
Ce mercredi matin, la flotte de la Transat Jacques Vabre file à haute vitesse, que ce soit le long des côtes portugaises pour les Class40, à la latitude des Canaries pour les Multi50 et les Imoca, ou à l’approche du Pot-au-Noir pour les MOD70. Mais la vigilance est de mise car grains et bascules sont au menu du jour.
Depuis quelques heures, le vent est rentré assez fort le long des côtes portugaises. C’est en effet avec une bonne brise de nord-est, soufflant entre 28 et 32 nœuds avec des rafales approchant les 40, que les 25 Class40 toujours en course composent désormais. Et comme la mer s’est durcie, il faut adapter la voilure en conséquence. Voila qui confine à l’équilibriste pour éviter une sortie de piste pénalisante, mais qui n’empêche pas les bateaux de tête, GDF-Suez (Sébastien Rogues – Fabien Delahaye) et Mare (Jorg Riechers – Pierre Brasseur) de naviguer pied au plancher. Pour preuve, le leader de la flotte avouait ce mercredi matin avoir « claqué » le record de vitesse de son bateau avec une pointe à 24 nœuds. Et la stratégie dans tout ça ? Elle est plutôt simple puisque les duos sont sur un très long bord bâbord amure qui pourrait durer jusqu’au Cap-Vert. A noter par ailleurs le retour aux affaires de 11th Hour Racing. Hannah Jenner et Rob Windsor sont repartis de Lorient peu avant minuit, après avoir réparé leur étai.
Jouer les bascules
Chez les Imoca, le passage, ce mardi en fin de journée, de l’archipel de Madère a finalement réservé quelques surprises. Le jeu de la chaise musicale continue donc, pour le plus grand bonheur des observateurs. C'est désormais Cheminées Poujoulat (Bernard Stamm – Philippe Legros) qui pointe en tête. Car s'il est parvenu à éviter le dévent des îles, il semble que PRB (Vincent Riou – Jean Le Cam) et même Macif (François Gabart – Michel Desjoyeaux), malgré ses deux empannages pour tenter de gagner dans l’ouest, aient subi quelques perturbations. Reste que dans cette zone, le vent est de toutes les façons très instable en cette période, puisqu’il bascule de 30 à 40° et varie entre 12 et 20 nœuds. Idem pour ceux plus au large, comme Safran (Marc Guillemot – Pascal Bidégorry) et Maître Coq (Jérémie Beyou – Christopher Pratt) qui n’ont étonnement pas bénéficié de leur trajectoire plus à l’ouest cette nuit. Dans ces conditions, il faut régulièrement renvoyer de la toile, puis réduire, et constamment régler la télécommande du pilote automatique. Pas si simples les alizés… Et ce ne sont pas les Muli50 qui diront le contraire car pour eux aussi, le vent est loin d’être aussi constant que prévu. Les rafales alternent donc avec les molles. FenêtréA-Cardinal (Erwan Le Roux – Yann Eliès) en a d’ailleurs fait les frais tôt ce mercredi matin. Piégé sous un gros nuage, il s’est même retrouvé au près pendant un temps, concédant ainsi quelques milles à son adversaire, Actual (Yves Le Blevec – Kito de Pavant).
Un temps canon à l’équateur ?
Plus en avant, à la latitude du Cap Vert, les alizés sont heureusement plus établis, ce qui permet aux deux MOD70 qui ont franchi la mi-parcours (2 700 milles) la nuit dernière, de glisser à près de 30 nœuds. Mais ils le savent, dès ce mercredi après-midi, ils vont nettement ralentir puisqu’ils vont entrer dans le Pot-au-Noir, la zone de convergence inter tropicale, qui se révèle particulièrement active en ce moment. Elle est aussi très étendue puisqu’elle s’étale sur plus de 300 milles de large. Pas facile de prévoir l’heure de sortie d’Edmond de Rothschild (Sébastien Josse – Charles Caudrelier) et d’Oman Air-Musandam (Sidnet Gavignet – Damian Foxall), mais il se pourrait bien qu’ils franchissent l’équateur après moins d’une semaine de course. Un temps canon. Affaire à suivre donc.
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Le Blog de Fabrice Amedeo, plume du Figaro Nautisme et concurrent de la Transat Jacques Vabre