
En stand-by à Brest depuis le 18 octobre dernier, Thomas Coville attend une fenêtre météo propice pour s’élancer sur sa nouvelle tentative de record autour du monde en solitaire en multicoque.
Quand on part sur une tentative de record, il faut s’armer de patience pour trouver une fenêtre météo favorable. Mardi dernier, les routages laissaient entrevoir une petite fenêtre pour ce jeudi, mais elle s’est rapidement refermée.
« Les modèles nous offraient des routages intéressants au départ de Ouessant le 7 novembre dans la soirée avec une route assez directe et un seul empannage pour nous emmener à l’Equateur en 168 heures. En revanche, nous étions encore assez loin du scénario idéal puisqu’il s’agissait d’un départ de nuit dans une mer forte et de quatre mètres environ, ce qui ne facilite pas les manœuvres de départ en configuration solitaire, explique Thomas Coville. Mercredi matin, le modèle européen refermait définitivement la fenêtre avec vents de nouveau au sud-ouest contraignant d’avancer au louvoyage entre Ouessant et le cap Finisterre et torpillant ainsi la vitesse moyenne vers l’Équateur ».
Si rien ne se profile pour le week-end, la cellule de routage, composée de Jean-Luc Nélias, Thierry Douillard et Thierry Briend, surveille les fichiers pour le début de semaine prochaine. « Un stand-by est toujours compliqué. La meilleure preuve est la mésaventure de Pascal Bidégorry avec le Maxi Banque Populaire V. Ce garçon qui est une vraie pépite, un perfectionniste-né n’a pas réussi à se décider à partir car il cherchait une fenêtre parfaite, mais elle n’existe pas, poursuit Thomas Coville. Il faut être capable de trouver un bon compromis. En partant de Brest, on arrive dans l’anticyclone de Sainte-Hélène au 17e jour de mer. Or, nous n’avons que les fichiers à 15 jours. On ne peut réellement savoir si l’anticyclone est bien qu’en passant l’Équateur. En partant tôt dans la saison, ça laisse la possibilité de revenir et de repartir. Ça nous est arrivé avec Groupama 3. On est parti tôt dans une fenêtre moyenne, reparti tard dans une fenêtre médiocre mais on a quand même battu le record ».
Une quatrième tentative de record autour du monde
C’est la quatrième fois que Thomas Coville tentera de battre le record du tour du monde en solitaire en multicoque après trois tentatives infructueuses. Malgré les échecs du passé, le skipper de Sodebo affiche une motivation intacte. « J’ai l’impression de ne pas avoir fini le job. Et puis j’aime toujours autant l’exercice de style de la navigation en solitaire, m’exposer, me confronter, cet engagement total et cette part de risque. Ça me met dans un retranchement qui est celui que je préfère, confie-t-il. De toute façon, tu ne peux pas partir sans avoir vraiment envie d’y aller. Un tel projet a un gros impact mental et physique ». Record ou pas, c’est toujours en multicoque que s’écrira l’avenir de Thomas Coville, à bord de l’ex-Geronimo d’Olivier de Kersauson. « Je n’ai pas envie d’être comme ceux qui sombrent après les jeux olympiques. Le jeu doit être plus fort que l’enjeu. Je construis cet événement à travers un projet qui continue après, quoiqu’il arrive. Je le vis à 200% mais j’ai passé le stade où ce record est seulement un graal. Je trouve ça plus constructif ».