
Hier soir, à 21h48, Morgan Lagravière a été le premier à franchir la ligne d’arrivée de la 11e Solo Arrimer. Le skipper du Figaro Bénéteau aux couleurs de la Vendée s’est imposé au terme de 34 heures de course intense dans des conditions difficiles, devant Thierry Chabagny (Gedimat) et Yann Eliès (Groupe Quéguiner – Leucémie Espoir), respectivement 2e et 3e.
Un jour 9 heures 40 minutes et 43 secondes : c’est donc le temps qu’il aura fallu à Morgan Lagravière pour boucler le parcours de la 11e édition de la Solo Arrimer, réduit, rappelons-le, à 305 milles en raison des mauvaises conditions météo. Hier notamment, les 26 concurrents ont dû composer avec le froid et la pluie mais aussi et surtout des rafales de vent jusqu’35 nœuds et une mer forte. « Il fallait être capable de rester vissé la barre, sous la flotte et les embruns. Du coup, mentalement il fallait vraiment être dedans pour parvenir à faire avancer le bateau. C’était à la fois difficile et indispensable pour figurer en haut du tableau » a indiqué Yann Eliès, ce matin. Et pour cause, le parcours entre les îles de Ré, Yeu et Belle-Ile n’offrait pas véritablement d’options ni de coups à jouer. L’essentiel était donc d’aller vite. « Les seules choses qui permettaient de faire un peu la différence étaient le niveau d'engagement, le temps passé à la barre et l'ajustement des trajectoires » a ajouté le skipper de Groupe Quéguiner – Leucémie Espoir. Un avis partagé par le vainqueur de l’épreuve. « C’était un sprint. Il s’agissait de faire marcher le bateau plutôt que de se creuser la tête. C’est le genre de configuration que j’apprécie. A partir du moment où il y a des vagues, je me sens mieux que les autres. J’ai moins d’expérience en météo mais pense savoir faire avancer très vite mon bateau dans ce type de conditions » a commenté le jeune Réunionnais, qui avouait, par ailleurs, ne pas avoir dormi du tout durant l’épreuve.
Une concurrence redoutable
Ne pas dormir, voilà sans doute la raison qui lui a permis de rattraper puis de doubler, hier à la mi-journée, le tandem Chabagny – Eliès. A moins que ce ne soit parce qu’il a été le premier à envoyer son solent quand le vent a fraîchi qu’il a réussi à recoller au score. Toujours est-il que cette fois, il a été le plus fort. « C’est un extraterrestre ! C’est un garçon méticuleux, très bon barreur avec beaucoup de talent. Il nous a mis un caramel en nous collant deux miles en deux heures » a raconté Thierry Chabagny, pas mécontent, cependant, de sa performance. Faut dire, il a de quoi. « Lors de ces 36 heures de course, on a pu constater que les principaux acteurs de série étaient présents et que des gens comme Jérémie Beyou (Maître Coq) et Armel Le Cleac’h (Banque Populaire), qui reviennent sur le circuit, sont, eux aussi, parfaitement dans le match. Idem pour Michel Desjoyeaux (TBS), même s’il a été un peu en retrait (13e). Il ne faut pas oublier qu'il n'a remis son bateau à l'eau que la semaine dernière et que pour lui, c'est une vraie reprise. On sait tous qu'il a une sacrée expérience et qu'on le verra aux avant-postes lors de la Solitaire » a précisé Yann Eliès. Pour lui comme pour ses adversaires, jauger la concurrence était l’un des objectifs de cette Solo Arrimer. Bilan : personne n’a déçu. Conséquence : la bagarre promet d’ores et déjà d’être belle, en juin prochain. Même topo chez les bizuths. Cette fois, aux Sables d’Olonne, c’est le jeune Britannique Jack Bouttell (Artemis 77) qui est arrivé en tête. En se positionnant 16e au général, 1h10 après le vainqueur, il a devancé Ed Hill (Artemis 37) et l’irlandais David Kenefick (Full Irish) mais ces deux là et les autres n’ont pas dit leur dernier mot. L’été sera chaud !