
Soigner la conduite du bateau, aller le plus vite possible et anticiper au mieux la suite : voilà les préoccupations actuelles des solitaires de la Transat Bretagne – Martinique. Et pour cause, les options sont limitées puisque le vent souffle toujours en nord-est.
L’avantage de cette situation c’est que les vitesses de progression sont bonnes – supérieures à 9 nœuds en moyenne – mais nombreux sont les coureurs qui attendent impatiemment que le vent tourne plus à l’est pour que s’ouvre le jeu des empannages et des décalages en latitude.
« Au niveau stratégique, ce n’est pas très ouvert pour l’instant. Il faut s’appliquer à la conduite, ce n’est pas plus compliqué que ça. C’est vrai qu’il y a des petites bascules du vent jusqu’à 30° mais comme on est sur un très bon bord de rapprochement tribord, il vaut mieux se concentrer sur les réglages du bateau plutôt que sur l’opportunité de faire des empannages » lâchait Fabien Delahaye (Skipper Macif 2012), ce vendredi matin à la vacation. C’est un fait, les concurrents n’ont pas d’autres choix que de suivre le vent et de soigner leurs trajectoires. Certains comme Adrien Hardy avouent passer beaucoup de temps à la barre. « Quand le vent est assez instable, le pilote automatique est moins efficace que nous dans les surfs de vagues et une différence d’angle de 3 ou 4° ici ou là permet de grappiller des bouts de milles » a expliqué le skipper d’Agir Recouvrement, qui évalue toutes les quatre heures les gains ou les pertes sur son adversaires le plus proche, Yoann Richomme (DLBC – Module Création). Autant le dire, le Lorientais est loin d’être le seul à décortiquer chaque nouveau pointage. Gildas Morvan, 2e ce vendredi à bord de Cercle Vert, ne s’en cache pas d’ailleurs pas : « C’est que qui rythme nos journées et la première chose que je regarde quand je reçois un nouveau classement, ce sont les vitesses de mes concurrents ».
Si l’analyse des positions, des caps et des VMG (vitesses de rapprochement au but) occupe bien les marins, celle de la météo est intense, elle aussi, comme l’explique Erwan Tabarly (Armor Lux – Comptoir de la Mer), solidement accroché à la place de leader avec une quarantaine de milles d’avance : « On passe du temps à la table à carte surtout qu’à présent, on est en mesure de faire des routages jusqu’à Fort-de-France puisqu’on est à moins de dix jours de l’arrivée. Cela permet d’avoir une idée du schéma général du reste de la course ». De fait, c’est essentiellement la stratégie à long terme qu’il faut préparer et anticiper puisque dans l’immédiat, il n’y a pas réellement de coups à jouer même si l’on peut observer quelques légers décalages entre les uns et les autres. « Pour l’instant, ils ne sont pas très importants. Pas significatifs » a rappelé le meneur de jeu. Les positions ne devraient donc pas évoluer beaucoup d’ici à la fin de la semaine sauf peut-être à l’arrière de la flotte puisque la grande question du jour, ce vendredi, est : Damien Guillou (La Solidarité Mutualiste) et Arnaud Godart Philippe (Régates Sénonaises) - qui sont enfin sortis d’affaire après avoir longé la bordure de l’anticyclone - parviendront-ils à croiser devant Simon Troël (Les Recycleurs Bretons) et Corentin Horeau (Bretagne – Crédit Mutuel Espoir) ? Réponse en milieu de nuit. Une autre interrogation subsiste aujourd’hui concernant Eric Baray (Tektôn – AGM – Région Martinique), décidément bien malchanceux avec ses pilotes automatiques : s’arrêtera t-il ou non faire une nouvelle escale technique, à Santa Cruz de Tenerife cette fois, pour solutionner son problème ? Affaire à suivre.