
Certains grands noms de la voile française, habitués à mener leurs propres projets, jouent sur la Transat Jacques Vabre le rôle de co-skipper de luxe. Un rôle différent mais tout aussi important qu’ils abordent avec autant d’envie que s’ils étaient les patrons à bord.
Ils seront nombreux sur la Transat Jacques Vabre à jouer le rôle de co-skipper de luxe. Parmi eux, Pascal Bidégorry (Safran), Michel Desjoyeaux (MACIF), Jean Le Cam (PRB), Yann Elies (FenêtréA Cardinal), Charles Caudrelier (Edmond de Rothschild), Kito de Pavant (Actual), ou encore Arnaud Boissières (Votre Nom Autour du Monde) pour ne citer qu’eux. Des marins forts d’une grande expérience à la barre de leurs propres montures qui viennent apporter leurs compétences et un œil extérieur aux projets auxquels ils sont associés.
Une pression moins forte
C’est avec moins de pression que ces équipiers de luxe aborderont la Transat Jacques Vabre, même s’ils ont tous la victoire en ligne de mire. « Je suis un peu plus concentré sur les préparations techniques et la performance du bateau que Marc. J’ai moins d’obligations que lui, sachant que je n’ai pas à gérer les relations avec le sponsor, même si je suis présent sur les opérations de relations publiques quand c’est nécessaire, ce qui est bien naturel, nous explique Pascal Bidégorry, co-skipper du monocoque IMOCA Safran. Je me suis occupé des derniers préparatifs ». Pas toujours simple de s’adapter au mode de fonctionnement d’un team bien en place quand on a dirigé soi-même une équipe. « En tant que pièce rapportée, on doit s’intégrer à une équipe existante, et s’adapter à une manière de travailler. Il faut être constructif. On n’est pas là pour changer la manière de faire les choses. Il faut trouver le bon dosage dans ce que l’on peut amener au projet. J’essaie d’apporter un plus à un système qui fonctionne déjà, pas de changer les choses, poursuit-il. Et puis j’ai moins de pression que Marc. J’essaie de m’organiser avec lui, de faire des listes de travail, de faire ce dont il n’a pas le temps de s’occuper ».
Même son de cloche du côté de Roland Jourdain, qui aurait dû s’aligner au départ de la course aux côtés de Jean-Pierre Dick. Malheureusement, le chavirage du MOD70 Virbac-Paprec 70, alors qu’ils s’entraînaient au large de Belle-Ile les prive de transatlantique. « En tant que skipper du bateau, Jean-Pierre doit gérer le projet, ce qui est lourd. En tant que co-skipper, j’amène la performance dans la bonne humeur. J’ai moins de pression que lui au quotidien. J’arrive juste pour donner le meilleur de moi-même, nous expliquait-il quelques semaines avant le chavirage. Mon rôle est également de déterminer les situations dans lesquelles on puisse être dans la douleur, de travailler sérieusement sans se prendre au sérieux ».
Du côté de Michel Desjoyeaux et de François Gabart, les rôles se sont inversés depuis la dernière fois qu’ils ont couru ensemble, sur le bateau de Michel Desjoyeaux. Pour autant, ce changement de « statut » ne change rien ou peu au mode de fonctionnement des deux hommes. « Ça ne change pas grand chose. À deux, on est dans une relation de co-équipiers sur un pied d’égalité. La seule chose qui change vraiment, au final, c’est que c’est bien moi qui suis redevable de la réussite du projet. J’ai envie de pouvoir rendre au groupe MACIF tout ce qu’il m’a apporté », souligne François Gabart. Un avis partagé par celui que l’on surnomme « le professeur » dans le milieu. « Pour moi, ce qui change, c’est que François a gagné le Vendée Globe, ce qui n’est pas rien ! Aujourd’hui, il connaît donc mieux son bateau que moi, car il l’a modelé à sa manière. Ce sera donc à moi de m’adapter ».