
Il s’étale puis se rétracte… l’anticyclone des Açores ne sait pas bien ce qu’il veut, et son évolution chaotique engendre des variations de pression sur la route des solitaires de la Transat Bretagne – Martinique. En conséquence, ces derniers doivent composer avec des vents très changeants, aussi bien en force qu’en direction. Plus que jamais, l’heure est aux réglages.
« En ce moment, sur l’eau il y a du micro jeu. Pour nous, terriens, ce n’est pas forcément significatif mais pour les marins, c’est beaucoup de travail. Ils jouent probablement toutes les bascules comme ils le feraient sur un parcours de type « banane ». Le but ? Tendre leurs trajectoires au mieux, même si les oscillations du vent sont infimes. Car il ne faut pas se tromper : à l’échelle de l’Atlantique, elles sont très importantes, notamment pour le positionnement à l’arrivée sur l’arc Antillais » analyse Gilles Chiorri, Directeur de course de cette Transat Bretagne - Martinique. C’est un fait, à bord des Figaro Bénéteau 2, on s’active pour tirer parti de la moindre petite variation du vent. Un vent qui se révèle bien instable ces dernières heures puisqu’après être monté jusqu’à 20-25 en première partie de nuit, il a molli tôt ce matin autour de 10-15 nœuds. Pire, il est aussi très capricieux en direction et les oscillations de 30° ou 40° ne sont pas rares.
Il faut donc se concentrer sur les réglages des machines. « C’est beaucoup de boulot. Il faut être dessus constamment sinon le bateau fait des zigzags » a indiqué Erwan Tabarly, ce matin à la vacation. Pas mieux du côté de Cercle Vert. « Ca bouge tout le temps. Le vent adonne puis refuse en permanence. En plus de ça, la houle est forte et à bord, on a un peu l’impression d’être dans un « shaker ». C’est assez dur » commentait en effet, Gildas Morvan, satisfait par ailleurs, que le jeu des empannages s’ouvre doucement. « Petit à petit, les choses vont devenir moins statiques et la bagarre va commencer. Les bascules sont suffisamment importantes pour que l’on tente de les exploiter. » a-t-il mentionné. C’est d’ailleurs ce qu’il a fait, cette nuit à l’inverse du leader de la flotte. Erwan Tabarly, décalé 20 milles plus au sud que son dauphin, hier, a préféré rester toute la nuit en tribord amure. Par conséquence, aujourd’hui, le skipper d’Armor Lux – Comptoir de la Mer se retrouve calé strictement dans le même axe que Gildas Morvan et Fabien Delahaye (Skipper Macif 2012) - toujours bénéficiaire d’une quarantaine de milles d’avance.
Reste que, depuis peu, le jeu des empannages a débuté pour lui aussi. Et s’il semble privilégier le sud, d’autres, à l’inverse, ont clairement choisi de se décaler plus au nord. C’est notamment le cas d’Anthony Marchand (Bretagne – Crédit Mutuel Performance), de Damien Guillou (La Solidarité Mutualiste) et d’Arnaud Godart Philippe (Régates Sénonaises). Pour ces deux derniers, rien de réellement étonnant cependant. « Vu d’où j’arrive, je n’ai aucune raison de ne pas tenter de jouer un décalage au nord et j’espère que cela me sera profitable à l’atterrissage sur les Antilles » a expliqué le skipper du bateau jaune et bleu qui peut se satisfaire, aujourd’hui, d’avoir réussi à garder son avantage au classement sur Simon Troël (Les Recycleurs Bretons) et Corentin Horeau (Bretagne – Crédit Mutuel Espoir), après son option nord. A noter, par ailleurs, qu’Eric Baray est arrivé ce matin, peu avant 10 heures, à Las Palmas, sur l’île de Grande Canarie. Avec l’aide un technicien, il va tenter de réparer ses pilotes automatiques. A suivre donc.