Alain Gautier : « le Vendée Globe doit garder son esprit »

Course au large
Par Figaro Nautisme

Le vainqueur de l’édition 1992 – 1993 du Vendée Globe, Alain Gautier, a remis un rapport que lui avait commandé la Société organisatrice du Vendée Globe (la SAEM Vendée) au sujet de l’avenir de la plus connue des courses autour du monde à la voile en solitaire.

Le vainqueur de l’édition 1992 – 1993 du Vendée Globe, Alain Gautier, a remis un rapport que lui avait commandé la Société organisatrice du Vendée Globe (la SAEM Vendée) au sujet de l’avenir de la plus connue des courses autour du monde à la voile en solitaire.

Son avis sera forcément écouté. En tant qu’ancien vainqueur du Vendée Globe (en 1992 – 1993), vainqueur de la Solitaire du Figaro 1989, marin émérite et actuel consultant sécurité du Vendée Globe, Alain Gautier peut émettre ses savants conseils au monde de la voile sans rougir. La SAEM Vendée, société organisatrice du plus grand évènement de la classe IMOCA qu’incarne le Vendée Globe, lui a commandé un rapport portant sur deux points cruciaux de l’avenir de la célèbre course : l’esprit et la viabilité. Figaro Nautisme a recueilli les premiers témoignages du marin.


Figaro Nautisme : Quel regard portez-vous sur le débat de la monotypie de classe IMOCA ?
Alain Gautier : Je trouve qu’il faut avant tout dépassionner le débat qui avait atteint un pic il y a un an entre les coureurs autour de la question du pour ou contre la monotypie.


Que préconisez-vous pour le futur Vendée Globe ?
Je pense qu’il faut se poser la question de la viabilité de la course dans le temps tout comme celle de la classe IMOCA. Est-ce que la classe et la course ont le même objectif ? Je ne sais pas, j’ai essayé d’y répondre dans le rapport mais ce qui est évident c’est qu’il revient aux coureurs de décider tout en tenant compte de l’avis de la SAEM Vendée qui a son mot à dire car c’est le Vendée Globe qui capte l’essentiel de l’intérêt de l’IMOCA, sans cette course la classe ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui.
 

Êtes-vous pour ou contre une monotypie sur le prochain Vendée Globe ?
Je trouve qu’il faut avant tout préserver l’esprit du Vendée Globe. Je ne peux pas dire que je suis pour ou contre la monotypie car ce n’est pas aussi simple que ça et l’année dernière le côté passionnel du sujet a été un frein au débat.

La monotypie permettrait-elle de réduire les coûts ?
L’aspect économique est évidemment à prendre en compte mais la SAEM se focalise davantage sur l’esprit et l’accessibilité. Il est vrai que les prototypes actuels coûtent chère mais ils emploient aussi beaucoup de personnes, ce que les monotypes ne feraient pas. Rester sur la solution actuelle permettrait de garder des emplois mais ce n’est pas l’essentiel, il faut vraiment se focaliser sur ce que l’on souhaite pour l’avenir du Vendée Globe et de la classe.


Que dévoile ce rapport que vous avez rédigé pour la SAEM Vendée ?
Je suis très mesuré dans mon rapport, j’ai approché la question de l’avenir avec pragmatisme en m’appuyant sur des chiffres. On a comptabilisé 22 bateaux en enlevant les 2 anciens bateaux de ce Vendée Globe qui ont été fabriqués en 1998 et ceux qui n’ont pas courus. De 2004 à 2012 il y a eu 22 IMOCA construits, c’est un très beau plateau auquel pourrait s’ajouter trois nouveaux bateaux en 2013 dont celui de Nandor Fa. Mais attention à ne pas tout casser ! Ma crainte principale vient du projet IODE de l’IMOCA qui voudrait intégrer un monotype en même temps que les anciens IMOCA. C’est un gros risque qui promettrait de très chaudes réunions puisqu’il faudrait alors réfléchir à un nivellement. Les anciens IMOCA devraient alors garder une vitesse inférieure aux nouveaux monotypes. Ce projet pourrait faire naitre un casse-tête visant à ne pas favoriser l’un ou l’autre bateau.


Le Vendée Globe doit-il s’inspirer de la Volvo Ocean Race ?
La Volvo n’avait que six prototypes de 70 pieds en course, les ports d’accueil des étapes de la course ont été un peu lésés par l’organisation qui pensait avoir plus de bateaux inscrits au départ. La Volvo Ocean Race n’a pas le même problème que le Vendée Globe car elle est propriétaire de l’évènement dans son ensemble, elle contrôle tout, des bateaux à la jauge en passant par l’aspect financier. Leur décision de passer sur une monotypie a été motivée par l’escalade des coûts de la dernière édition et le faible nombre de bateaux à prendre part au départ. Nous verrons dans le futur si cette solution aura été la bonne mais en attendant les propriétaires des monocoques de la dernière édition se retrouvent avec des bateaux bons à jeter pour la prochaine course. Il n’y aura donc pas de petites équipes possibles pour la prochaine édition car il n’existe pas de bateaux d’occasion à ce jour. Pour l’IMOCA il est impensable de prendre le même virage radical que la Volvo car la flotte est telle que trop de bateaux se retrouveraient obsolètes d’un coup.
 

 

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Nathalie Moreau
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Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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