
Après les JO de Londres, la championne de match racing a décidé de changer d’univers et de poser ses yeux vers le large. Elle revient pour nous sur une première saison éprouvante en Figaro.
Vendredi 11 octobre, avant-dernier jour de la Generali Solo. En s’approchant des voiliers qui courent leur troisième manche du jour, les jurons se font de plus en plus fréquents, les corps souffrent. « Pour moi, la Generali Solo est plus physique que la Solitaire, confirme Claire Pruvot. Il y a des régates très physiques dans le vent, comme ce vendredi, et de nombreuses phases de transition rudes pour les nerfs. Il faut s’adapter sans cesse et c’est vraiment énergivore. » Mais elle s'attendait à vivre une dernière course exigeante. « Déjà en voyant la liste des participants, je savais que le niveau serait forcément très élevé et qu’il serait difficile d’être dans le match, précise-t-elle. Il fallait que je me prépare pour que cela ne m’affecte pas. » Au final, elle termine sur une belle note positive en se classant 10e sur une manche sétoise et troisième du classement bizuth pour le championnat élite de course au large en solitaire. « J’ai accumulé énormément d’heures de navigation cette année », rappelle Claire Pruvot qui a enchaîné les entraînements à Port-la-Forêt, les courses en Figaro mais aussi le Tour de France à la voile. « Il faut maintenant que je prenne le temps de digérer tout cela », assure-t-elle en rappelant que le retour au port ne rime pas forcément avec vacances.
Une vague rose et blanche
Avec son bateau rose pimpant et son sourire à toute épreuve, Claire Pruvot a séduit un large public. Elle se souvient avec émotion de son départ de Port-La-Forêt pour Bordeaux, avant la Solitaire - « Je me suis retournée vers la baie où j’avais la sensation d’avoir grandi dans une famille de la voile et je me suis dit : cette fois ci, ça y est, je suis toute seule dans le grand bain » - mais elle ne se doutait pas encore de l’extraordinaire engouement médiatique qui l’attendait sur les pontons bordelais. « J’ai eu plus de soutiens que lors de ma préparation olympique ! s’étonne-t-elle encore. J’ai eu des nouvelles de beaucoup de personnes que je n’avais pas vues depuis longtemps. » Un soutien réconfortant pour cette saison éprouvante. « Comme dans l’olympisme, il faut aller chercher des ressources qu’on ne soupçonne pas forcément. J’ai vraiment eu la sensation d’aller au bout de ce que je pouvais faire. Il y a eu des moments de doute. Je ne dirais pas de détresse mais de fatigue intense. » Mais un soutien souvent paradoxal. « Il y avait un décalage avec mes performances sportives. Je pouvais arriver en dernière position et tout le monde me félicitait ! »
Une marche à grimper
« Je sais que j’ai trop la tête à l’intérieur, analyse Claire Pruvot. Mais si les meilleurs du circuit peuvent prendre le temps de regarder à l’extérieur pour penser leur stratégie, c'est que leurs manœuvres sont parfaitement maîtrisées. Moi je suis encore dans une phase où je vois bien ce que je dois faire mais je n’arrive pas forcément à le gérer en pratique. » La championne de match-racing se sent maintenant plus à l’aise au large. « C’est surtout parce que j’ai dû mal à gérer les phases de contact en solitaire sur un bateau plus grand que ceux que je connaissais, explique-t-elle. J’ai gagné en confiance au fil de la saison mais il va falloir que j’en mange encore ! » La jeune navigatrice a donc déjà les yeux tournés vers son centre d’entraînement de Port-La-Forêt et la tête occupée par son projet de Transat AG2R qui partira le 6 avril 2014 de Concarneau. « Mais je cherche encore des financements », précise-t-elle dans un sourire. Le voilier Port de Caen Ouistreham doit entrer en chantier hivernal courant novembre.
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