
Une nouvelle tempête automnale se prépare pour dimanche, jour du départ des monocoques.
« Nous avons tous le scénario de la Mini-Transat en tête », confirme Yann Eliès en rappelant que le départ de cette transatlantique en voiliers de 6.50 mètres, prévu à la mi-octobre, n’a été lancé qu’en début de semaine en raison d’un ballet tenace de dépressions. « D’autant que nous avons déjà vécu un report lors de la précédente édition », rappelle Jérémie Beyou, champion en titre avec Jean-Pierre Dick. Sur Maître Coq, le marin se prépare pour la baston en embarquant les pièces de rechange mais il ne souhaite pas trop se focaliser sur la dépression qui pointe le bout de ses isobares. « Il est vrai que pour l’instant cela s’annonce venté, surtout la première nuit », commente son co-équipier Christopher Pratt. Les fichiers prévoient 45 nœuds et 5 mètres de houle à la pointe bretonne. « Mais il est encore trop tôt pour s’en préoccuper. Et de toute façon, nous faisons confiance à la direction de course. » Pour les 20 ans de la Transat Jacques Vabre, les organisateurs ont choisi une course plus intense que jamais par son format : un parcours de 5.400 milles, soit le quart d’un tour du monde, à destination du sud de Brésil. « Lors des précédentes éditions, avec l’arrivée à Salvador de Bahia, le classement ne bougeait quasiment plus après l’entrée dans les Alizés, remarque Yann Elies, co-équipier d’Erwan Leroux sur FenetréA Cardinal. Cette fois-ci, les 400 derniers milles à partir de Rio et jusqu’à la ligne d’arrivée d’Itajaí pourront redistribuer les cartes. » D’autant que la zone s’annonce plus indécise en matière de précisions météo, sous l’influence des mers du sud. « Souvenez-vous lors du dernier Vendée Globe, rappelle Michel Desjoyeaux. La seule fois où les skippers se sont plaints des fichiers météos c’était en Amérique du Sud, sous le vent de la côte. » Le sprint sur l’Atlantique s’annonce donc haletant jusqu’à la ligne d’arrivée avec une flotte très homogène dans les quatre classes représentées. « Il faudra être hyper-vigilant, confirme Erwan Leroux. Je dirais que quatre des Multi-50 – Arkema-Région Aquitaine, Actual, Maître Jacques et FenêtréA Cardinal – sont tout à fait capable d’arriver sur la ligne d’arrivée avec moins de trois heures d’écart. » Les multicoques – Multi 50 et MOD70 – prennent un départ décalé en début de semaine prochaine pour arriver en même temps que les premiers Imoca au Brésil. Seuls les monocoques, Imoca et Class40, prennent donc le large ce dimanche.
Un plateau de choix pour le départ de dimanche
Un an après le départ du Vendée Globe, les quais du port du Havre ont comme un goût de Sables d’Olonne : dix des vingt bateaux de l’an passé se préparent activement. « Nous ne sommes pas très nombreux mais à défaut d’avoir la quantité, nous avons la qualité », observe Michel Desjoyeaux. Pour sa septième participation, il fera équipe avec le jeune vainqueur du Vendée Globe, François Gabart. Une équipe de choc qui attire tous les projecteurs. « Sur les dix bateaux au départ, quatre nous intéressent particulièrement », poursuit le Professeur en citant Safran, Maître Coq, PRB et Cheminées Poujoulat. Le skipper de ce dernier, Bernard Stamm, ajoute que Macif est le bateau qui a le plus changé depuis le Vendée Globe. « Mais il ne faut pas non plus sous-estimer les bateaux de génération précédente, nuance le plus breton des marins suisses. Le plateau est très relevé. » Contrairement au Vendée Globe, lors duquel son voilier manquait de préparation, Bernard Stamm, qui fait équipe avec son team manager Philippe Legros, est prêt pour la plus haute marche du podium.
Et aux côtés des longs monocoques, les Class40 arrivent en nombre pour un rush vers le Brésil qui s’annonce très disputé. « Il y a un grand favori, estime Yoann Richomme, sur ERDF – Des Pieds et des mains. Il s’agit de GDF-Suez, mené par Sébastien Rogues et Fabien Delahaye, qui a gagné cinq des six épreuves de préparation. Mais une dizaine d’autres bateaux récents jouent également le podium voire la victoire. » Parmi les tandems les plus féroces, Sébastien Rogues cite Mare, Campagne de France, Tales Santander 2014 et Concise 8. « Et il y a un paquet d’outsiders, précise le skipper de GDF-Suez. Le niveau général est monté d’un cran. » Sans oublier les duos d’amateurs éclairés venus vivre leur rêve d’Atlantique grâce au budget raisonnable de la Class40.