
Remplaçant d’Armel Le Cléac’h sur le dernier Vendée Globe, Christopher Pratt, qui s’alignera sur la Transat Jacques Vabre aux côtés de Jérémie Beyou à bord de Maître CoQ, rêve aujourd’hui de prendre le départ de la circumnavigation en solitaire, sans escale et sans assistance en 2016.
Depuis ses premiers bords à Marseille en 1987, Christopher Pratt a gagné année après année ses galons de navigateur pour devenir aujourd’hui un marin chevronné. Si aujourd’hui, il rêve de Vendée Globe, cela n’a pas été toujours le cas.
« Le Vendée Globe n’est pas un rêve de gosse. Quand j’ai fait la Route du Rhum en 2010, je n’y pensais pas vraiment, je n’étais pas prêt », nous confie-t-il. Entré dans le Team Banque Populaire en 2011, il enchaîne les navigations avec Armel Le Cléac’h, et s’entraîne avec lui en vue du Vendée Globe. C’est à ce moment là que le déclic se fait. « J’ai fait la préparation du Vendée Globe avec Armel. On a beaucoup navigué ensemble. J’ai accepté d’être le skipper remplaçant. Ce n’est pas quelque chose d’anodin. Quand on accepte de jouer le rôle de remplaçant, il faut être sûr d’avoir envie de le faire, car on peut être amené à partir pour trois mois du jour au lendemain, poursuit-il. Cette envie s’est renforcée pendant la course. Quand tu vois la course d’Armel et de François, que le Vendée Globe s’est transformé pour eux en une régate géante autour du globe, tu n’as qu’une envie, c’est d’y être. Et puis aujourd’hui, je me sens prêt, je rêve de ça, je ne pense qu’à ça. Je sens que c’est le bon moment sur le plan sportif mais également familial et personnel ».
Cette envie, Christopher Pratt essaie désormais de la communiquer à un ou plusieurs sponsors, qu’il espère embarquer sur le prochain Vendée Globe. « L’envie ne suffit pas, mais parfois, elle peut faire la différence. François Gabart le voulait plus que les autres, il avait cette énergie qui peut faire pencher la balance, et son envie a été communicative. S’il n’avait pas eu cette volonté débordante de faire la course, peut être que MACIF ne se serait pas engagé sur le Vendée Globe. Il faut qu’il y ait une grosse part de motivation pour donner aux gens l’envie de te suivre dans ton rêve, avance le skipper marseillais. Mon but est de monter le projet le plus ambitieux possible sur le plan sportif. Maintenant, le temps passe et je commence à me dire que même si le projet n’est pas complètement fidèle à mes rêves, j’irais quand même ».
Projet gagnant ou pas, Christopher Pratt n’a qu’une idée en tête, être aux Sables d’Olonne en 2016. « Je me donne les moyens de réaliser mes rêves, mais certains sponsors n’ont pas l’envie ou les moyens de jouer la gagne. Et puis partir dans des conditions qui ne sont pas optimales, c’est toujours mieux que de rester à terre. On n’apprend rien à rester chez soi ». C’est dans cette optique qu’il a créé la société MarSail avec Dimitri Deruelle. « On propose notamment des séminaires aux entreprises, du team building. On travaille avec des coachs d’entreprise. C’est intéressant intellectuellement parlant, et cela nous permet de rencontrer les décideurs dans un cadre privilégié. C’est un bon moyen de se créer du réseau, et de montrer que l’on n’est pas assis sur une chaise à attendre que les sponsors viennent », ajoute-t-il.
Marseillais d’origine, il espère pouvoir bâtir un projet régional. « J’ai à cœur de réussir à faire ce projet à Marseille avec des sponsors locaux, et pourquoi pas de construire le bateau à La Ciotat. Cela dit, je ne suis pas du tout fermé aux entreprises extérieures à la région ». Pour concrétiser son projet, Christopher Pratt table sur un budget d’environ 2 M€ par an. « Plus on part tôt, plus on se donne des chances de gagner. L’idéal serait de démarrer avant la Route du Rhum et de la faire avec un ancien bateau afin de mettre le pied à l’étrier, et de construire en parallèle un bateau performant, ou d’en racheter un après le Rhum, conclue-t-il. Je vais tout faire pour être au départ du Rhum, pour montrer que je suis là, même si ce n’est pas une condition sine qua non. Cela donne une bonne idée de ce qu’on peut vivre sur un Vendée Globe. Et puis la course offre un super retour sur un investissement, pour une mise de départ pas excessive ».