retard, s’est légèrement décalé dans le nord mais sait qu’il n’y aura rien à réellement tenter avant plusieurs jours : « L’Atlantique, c’est grand et pourtant, en ce moment, il n’y a aucune option possible ». Pas mieux pour Yoann Richomme (DLBC – Module Création) : « Aujourd’hui, notre route est dictée par le vent uniquement ». A bord des Figaro Bénéteau 2, puisqu’il faut privilégier la vitesse, chacun essaye de faire avancer la machine au mieux. « On passe du temps à la barre, surtout la nuit parce que l’alizé est généralement plus fort, qu’il y a un peu plus de mer et qu’on peut jouer à surfer les vagues ». Chaque mille est donc durement gagné. Vivement que le vent tourne à l’est, que les jeux des empannages et des décalages en latitude débutent. « Les stratégies s’affinent. Tout devient de plus en plus précis. Ca ne va pas tarder à attaquer ! ». C’est le géant de Landéda, positionné actuellement à une grosse centaine de milles seulement de Santo Antao, l’île la plus nord de l’archipel du Cap Vert, qui le dit.