
Après deux reports, les concurrents de la Transat Jacques Vabre se sont élancés ce jeudi à 13 heures devant Le Havre. Les Class40, les plus petits monocoques de la flotte, devront toutefois s'arrêter en chemin à Roscoff pour laisser passer un coup de vent dans le golfe de Gascogne.
Enfin ! se sont écriés les skippers en sortant du briefing météo de ce mercredi, officialisant le départ tant attendu. « Nous piétinons un peu donc nous sommes contents d’y aller, commente Vincent Riou sur PRB. Malgré le report, l’excitation du départ reste là car cela fait longtemps que l’on prépare cela. » Cette fois-ci, la course est bien là. Pour les premières heures de course, les 44 duos profitent de conditions maniables en baie de Seine. Marc Guillemot, skipper de Safran, s'est même préparé pour un départ un peu mou. « En baie de Seine, nous devrions progresser sur un bord vers Barfleur puis dans un flux de sud-ouest un peu faible vers Cherbourg », analysait-il avant de larguer les amarres. « C’est plutôt bien pour rentrer dans le match, indique de son côté Philippe Legros, co-skipper de Bernard Stamm sur Cheminées Poujoulat. Cela nous laissera le temps de monter doucement en température. » Mais la flotte ne devra pas traîner en chemin car un dernier coup de vent fermera la série de dépressions qui secoue la France depuis la fin octobre.
Un nouveau coup de vent pour la route
Les conditions se durciront dès ce jeudi soir et un fort coup de vent est annoncé dans le golfe de Gascogne dans la nuit de vendredi à samedi. "Des variations peuvent encore renforcer la dépression qui s'annonce samedi prochain, observe Yves Le Blevec, skipper du Multi50 Actual. "Pour nous, en Imoca, les conditions resteront maniables", observe François Gabart sur Macif. Ces voiliers de 60 pieds sont taillés pour un tour du monde en solitaire comme le Vendée Globe. "Il faudra juste faire le dos rond. Plus en arrière, les Class40 risquent en revanche d'être plus malmenés." La direction de la course a donc prévu un arrêt à Roscoff pour les Class40. Elle évalue ce détour à environ six milles par rapport au parcours initial de 5 400 milles.
Damien Seguin, skipper du Class40 ERDF – Des pieds et des mains, ne souhaitait pas cet arrêt mais il en comprend la logique. "Cela va dans le sens des deux reports précédents car il y a un danger potentiel pour une partie de la flotte." Les marins devraient arriver ce vendredi et passer la nuit à quai. Aux côtés de Damien Seguin, Yoann Richomme aurait également filer droit vers le Brésil. "La situation est différente de celle de la semaine dernière, explique-t-il. Nous sommes maintenant sur une zone libre, le Golfe de Gascogne et non en Manche où nous étions entre les cargos d’un côté et la côte de l’autre. Il n’y a pas les dangers qui nous ont retardés les deux premières fois. » Mais les deux hommes ont décidé de voir le bon côté des choses en demandant sur les réseaux sociaux des conseils pour trouver "un bon resto". L'arrêt à Roscoff devrait durer 24 heures. Il ne concerne pas les multicoques Multi50 même si l'organisation a très longtemps hésité. Ces bolides risquent le chavirage au moindre incident aussi les skippers de cette classe ne partent pas la fleur au fusil. " Pour l'heure, il n'y a pas de neutralisation de course décidée. Nous en prenons acte, commente Erwan Le Roux, skipper de FenêtréA Cardinal. L'objectif premier dans ce type de conditions, c'est de garder l'intégrité du bateau."
Les bateaux les plus rapides, donc les multicoques MOD70, pourraient franchir la ligne d'arrivée au Brésil après une dizaine de jours de mer, suivis par les Multi50. Sur le monocoque Macif, François Gabart et Michel Desjoyeaux tablent sur une traversée en 17 jours environ. Le dernier vainqueur du Vendée Globe a même réussi à voir les reports successifs avec un regard positif: " Du fait des reports, il y a moins de monde ici au Havre, et c'est plus facile de rentrer dans sa bulle dans la perspective d'un début de course qui s'annonce très ouvert !" Les Class40 passeront de leur côté plusieurs semaines en mer. Lors de la dernière édition, le premier concurrent de cette flotte était arrivé après 21 jours de course... et il n'y avait pas d'arrêt en terres bretonnes sur le chemin.